Contre la hausse de la contribution sociales généralisée(CSG) et le coup de rabot sur les pensions prévu l’an prochain, les retraités sont à nouveau appelés à manifester « massivement » jeudi contre les choix budgétaires du gouvernement.
Jamais trois sans quatre : après les journées d’action de septembre 2017, mars et juin 2018, neuf syndicats et associations de retraités (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, FGR, LSR et UNRPA) relancent la « mobilisation générale » contre une politique qui risque de « les appauvrir ».
Leurs revendications, au contraire, n’ont cessé de s’enrichir : il y avait déjà la hausse de la CSG, entrée en vigueur en janvier et non compensée pour environ 60% des 16 millions de retraités, qui financent ainsi les baisses de cotisations pour les salariés.
L’exécutif en a rajouté une couche en annonçant fin août la sous-revalorisation des retraites de base : les pensions versées par l’Assurance vieillesse, jusqu’alors indexées sur l’inflation, n’augmenteront que de 0,3% en 2019 et en 2020, quand la hausse des prix devrait atteindre 1,3%.
Avec ces deux mesures, « en trois ans, un mois de pension aura été pris dans la poche » des retraités, estiment les neuf organisations.
On ne touche pas aux retraités
Pour Olivier Jouchter, de l’UCR-CGT, la coupe est pleine et « il faut arrêter d’emmerder les retraités ». Une allusion directe à des propos récents d’Emmanuel Macron, qui ne semble pourtant pas prêter attention à ce mouvement social : le « groupe des neuf » n’a été reçu qu’une seule fois par l’exécutif, il y a plus d’un an.
18 octobre Manifestation Nationale des Retraités #18octobre
Bcp de gens qui veulent manifester questionnent sur les lieux et heures.
▶️Faut faire tourner les infos ! pic.twitter.com/u6ItjOmGvN— JBAragon #NonAuxRégressions (@aragon_jb) October 16, 2018
Début octobre, venus à Paris remettre une pétition aux députés La République en Marche (LREM), ses représentants ont finalement dû se contenter d’élus d’extrême gauche.
« Il nous manque cruellement un interlocuteur valable« , observe M. Jouchter. « Ce pays compte 24% de retraités. Peut-on imaginer que le président de la République, son Premier ministre et le groupe majoritaire à l’Assemblée n’aient aucune considération pour cette partie de la population ? »
« Il faut s’occuper de nous car nous sommes un enjeu important, sur le plan économique certes mais aussi sur le plan politique », renchérit Daniel Fargeas, de l’association LSR (Loisirs solidarités retraités, affiliée à l’UCR-CGT).
Châteauroux : manifestation des retraités jeudi après-midi – https://t.co/ep70zoGmVv #GoogleAlerts
— HELLWICH PAT (@hellwich_pat) October 17, 2018
Et de souligner que les retraités représentent « 33% de l’électorat et pas loin de 45% des gens qui votent ».
Signe d’une « colère profonde », l’appel à manifester jeudi « s’étend à d’autres organisations », affirme Michel Salingue, de la Fédération Générale des Retraités (FGR), qui compte sur le soutien d’associations de retraités de la fonction publique : gendarmes, policiers, officiers mariniers, agents de La Poste et de l’ex-France Télécom.
Le « groupe des neuf » espère aussi rallier à sa cause une partie du monde agricole, notamment la Confédération paysanne, le Modef et l’Anraf.
Côté syndical, « beaucoup d’organisations départementales de l’Unsa » ont déjà fait passer le mot d’ordre, ajoute M. Salingue, constatant qu’« il ne reste que la CFDT qui n’appelle pas » à manifester.
Une manifestation des retraités ce jeudi 18 octobrehttps://t.co/qZwIDmou6W #Angers #manifestation #social #retraite #retraités pic.twitter.com/2DfWsgsS31
— Angers Villactu (@AngersVillactu) October 16, 2018
La centrale de Laurent Berger présentera néanmoins le même jour ses propositions en matière de retraite, à partir d’une enquête qu’elle a menée cet été auprès de 120 000 personnes. « Ensuite nous jugerons, mais juger avant d’avoir vu ce qui va être fait, c’est pas responsable », a expliqué M. Berger lundi à franceinfo.
120 manifestations dans toute la France
Les syndicats à l’initiative de la mobilisation l’espère néanmoins d’ampleur équivalente au 15 mars, point d’orgue du mouvement jusqu’à présent. « On attend à peu près la même chose, a minima 120 manifestations » dans toute la France, indique Didier Hotte, de l’UCR-FO.
Défendre les #retraités aujourd'hui, c'est défendre les retraites pour demain.
Soutien à la manifestation du 18 octobre partout en France.
➕Suppression de la hausse de la #CSG
➕Revalorisation et indexation sur les salaires
➕et…voir les tracts d'appel pic.twitter.com/cqODVowmQw— citoyens résistants (@CRHA_glieres) October 11, 2018
« Le 15 mars, il y avait environ 200 000 personnes » dans la rue, affirme Gérard Gourguechon, de l’UNIRS-Solidaires, qui « espère qu’il y en aura plus » le 18 octobre.
Selon lui, certains retraités sont demandeurs « d’autres actions pour changer de braquet », comme des barrages filtrants dans certaines villes.
« Quand on était en activité, on pouvait faire grève, occuper l’entreprise, séquestrer des patrons », mais il fallait en assumer les conséquences, se souvient-il.
« Maintenant qu’on est retraités, on ne peut plus avoir de retenue sur salaire, ni être foutu à la porte », conclut-il.
D. S avec AFP
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