Les personnes de plus de 50 ans sont de plus en plus nombreuses à pousser la porte du Secours catholique, s’alarme l’association dans son rapport annuel publié jeudi, en s’inquiétant d’une « précarisation des seniors » depuis dix ans.
En 2017, l’association a accueilli 1,4 million de personnes, dont près de la moitié restent des enfants. S’ils restent minoritaires, les seniors sont de plus en plus à solliciter de l’aide : les plus de 50 ans représentent désormais « un tiers » des personnes rencontrées, « contre un peu plus d’un quart en 2010 », selon le rapport.
« On assiste à une précarisation des seniors depuis une petite dizaine d’années », explique à l’Agence France Presse (AFP) le secrétaire général du Secours catholique, Bernard Thibaud.
« C’est le fruit du chômage de longue durée et de parcours de plus en plus hachés, qui débouchent sur des retraites difficiles. (…) Les ruptures de vie sont plus fréquentes et le phénomène est appelé à s’accentuer », s’inquiète-t-il.
À eux seuls, les plus de 60 ans pèsent 10 % du public aidé par l’association, une part « en augmentation de près de cinq points » depuis 2010. Souvent isolés, ces seniors n’arrivent plus à joindre les deux bouts avec leur retraite ou leur minimum vieillesse.
« Les plus précaires restent les familles, les femmes et les enfants« , rappelle M. Thibaud.
Tous âges confondus, les femmes sont les plus vulnérables : elles représentent 56,1 % des adultes fréquentant l’association, qui apporte une aide juridique et alimentaire. Celles qui sont françaises sont souvent des mères isolées (40 %) ou des femmes seules (30 %).
Le Secours catholique note « un creusement des disparités de profil » de ses bénéficiaires, « avec d’un côté une population française plus féminine et vieillissante, de l’autre une population étrangère plus masculine et jeune ».
Plus globalement, le revenu médian des ménages aidés par l’association atteint 540 euros par mois. Un niveau de vie largement inférieur au seuil de pauvreté, fixé à 1 026 euros par mois pour une personne seule et selon lequel l’Insee comptabilise 8,8 millions de personnes pauvres en France.
Face à la hausse constante du coût de la vie, notamment du logement et de l’énergie, les bénéficiaires de l’association sont de plus en plus pauvres, selon M. Thibaud.
« On parle toujours des revenus, mais jamais du reste à vivre, qui baisse continuellement », insiste-t-il. « On voit de plus en plus de personnes au-dessus du seuil de pauvreté venir nous voir, c’est le signe d’un problème ».
« Pour éradiquer la grande pauvreté, on estime que le RSA devrait être à 850 euros », au lieu des 550 actuels, plaide-t-il, en regrettant que le gouvernement refuse une revalorisation d’ampleur.
« Les pauvres souffrent encore de préjugés, pourtant ils ne sont pas dans l’assistanat », reprend M. Thibaud.
Un quart des ménages éligibles aux allocations familiales rencontrés par l’association ne les réclament pas. Et un tiers des ayants droit au RSA n’y ont pas recours.
D. S avec AFP
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