Les Slovaques élisent leur président, le meurtre d’un journaliste en toile de fond

16 mars 2019 22:35 Mis à jour: 16 mars 2019 22:37

Les Slovaques ont voté samedi au premier tour de l’élection présidentielle qui pourrait porter pour la première fois une femme à la tête de l’Etat, une avocate libérale environnementaliste, critique d’un gouvernement mis à mal par le meurtre d’un journaliste d’investigation.

Zuzana Caputova, 45 ans, a elle-même participé à des manifestations après l’assassinat du journaliste Jan Kuciak l’an dernier, crime qui a provoqué une profonde crise politique dans ce pays de 5,4 millions d’habitants, membre de l’Union européenne et de l’Otan.

Les sondages donnent à la vice-présidente du parti Slovaquie progressiste (libéraux), non représenté au Parlement, une avance à deux chiffres sur Maros Sefcovic, 52 ans, vice-président de la Commission européenne soutenu par le parti au pouvoir Smer-SD (populistes de gauche).

Aucun des candidats ne semble en mesure de l’emporter au premier tour. Le deuxième tour est prévu le 30 mars.

« Caputova attire ceux qui ont horreur de la corruption et qui sont mécontents de ce qu’ils considèrent comme un gouvernement qui pense plus à lui-même qu’aux intérêts des citoyens« , a déclaré à l’AFP Kevin Deegan-Krause, expert de l’Europe centrale à la Wayne State University à Detroit. « Sefcovic lance un appel à ceux qui sont satisfaits des progrès réalisés par un pays qui, selon de nombreux indices, s’est porté pas mal du tout au cours de la dernière décennie« , a-t-il ajouté.

Mme Caputova a voté dans sa ville de Pezinok, dans le sud du pays, déclarant aux journalistes que « la Slovaquie est à la croisée des chemins en ce qui concerne la reconquête de la confiance du public« .

Le Jan Kuciak et sa fiancée ont été assassinés en février 2018, alors que le journaliste était sur le point de publier une enquête sur des liens présumés entre des hommes politiques slovaques et la mafia italienne.  Jeudi, à deux jours du scrutin, le parquet a relancé l’affaire en inculpant le multi-millionnaire Marian Kocner, accusé d’avoir ordonné le meurtre du journaliste.

La vague d’indignation qui a déferlé sur le pays à la suite de cette affaire avait entraîné la démission du Premier ministre Robert Fico qui reste cependant chef de Smer-SD et proche allié de l’actuel Premier ministre Peter Pellegrini.

L’an dernier, quatre personnes ont été inculpées pour ce meurtre. Avec l’inculpation de Marian Kocner, « les autorités ont peut-être voulu montrer à quel point l’Etat fonctionnait efficacement, afin d’aider Sefcovic à gagner des points« , estime Grigorij Meseznikov, analyste de Bratislava. Mais « cela pourrait aussi être considéré comme une légitimation de Mme Caputova qui symbolise le changement« , a-t-il ajouté.

Le président sortant Andrej Kiska a donné sa voix à Mme Caputova. « Il est extrêmement important de poursuivre la lutte pour une Slovaquie honnête et juste« , a-t-il dit aux journalistes.   La candidate libérale appelle ses concitoyens à « lutter contre le mal« .

Se présentant sous le slogan « Toujours pour la Slovaquie« , M. Sefcovic promet de renforcer les avantages sociaux pour les personnes âgées et les jeunes familles. Membre de la Commission européenne depuis 2009, M. Sefcovic en est un vice-président depuis 2014.

Le président slovaque ne gouverne pas, mais ratifie les traités internationaux et nomme les plus hauts magistrats. Il est aussi le commandant en chef des forces armées et dispose du droit de veto.

La plupart des bureaux de vote ont fermé à 22h00 locales. En raison du vol de l’urne le vote a été prolongé jusqu’à 23H16 locale à Medzany, un village dans l’est du pays. « Un électeur est venu, a pris l’urne et s’est enfuit. Il a jeté l’urne sur le sol et comme elle était en papier, elle s’est rompue et les bulletins de vote se sont répandus« , a déclaré Jozef Kipikasa, le maire du village à l’agence TASR.

HS avec AFP

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.