Les « souvenirs » de la Seconde Guerre mondiale ont « ressurgi »: 50 ans après la sanglante prise d’otages des JO de Munich, le traumatisme d’un témoin direct, l’ex-handballeur est-allemand Klaus Langhoff, reste profond.
Le 5 septembre 1972, Klaus Langhoff, capitaine de la sélection de RDA de handball, et ses coéquipiers occupent un appartement juste en face de celui des athlètes israéliens attaqués par le commando palestinien « Septembre noir ».
Aux premières loges de l’attaque terroriste
Les handballeurs se retrouvent ainsi aux premières loges de l’attaque terroriste inédite qui va viser les Jeux et s’achever par un bain de sang après une intervention policière sur une base militaire.
« J’ai été réveillé, ça devait être vers 05h30, par le secrétaire général. Il est venu me voir dans ma chambre et m’a dit +Klaus, informe tous les autres joueurs. C’est là-bas, dans le logement israélien. Il y a des coups de feu et une attaque terroriste+ », raconte à l’AFP l’ancien sportif, aujourd’hui âgé de 82 ans mais à la carrure toujours imposante. « Par qui ? Nous ne savions pas encore ».
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— CRIF (@Le_CRIF) September 5, 2017
« Je dois dire que ça a été un choc. Un grand choc », confie-t-il 50 ans plus tard, encore ébranlé par ce face à face, à une vingtaine de mètres, avec les terroristes.
Puis est commise la première exécution d’un athlète israélien. « Ils l’ont abattu dans la maison. Et ils l’ont mis dans la rue ».
« Comme une scène de la guerre »
« C’était bien sûr un spectacle horrible. Et ce sportif ou cet entraîneur est resté là un bon moment, jusqu’à ce qu’ils l’emmènent (…) Quand nous regardions dehors, par la fenêtre ou sur le balcon, nous voyions ce sportif mort », raconte M. Langhoff.
« Et en plus, il y avait toujours quelqu’un en bas devant la porte d’entrée, probablement le chef de ce groupe terroriste, qui tenait en permanence une grenade en main, et en haut, sur le balcon et sur le toit, il y avait un autre terroriste qui avait une kalachnikov prête à tirer », décrit-il.
« C’était comme une scène de la guerre », enchaîne celui qui, à l’âge de six ans, avait vu des cadavres de soldats allemands gisant dans des tombes creusées à la hâte. « Ces souvenirs de la guerre ont ressurgi ».
Neuf autres athlètes pris en otage
Un deuxième athlète israélien est tué, tandis que neuf autres sont pris en otage. Ils trouveront tous la mort lors de l’assaut de la police qui tourne au fiasco.
Les Jeux, conçus pour faire oublier le triste précédent des JO de 1936 à Berlin, transformés en vitrine de la propagande nazie, avaient pourtant bien commencé pour ces athlètes est-allemands, autorisés en pleine Guerre froide à séjourner à l’ouest.
La première semaine, avant l’attaque, avait été « si excellente, si joyeuse », se remémore-t-il.
Le lendemain de l’attaque, les Jeux sont suspendus pour la première fois de l’histoire de l’olympisme. L’équipe est-allemande se prépare à une annulation pure et simple mais le Comité international olympique (CIO) décide finalement de poursuivre les compétitions.
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? @fredericviard s’intéresse à l’histoire des JO
? Zoom sur la prise d’otage des JO de Munich en 1972.
? 8 terroristes palestiniens ont pris en otage 9 membres de la délégation israélienne.
? La journée se termine dans le chaos avec la mort de tous les otages… pic.twitter.com/HMooAeEj03— beIN SPORTS (@beinsports_FR) April 20, 2020
Traumatisée, l’équipe de RDA finit à la quatrième place.
Manque d’empathie en RDA
A son retour de l’autre côté du Mur, les sportifs sont pris au dépourvu par le manque d’empathie en RDA. « Seules les médailles comptaient ».
« Pour nous en RDA, finir quatrième a été un choc pour le système. Il n’y avait pas de camp de prisonniers mais seules les places 1 à 3 étaient récompensées financièrement », explique, amer, M. Langhoff.
Le régime est-allemand, hostile à Israël, qualifie la prise d’otages de « tragédie », à peine mentionnée dans les médias du pays.
Les autorités communistes « ont complètement ignoré cette attaque », elles ne « pensaient qu’à réussir la compétition », soupire M. Langhoff.
La situation n’est guère plus reluisante à l’ouest, entre les lacunes sécuritaires des JO, l’intervention ratée de la police puis par la suite, des réticences à présenter des excuses et à indemniser les familles de victimes.
« Rétrospectivement, il y a eu de grandes omissions dans le processus de prise en compte de la terreur », résume M. Langhoff. « Je ne veux même pas commencer à parler de l’aspect financier. Mais même sur le plan moral, il y a beaucoup de choses qui sont tout simplement incompréhensibles. »
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