Pour le régime communiste chinois, le nombre réel de victimes de tout événement tragique, qu’il s’agisse d’une catastrophe naturelle ou d’origine humaine, est toujours considéré comme un secret d’État. Alors que la Chine lutte contre la vague d’infection qui a suivi la levée des restrictions pandémiques début décembre, des scientifiques et des journalistes du monde entier cherchent des indices sur le véritable nombre de victimes.
Au cours des premières semaines de la vague actuelle de Covid‑19, la Chine a publié le nombre des morts (à un seul chiffre) au quotidien, malgré la couverture des médias montrant des hôpitaux, des pompes funèbres et des morgues débordés. Enfin, le 14 janvier, la Commission chinoise de la santé a revu ses chiffres à la hausse, faisant état de près de 60.000 décès dus au Covid‑19 depuis début décembre.
Cependant, d’après les données fournies par les pompes funèbres et les crématoires, les analystes estiment que ce chiffre est encore très inférieur au nombre réel de morts.
Le salon funéraire Babaoshan de Pékin est le plus grand salon funéraire et crématorium de la ville. Du 8 décembre 2022 au 12 janvier 2023, une estimation prudente basée sur les informations publiques disponibles indique que son volume d’activité est presque 7 fois supérieur à son volume moyen avant la pandémie. En outre, il existe toujours un énorme arriéré de cadavres en attente d’être incinérés.
Sur la base de ces informations, les analystes pensent que le nombre de décès liés au Covid‑19 est beaucoup plus important que ce que la Chine déclare. Selon une estimation, le nombre de décès pourrait être au moins dix fois supérieur au nombre annuel de décès dans le pays avant la pandémie.
Babaoshan, le principal crématorium de Pékin
Les données des années précédentes indiquent que les crémations au funérarium de Babaoshan représentent environ un quart du nombre total de crémations à Pékin.
L’installation massive compte 19 fours crématoires au total, selon les données de 2017. Elle est connue pour avoir le seul four de crémation spécialisé de Pékin – un four plus large, plus long et plus haut pour les cadavres de grande taille ou obèses.
Les estimations de la durée de la crémation varient de 45 minutes à 1 heure et demie. Les temps varient en fonction du sexe, de l’âge, du poids, de la cause du décès et du temps de réfrigération du cadavre.
Un employé du funérarium, du nom de M. Lin, a confié à Epoch Times le 14 décembre qu’il y avait une semaine de retard dans les crémations.
« Nous sommes très occupés chaque jour, et nous n’avions jamais été aussi occupés », explique M. Lin. « Il y a plus de personnes à incinérer chaque jour qu’avant, et les appels de rendez‑vous sont trop nombreux pour que nous puissions les gérer. De nombreuses personnes font la queue [pour notre service]. Nous n’avons vraiment aucun moment de repos. »
Les fours fonctionnent 24 heures sur 24
Le funérarium est normalement ouvert de 8 à 16 heures. Depuis le 15 décembre, le crématoire fonctionne 24 heures sur 24. Il a ajouté trois lignes d’assistance téléphonique à sa ligne de rendez‑vous existante.
Le 25 décembre, Beijing Radio a déclaré que dix employés répondaient actuellement au téléphone au Babaoshan Funeral House.
Fin décembre, le temps d’attente pour une crémation était d’environ deux semaines, et les congélateurs pour le stockage des corps étaient pleins, selon la radio.
Estimation du nombre de crémations
Selon un rapport officiel de 2019 sur les services funéraires, il y avait 94 fours de crémation à Pékin, avec 101.181 corps incinérés cette année‑là.
Si le salon funéraire Babaoshan représente environ un quart du total des crémations de Pékin, on peut calculer que durant l’année pré‑pandémique de 2019, le nombre de crémations effectuées à Babaoshan sur une période de 36 jours était d’environ 2495.
En supposant que le temps de crémation d’un cadavre est d’une heure, et compte tenu d’un cadavre par four, une estimation prudente indique que la Maison funéraire de Babaoshan – avec 19 fours fonctionnant jour et nuit – incinère actuellement 456 cadavres par jour.
Sur la base de cette estimation, entre le 8 décembre 2022 et le 12 janvier 2023, le nombre total de corps incinérés dans l’établissement aurait été d’environ 16.400.
Ce nombre est presque sept fois supérieur au volume moyen estimé de crémations pour 2019.
Il n’inclut pas les nombreuses personnes décédées au cours de la période de 36 jours mais qui n’ont pas pu être incinérées immédiatement en raison de l’arriéré.
L’analyste des affaires chinoises Ji Da s’est entretenu avec Epoch Times le 17 janvier. Ji Da a déclaré que les données de la maison funéraire Babaoshan prouvent que le nombre de décès en Chine est au moins dix fois supérieur à ce qu’il était avant la pandémie.
« Cette estimation est basée sur la multiplication par dix des rendez‑vous de crémation, et l’importante accumulation de cadavres à incinérer », a déclaré Ji Da. « Si cette situation perdure, le nombre de morts en Chine atteindra 100 millions en 2023. »
Les voitures deviennent des morgues temporaires
Les congélateurs des pompes funèbres étant pleins à craquer, les médias sociaux rapportent que certaines familles conservent les proches décédés dans leurs voitures.
Mai Jie, une blogueuse populaire sur le portail d’information chinois d’outre‑mer Wenxue City, a récemment publié un éloge funèbre à la mémoire de son père, qui a été hospitalisé à Pékin et est décédé du Covid‑19. Il a été incinéré le septième jour après sa mort.
« Mais papa a encore de la chance », a écrit Mai Jie dans son post. « L’infirmière de papa m’a dit qu’un patient était décédé il y a quelques jours et qu’il n’avait pas trouvé de salon funéraire pouvant l’accepter. La famille n’a pas eu d’autre choix que de mettre le corps dans leur voiture. »
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