Dans un article paru sur le site anglais de l’IREF Europe, Mohamed Moutii s’intéresse à la manière dont les subventions à l’agriculture dans les pays riches nuisent aux pays en voie de développement. Chaque année, 600 milliards de dollars de subventions agricoles sont dépensés. Si les États-Unis (33 milliards de dollars) et l’Union européenne (100 milliards de dollars) ont historiquement dominé en la matière, la Chine les surpasse en accordant 212 milliards de dollars à son industrie agricole.
Ces subventions réduisent artificiellement le coût de certains produits de base dans les pays pauvres et entravent les exportations de produits agricoles africains. Or l’agriculture représente une part importante du PIB des pays en voie de développement, de l’ordre de 30% en Afrique subsaharienne et jusqu’à 50% au Malawi, au Burkina Faso et en Sierra Leone. En Afrique, l’agriculture représente plus de 70% de tous les emplois et constitue la principale source de revenus pour la majorité des personnes vivant dans la pauvreté. Ainsi, les politiques protectionnistes des pays riches font une concurrence déloyale aux pays pauvres et nuisent à leur développement.
En pratique, les subventions permettent aux agriculteurs des pays riches de vendre leurs produits agricoles sur les marchés internationaux à un prix inférieur au coût de production, au détriment des producteurs non subventionnés. Nous pourrions citer, par exemple, les subventions de la politique agricole commune (PAC) de l’UE à la filière cotonnière. Le coton fournit environ 60% des recettes agricoles globales des pays d’Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Mali, Tchad, Bénin) et entre deux et trois millions d’exploitations agricoles en dépendent. Pour autant, leur part du marché mondial du coton n’est que de 3%. De fait, la baisse des prix mondiaux du coton affecte des millions de ménages dans ces régions.
Mohamed Moutii rappelle que le montant total des subventions agricoles dans les pays de l’OCDE dépasse de loin le montant de l’aide au développement. Pourtant, une hausse de 1% des exportations agricoles de l’Afrique augmenterait son PIB de 70 milliards de dollars. Pour aider les pays en voie de développement, on peut donc penser que supprimer les barrières commerciales, les droits de douane à l’importation, laisser le marché fonctionner librement, serait plus efficace que, encore et toujours, subventionner.
Article écrit par Élodie Messéant. Publié avec l’aimable autorisation de l’IREF.
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