Trop de viande dans les plats préparés, trop de produits issus de l’agriculture intensive, obsession du prix bas : la fédération d’associations Réseau action climat (RAC) a accusé jeudi la grande distribution, et les pouvoirs publics, d’être insuffisamment engagés en faveur d’une consommation plus vertueuse écologiquement.
Pas une enseigne n’a la moyenne : le Réseau Action Climat, qui rassemble notamment Greenpeace, France Nature Environnement ou le WWF, a évalué pendant un an l’action des principales chaînes de supermarchés français (par ordre de parts de marché E.Leclerc, Carrefour, Intermarché, Système U, Auchan, Lidl, Casino, Monoprix) sur l’alimentation durable et le climat.
Même l’enseigne la mieux notée, Carrefour, reconnaît auprès de l’AFP que ce n’est « pas assez », et que « c’est la raison pour laquelle » elle a « renforcé ses engagements pour le climat » lors du plan fixant sa stratégie pour les quatre années à venir, dévoilé en novembre.
C’est le leader en France E.Leclerc qui est le moins bien noté.
« Surconsommation de viande et de produits laitiers »
Les supermarchés « incitent à la surconsommation de viande et de produits laitiers, provenant en immense majorité de modes de productions intensifs », a estimé le RAC, arguant notamment que plus de 9 plats préparés sur 10 vendus en grandes surfaces contenaient de la viande ou du poisson.
Or, explique-t-il, la réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à notre alimentation implique de réduire de manière importante la consommation des produits d’origine animale, qui pèsent pour 72% de ces émissions.
« Nous comprenons que certains trouvent que nous pourrions aller plus loin, plus vite, mais nous sommes mobilisés, c’est indispensable aujourd’hui face à la situation environnementale et climatique », réagit auprès de l’AFP un porte-parole de Système U, classé 5e sur 8 par le Réseau Action Climat.
« Au-delà de l’action des distributeurs, tout le monde doit s’engager, des clients aux pouvoirs publics en passant par les fournisseurs », dit-on du côté de Carrefour.
« En mettant en avant certains produits plutôt que d’autres, les enseignes ont un pouvoir important », répond Benoît Granier, responsable alimentation du RAC, selon lequel le consommateur est contraint, outre son pouvoir d’achat, « par la nature de l’offre et par les stratégies de la distribution ».
Promouvoir une alimentation plus végétale
Le RAC demande notamment aux enseignes de cesser de promouvoir les produits d’origine animale ou à base de viande, comme les nuggets, burgers ou pizzas, « sauf pour les produits biologiques et Label Rouge », et de promouvoir une alimentation plus végétale, « en particulier les légumes secs et autres produits à base de protéines végétales de bonne qualité nutritionnelle ».
Le porte-parole de Système U cite l’exemple des produits issus de l’agriculture biologique. « Le client, confronté à une situation économique complexe » dans un contexte d’inflation, « a tendance à acheter moins bio et plus premier prix. »
Le RAC exhorte le secteur à arrêter de « véhiculer l’idée que l’alimentation est un poste de dépenses à compresser au maximum pour consommer davantage d’autres types de produits ».
Interrogé par l’AFP en novembre, le chef étoilé Thierry Marx, président du syndicat patronal de l’hôtellerie-restauration l’Umih, disait aussi que « le low cost » en vigueur dans la grande distribution « nous avait fait perdre notre agriculture de qualité, notre industrie et notre artisanat ».
« Le problème, c’est que l’alimentation est une des variables d’ajustement possible du budget. On ne peut pas arbitrer sur le carburant, ou très peu, pas sur l’électricité, peu sur le péage… », observe de son côté le porte-parole de Système U, qui revendique de « proposer le choix » au consommateur.
L’enjeu du coût en bout de chaîne est bien identifié par les associations, qui demandent aussi aux pouvoirs publics de rendre « plus accessibles financièrement » les produits issus de « modèles agricoles durables, dont l’agriculture biologique », que ce soit par l’augmentation des minimas sociaux, ou par une réduction de la TVA sur les fruits et légumes et les produits « biologiques et équitables ».
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