Sur les bateaux de plaisance ou de commerce, les technologies d’aide à la navigation, voire d’autonomie complète, font progressivement leur apparition, comme dans les voitures, pour aider un particulier à amarrer ou un capitaine à traverser un port.
Au grand salon de l’électronique CES de Las Vegas qui se tient du 5 au 8 janvier, plusieurs fabricants d’embarcations ont développé des produits donnant un coup de pouce aux marins du dimanche.
Du côté de la navigation de plaisance
« Sur l’eau, il y a du vent, des courants, parfois des vagues, le bateau ne reste pas en place, il faut toujours compenser », explique Johan Inden, de l’entreprise suédoise Volvo Penta interrogé au CES.
Ses bateaux proposent depuis plus de dix ans un système permettant de rester sur place en touchant une simple manette, grâce à des hélices fonctionnant indépendamment.
Volvo Penta a dévoilé en 2018 un prototype laissant le bateau s’amarrer tout seul à quai. Mais « c’était trop tôt », avance Johan Inden.
L’entreprise a préféré développer un système d’aide à l’amarrage « qui laisse au capitaine un certain niveau de contrôle » dans une situation « qui reste l’une des plus stressantes dans la navigation ».
De façon générale, l’idée est d’améliorer « la sécurité, le confort, la détente » et éventuellement de rendre la plaisance plus accessible, dit-il.
La société américaine Brunswick croit en son système d’amarrage autonome présentée en stimulation sur son stand au CES.
Le prototype permet au bateau de conseiller la meilleure trajectoire pour entrer dans un port, d’éviter les collisions, de détecter les places disponibles à quai et d’amarrer tout seul, en avant ou en arrière.
Avikus, une filiale du conglomérat sud-coréen HD Hyundai, propose de son côté des outils à installer sur les bateaux.
Il s’agit d’aides à la navigation, mais aussi d’options plus ludiques, comme s’assurer que le bateau est toujours idéalement placé pour la bronzette ou trouver le meilleur endroit pour profiter du coucher du soleil.
L’objectif, selon l’un des ses responsables, Carl Johansson, est de procurer « de la tranquillité d’esprit », tout en permettant des réductions d’énergie et en améliorant la sécurité.
Du côté de la marine marchande
Des bateaux censés pouvoir se guider sans pilote à la barre sont actuellement en test.
En Norvège, un cargo électrique transporte ainsi depuis l’an dernier des engrais depuis une usine jusqu’au port d’exportation, pour réduire le nombre de camions sur les routes.
Au Japon un ferry pouvant transporter des passagers et des voitures a commencé l’an dernier à effectuer des trajets entre deux îles.
Pour l’instant, des équipages restent encore à bord.
Si la perspective d’un navire entièrement sans humain reste lointaine, de nombreux outils d’aide à la navigation peuvent être précieux, dans les ports ou pour calculer le meilleur itinéraire en fonction de la météo.
Un bateau guidé par un programme informatique « est beaucoup plus fiable », assure John Cross, spécialiste du sujet à l’université Mémorial au Canada.
HD Hyundai, qui a dévoilé au CES une stratégie visant à collecter et analyser des données sur le trafic maritime, estime qu’un logiciel peut ralentir la vitesse d’un bateau si le port où il se rend est engorgé, réduisant ainsi sa consommation de carburant.
Des outils d’autonomie peuvent aussi être très utiles dans les salles de machine, aidant à la maintenance en surveillant l’état des moteurs grâce à des capteurs.
L’objectif des compagnies est de réduire l’équipage, avance John Cross. Et ces outils permettent de faire des économies, de diminuer les risques – les accidents à bord restant fréquents- de faire face au vieillissement des marins et aux difficultés de recrutement.
Les travaux sur la navigation autonome ont été soutenus par la décision de l’Organisation maritime internationale (OMI) de se pencher sur le sujet, remarque Rudy Negenborn, qui travaille sur ces technologies autonomes à l’université Delft aux Pays-Bas.
Les bateaux autonomes sont encore interdits sur les eaux internationales. Mais même avec le développement de ces technologies, « il y aura toujours un humain quelque part », assure M. Negenborn. Soit un marin qui suivra les indications d’un ordinateur à bord ou un superviseur à terre qui gérera plusieurs bateaux en même temps, comme un contrôleur aérien.
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