Un grossiste breton comparaissait le 19 septembre devant le tribunal de Saint-Brieuc. Il est accusé d’avoir fourni à Aldi des tomates « origine France » importées en réalité du Maroc, d’Espagne ou des Pays-Bas.
Grossiste majeur en Bretagne, Chéritel Trégor Légumes, implanté à Grâces dans les Côtes-d’Armor, a comparu jeudi devant le tribunal de Saint-Brieuc. Il est poursuivi pour avoir écoulé entre 185 et 800 tonnes de tomates étiquetées françaises, qui étaient en réalité importées du Maroc, d’Espagne ou encore des Pays-Bas, pendant deux à trois ans.
Entre 185 et 800 tonnes de tomates étiquetées « Origine France »
Selon Le Parisien, les lots ont été vendus à la centrale d’achat de l’enseigne Aldi. Ce serait un ancien salarié qui aurait dénoncé la fraude auprès de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP). Au cours de l’été 2017, les enquêteurs constatent en effet que des tomates étrangères et françaises mélangées sur les lignes de production quittent l’usine francisées. Ils préviennent alors l’intéressé. Quinze jours plus tard, les enquêteurs reviennent sur le site: ils constatent les mêmes pratiques.
« Je n’ai pas connaissance d’un autre cas où, malgré un flagrant délit de tromperie, on se rend compte 10 jours plus tard lors d’un nouveau contrôle qu’il n’y a eu aucun changement », remarque Virshna Heng, directeur adjoint de la DDPP des Côtes-d’Armor. Outre leur origine étrangère, le service des fraudes avait relevé aussi une absence de traçabilité des produits.
« Moi, je devais faire travailler 50 salariés dans l’atelier »
Le gérant de l’entreprise, Jean Chéritel reconnaît la tromperie, mais n’est pas d’accord avec les tonnages avancés par les enquêteurs (185 tonnes selon lui contre 800 tonnes pour l’administration). Devant le tribunal, il a plaidé contre son principal client, l’enseigne Aldi, auprès duquel il réalisait près de 40% de son chiffre d’affaires. La chaîne de supermarchés aurait exigé «une trop grande quantité de tomates par rapport à ce que Chéritel était capable de fournir et menaçait de mettre fin à leur collaboration en cas de refus», selon son avocat Thierry Fillion.
« Lors de promotion de ce hard discounter, j’étais dans l’incapacité de l’approvisionner en tomates françaises comme il le demandait » a témoigné le gérant. « Elle me menaçait de nous déférencer. Moi, je devais faire travailler 50 salariés dans l’atelier » ajoute Chéritel.
« Il était prisonnier des contrats avec cette centrale d’achat » plaide son avocat. « Son tort c’est d’avoir accepté. Mais pouvait-il faire autrement ? ».
Un rapport de force entre les grandes enseignes et les coopératives agricoles
«Le problème qui se pose aujourd’hui, c’est que les grandes enseignes ont tendance à se concentrer pour acheter les produits qu’ils vont distribuer. Ni l’industrie agroalimentaire ni les coopératives agricoles n’ont leur mot à dire dans ce rapport de force», analyse Bruno Parmentier, économiste et ancien directeur de l’École supérieure d’agronomie d’Angers (ESA).
Le tribunal a demandé la confiscation des saisies déjà effectuées, à hauteur de 248.000 euros, ainsi qu’une amende de 200.000 euros (dont la moitié avec sursis) pour l’entreprise et de 70.000 euros. La décision du tribunal a été mise en délibéré au 14 novembre.
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