Les trottinettes débridées, surpuissantes et hors-la-loi

Par Epoch Times avec AFP
21 janvier 2023 12:40 Mis à jour: 21 janvier 2023 13:45

Limitées à 25 km/h, de nombreuses trottinettes électriques peuvent être facilement débridées pour rouler bien plus vite mais au prix de l’illégalité.

Alors que la Ville de Paris menace d’interdire les trottinettes électriques en libre-service, ces engins surpuissants représentent une autre facette de ce moyen de locomotion en pleine explosion, avec 900.000 unités vendues en 2021.

Mêmes obligations que les vélos

Depuis 2019, les trottinettes ont à peu près les mêmes obligations que les vélos : l’assistance électrique peut pousser l’engin jusqu’à 25 km/h, les feux sont obligatoires la nuit, le casque et le gilet réfléchissant sont conseillés.

Les utilisateurs de trottinettes doivent en sus contracter une assurance.

Et la loi est claire : débrider sa trottinette pour qu’elle roule à plus de 25 km/h expose à 135 euros d’amende.

Certains engins peuvent cependant être vendus débridés en magasin. L’acheteur doit simplement promettre qu’il ne roulera que sur terrain privé, comme c’est le cas pour les motocross.

On trouve aussi en quelques clics sur internet des tutoriels pour reprogrammer le moteur ou ôter le câble qui le bride. Ainsi libérés, des modèles à quelques centaines d’euros peuvent déjà dépasser les 40 km/h.

Modèles surpuissants

Après un premier achat pour tester le principe, les utilisateurs passent en général à des modèles plus puissants, explique Jocelyn Loumeto, délégué général de la Fédération des professionnels de la micromobilité. À part la vitesse de pointe, la puissance « permet de monter des côtes, d’avoir de l’autonomie et de se sentir en sécurité sur la route ».

Les fans de trottinettes lourdes et surpuissantes, casqués et équipés comme des motards, ne représentent que 3 à 4% des utilisateurs, selon M. Loumeto. « Ce sont des gens qui ont remplacé leur deuxième voiture ou leur moto pour être plus souples » et font beaucoup de kilomètres, explique le délégué.

Vendue 6000 euros, la trottinette la plus rapide du catalogue de la Fnac promet une vitesse de pointe de 120 km/h, pour 11.500 watts de puissance.

Enchaînement des accidents

Avec la multiplication des trottinettes, les accidents s’enchaînent, sans que l’on puisse mettre directement en cause leur puissance.

31 usagers d’engins de déplacements motorisés (trottinettes et autres gyroroues) sont décédés entre décembre 2021 et novembre 2022, selon l’Observatoire de la Sécurité routière. Le nombre d’accidents déclarés a triplé par rapport à 2021.

Le sénateur Hervé Maurey (Union centriste) a interpellé le gouvernement sur le sujet.

« Manifestement, les règles sont très loin d’être respectées, soit par méconnaissance, soit en toute conscience. Il suffit de quelques minutes en centre-ville pour s’en apercevoir », a-t-il indiqué à l’AFP.

Un travail doit être engagé avec les fabricants pour « empêcher » le débridage tout comme la vente des kits qui le permettent, plaide M. Maurey.

Les utilisateurs intensifs, eux, seraient plutôt favorables à l’obligation du port du casque ou à la création d’une catégorie autorisée à rouler jusqu’à 45 km/h, souligne Jocelyn Loumeto. Ils souhaitent également qu’on les autorise à rouler sur la route hors agglomération.

« On a encore un potentiel important en termes d’utilisation, notamment dans les territoires peu denses », soutient le délégué de la Fédération de la micromobilité.

L’immatriculation des trottinettes, qui a été adoptée en Allemagne ou par les services de location parisiens, risquerait aussi de freiner leur développement.

« Ça enlève sa simplicité à ce moyen de transport, ça devient une moto », explique Corentin. « Si une immatriculation devient obligatoire pour rouler plus vite, je la rebriderai ».

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