Acculé par les sanctions occidentales contre la Russie, Renault, leader dans le pays avec la marque Lada qu’il avait réussi à redresser, a confirmé lundi qu’il vendait ses actifs à l’Etat russe, première nationalisation d’ampleur depuis l’offensive russe en Ukraine.
Le groupe au losange a indiqué dans un communiqué avoir cédé sa participation majoritaire (67,69%) dans le groupe Avtovaz, une pièce essentielle de l’industrie automobile russe avec la marque Lada, au NAMI, l’institut russe de recherche et de développement des automobiles et des moteurs.
Le ministre russe du Commerce et de l’Industrie, Denis Mantourov, avait indiqué fin avril que la transaction se ferait pour « un rouble symbolique », ce que Renault, lundi, ne voulait toujours pas confirmer.
Le ministère russe a confirmé lundi que « des accords ont été signés pour un transfert des actifs russes du groupe Renault à la Fédération de Russie et au gouvernement de Moscou ».
Renault a redressé un groupe russe en grande difficulté
Le groupe automobile français a également cédé à la ville de Moscou les opérations en propre de la marque Renault en Russie, dont son usine près de la capitale, qui produisait des Renault et des Nissan.
Depuis des générations, la ville de #Togliatti, au sud-est de #Moscou, vit au rythme de l’usine automobile du russe AvtoVAZ, détenue à 68 % par #Renault. Mais face aux conséquences de la guerre en #Ukraine, les travailleurs s’inquiètent pour leur avenir.
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— FRANCE 24 Français (@France24_fr) May 13, 2022
Le maire Sergueï Sobianine a annoncé que la fabrique allait y relancer la marque soviétique Moskvitch.
La direction de Renault avait déjà annoncé qu’elle allait passer au premier semestre une provision de 2,2 milliards d’euros environ en raison de cette vente.
Renault s’était engagé dans Avtovaz en 2008 pour en devenir l’actionnaire majoritaire en 2014 sous la direction de Carlos Ghosn.
Le géant automobile a alors redressé un groupe russe en grande difficulté. Il en partageait l’actionnariat avec le conglomérat militaro-industriel russe Rostec.
Après de lourds investissements, et des partages de technologie avec Dacia, la marque économique de Renault, Avtovaz commençait à rendre des bénéfices.
Deuxième marché du groupe Renault
La Russie était le deuxième marché du groupe Renault dans le monde derrière l’Europe, avec près de 500.000 véhicules vendus en 2021.
Vente-spoliation de #Renault, qui quitte la Russie ?
➡️ 2,2 milliards « vendus » à Moscou pour 1 euro symbolique. La fin d’une mondialisation à outrance, même dans les pays autoritaires ? @AxeldeTarle @infofrance2 #Ukraine pic.twitter.com/vJFCQMksqY
— Telematin (@telematin) May 16, 2022
Le groupe français, constructeur le plus engagé en Russie, et un des derniers à s’en aller, garde la porte entr’ouverte cependant: il pourra racheter pendant six ans des parts dans Avtovaz.
« Aujourd’hui, nous avons pris une décision difficile mais nécessaire », a déclaré le directeur général de Renault, Luca de Meo. « Et nous faisons un choix responsable envers nos 45.000 salariés en Russie, tout en préservant la performance du groupe et notre aptitude à revenir dans le pays à l’avenir, dans un contexte différent ».
Dacia Logan et Sandero commercialisées avec le logo Renault
Avtovaz fabriquye des voitures notamment dans sa gigantesque usine à Togliatti (Sud-ouest, sur le fleuve Volga), qui emploie 35.000 personnes. Les Dacia Logan et Sandero y sont aussi commercialisées avec le logo Renault.
Mais le marché russe s’est effondré dans le contexte du conflit en Ukraine, et les usines du groupe tournaient au ralenti voire pas du tout en raison d’une pénurie de composants importés, provoquée par les sanctions occidentales contre la Russie.
Avtovaz avait ainsi dû envoyer ses employés en congés payés pour trois semaines en avril, arrêtant la majeure partie de sa production.
Le syndicat du groupe avait de nouveau annoncé le 12 mai la fermeture des chaînes de production du 16 au 20 mai, faute de pièces.
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