Les voitures électriques chinoises sont frappées en Europe par des droits de douane supplémentaires

Des droits de douane allant jusqu'à 37,6 % sur les voitures électriques fabriquées en Chine entrent en vigueur le 5 juillet pour une durée initiale de quatre mois, mais qui pourrait être prolongée sur plusieurs années

Par Dorothy Li et Mary Man
5 juillet 2024 16:54 Mis à jour: 5 juillet 2024 20:25

Bruxelles a annoncé le 4 juillet que les entreprises qui fabriquent des voitures électriques (VE) en Chine seront soumises à des droits de douane supplémentaires lorsque leurs produits sont exportés vers le marché de l’Union européenne (UE).

Des tarifs douaniers allant jusqu’à 37,6 % sur les VE fabriquées en Chine seront imposés par tous les États membres de l’UE à partir du 5 juillet. La décision est contraignante et s’appliquera dans un premier temps pendant quatre mois, après quoi elle pourra être prolongée pendant des années.

Cette décision résulte d’une enquête de plusieurs mois menée par la Commission exécutive de l’UE, qui a constaté que les fabricants chinois de VE bénéficiaient de subventions d’État « déloyales » et représentaient une « menace de préjudice économique » pour le secteur automobile européen, a déclaré la Commission dans un communiqué du 4 juillet.

L’UE avait accepté de discuter avec Pékin de ses projets de droits de douane, dévoilés pour la première fois le 12 juin. Le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis, et le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao, se sont rencontrés pour la première fois le 22 juin.

« L’UE a insisté sur le fait que tout résultat de son enquête devrait permettre de remédier efficacement aux subventions préjudiciables », a déclaré Olof Gill, porte-parole de la Commission européenne pour les questions commerciales, dans un communiqué publié à l’issue de cette réunion.

Le 4 juillet, Bruxelles a réitéré ce message dans une déclaration, indiquant que ses discussions techniques avec Pékin se poursuivraient « en vue de parvenir à une solution compatible avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce » qui devrait répondre « de manière adéquate » à ses préoccupations.

Les droits de douane provisoires sur les VE chinoises sont presque identiques aux plans publiés le mois dernier. La Commission a annoncé qu’elle avait légèrement diminué certains taux sur la base des « commentaires sur l’exactitude des calculs soumis par les parties intéressées ».

Selon la décision publiée dans le Journal officiel de l’UE, les droits de douane les plus élevés seront imposés au groupe SAIC, un constructeur automobile d’État chinois, à hauteur de 37,6 %. Les droits appliqués aux autres constructeurs automobiles chinois varient : la société Geely est soumise à des droits de 19,9 % et BYD à 17,4 %.

Les mesures affecteront également les entreprises occidentales qui fabriquent des VE en Chine, comme Tesla, qui possède une méga-usine à Shanghai. Ce géant américain de l’automobile, ainsi que BMW et d’autres constructeurs automobiles considérés par l’UE comme coopérant à son enquête, sera soumis à un droit de douane de 21 %, tandis que les fabricants automobiles qui n’ont pas coopéré seront soumis à un droit de douane plus élevé de 38,1 %.

L’enquête de l’UE sur les VE fabriquées en Chine devrait se poursuivre pendant près de quatre mois supplémentaires.

À l’issue de cette période, la Commission exécutive pourrait proposer l’imposition de tarifs douaniers définitifs, qui restent généralement en vigueur pendant cinq ans, si ce projet est soutenu par la majorité des 27 États membres de l’UE lors du vote en novembre.

« Démondialisation »

Le régime chinois s’est engagé à prendre « toutes les mesures nécessaires » pour défendre « fermement » ses droits et ses intérêts.

Le 17 juin, par exemple, le ministère chinois du Commerce a ouvert une enquête antidumping sur la viande de porc importée de l’UE.

En janvier, Pékin a ouvert une enquête antidumping sur les brandys européens, en particulier le cognac français. Cette mesure a été considérée comme une riposte à l’examen minutieux par Bruxelles des subventions chinoises accordées aux voitures électriques et aux appareils médicaux.

Des voitures électriques destinées à l’exportation attendent d’être chargées sur le BYD Explorer No 1, un navire de fabrication chinoise destiné à l’exportation d’automobiles, dans le port de Yantai, dans la province chinoise du Shandong, le 10 janvier 2024. (STR/AFP via Getty Images)

Certains analystes laissent entendre que les mesures de rétorsion de Pékin visent à faire pression sur Bruxelles pour qu’elle assouplisse sa position.

« La Chine utilise tous les leviers dont elle dispose pour pousser l’UE à modérer sa position. Cela fait partie de la compétition stratégique », a déclaré Erik Jones, directeur du Robert Schuman Centre for Advanced Studies de l’Institut universitaire européen, basé en Italie.

« Les nouvelles concernant les enquêtes chinoises sur le dumping des exportations de porc de l’UE n’en sont que la dernière illustration », a-t-il souligné à Epoch Times.

Selon M. Jones, les représailles de Pékin ne peuvent qu’intensifier les tensions avec l’UE, tandis que Bruxelles poursuivra sa politique de « dérisquage ».

« Chaque cas d’un prêté pour un rendu s’ajoute à la tension générale dans les relations », a poursuivi M. Jones, ajoutant : « Je m’attends à ce que ce type de dynamique progresse plutôt qu’elle ne diminue au cours des mois et des années à venir. »

La décision de Bruxelles est intervenue après que le président américain Joe Biden a annoncé l’imposition de droits de douane de 100 % sur les VE expédiées de Chine, soit une multiplication par quatre des tarifs douaniers précédents de 25 % – et ce, en vue des élections présidentielles américaines en novembre prochain.

Quelle que soit la personne qui entrera à la Maison-Blanche, M. Jones pense que les relations entre l’UE et la Chine « resteront sur la même trajectoire que celle que nous connaissons aujourd’hui, c’est-à-dire se dirigeant vers une concurrence stratégique accrue et donc aussi vers un plus grand ‘dérisquage’ ».

« Le monde est en train de se ‘démondialiser’, même si cette tendance n’apparaît pas encore dans les données relatives au commerce et à l’investissement », a-t-il conclu.

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