Voilà plusieurs décennies que l’espionnage industriel constitue un des atouts majeurs de l’économie chinoise, lui permettant d’acquérir des technologies, de détourner des brevets et le savoir-faire occidental.
La stratégie économique à long terme de la Chine communiste vise à remplacer l’ordre de l’après-guerre dominé par les États-Unis établi par les Nations unies et le système monétaire mondial de Bretton Woods organisé autour du dollar. En lieu et place, Pékin espère à terme instaurer un « système capitaliste autoritaire » sous son contrôle, soit une économie capitaliste sans démocratie ni liberté civile.
La stratégie consiste à faire appel à la coopération, infiltrer et tirer parti des institutions internationales pour avoir accès aux ressources, aux investissements étrangers direct, aux technologies de pointe et au savoir-faire occidental dans le seul but de favoriser l’industrie chinoise aux dépens de tous. Il s’agit d’éliminer l’intégralité des concurrents étrangers dans la course aux technologies émergentes et aux capacités de production afin de dominer l’économie mondiale. Pour y parvenir, le Parti communiste chinois (PCC) destine d’énormes ressources, humaines et financières, à l’espionnage industriel.
L’espionnage industriel implique le vol des secrets commerciaux, le détournement d’informations exclusives et de la propriété intellectuelle. Pour la Chine, il s’agit de réhabiliter les sciences et technologies « compromises » lors de la persécution des élites durant la révolution culturelle (1966-1976), notamment des physiciens, ingénieurs et inventeurs, car l’industrie et les capacités chinoises ont pris alors un énorme retard sur l’Occident.
Selon un rapport non classifié du National Counterintelligence and Security Center (centre national du contre-espionnage et de la sécurité), les objectifs stratégiques de la Chine, à savoir la modernisation de son armée, le développement d’un modèle économique axé sur la technologie et d’une capacité globale à dominer la géopolitique mondiale, dépendent pour une grande part des activités actuelles d’espionnage industriel.
Les services de renseignements
Des agents, des espions et des spécialistes opérant pour le ministère de la Sécurité d’État (services secrets du régime), ainsi que toutes les branches de l’Armée populaire de libération (APL), se consacrent à des activités de collecte de renseignements en continu. Le ministère de la Sécurité d’État est sous la responsabilité du Conseil d’État chinois (le gouvernement central) et du Comité permanent du Politburo. Le département du renseignement de l’APL (chargé de collecter des informations humaines, techniques et de mener des cyber-opérations) est placé sous l’autorité de la Commission militaire centrale (CMC) de la Chine (une instance sous le commandement direct du chef d’État).
Selon le milliardaire chinois Guo Wengui, plus de 25.000 agents du renseignement chinois et plus de 15.000 Américains recrutés opèrent pour le compte de la Chine aux États-Unis seulement.
Le cyber-espionnage est indispensable pour détourner les secrets commerciaux. Selon un rapport de l’US-China Commission (USCC), « les cyber-intrusions permettent aux entreprises chinoises (agissant dans certains cas sous la direction du PCC ou avec l’aide du gouvernement) d’accéder à des informations sur les opérations exclusives des entreprises américaines, à des informations sur le financement des projets, et de voler la propriété intellectuelle et la technologie ».
Des agents d’un nouveau genre
Le ministère de la Sécurité d’État exploite (parfois par la contrainte) des hommes d’affaires et des scientifiques chinois pour qu’ils subtilisent et rapportent les secrets obtenus durant leurs échanges à l’étranger. Depuis 2015, les ressortissants chinois en relation avec des organismes étrangers sont toujours davantage contrôlés par le Département du travail du Front uni, qui remonte au ministère de la Sécurité d’État sa coordination des équipes de renseignements. Mao estimait que le Front uni était l’une des « trois armes magiques » du PCC. Sa mission initiale était de pénétrer et de contrôler différents groupes sociaux afin qu’ils soutiennent le PCC et ses objectifs.
Désormais, les nouvelles missions à l’étranger du Front uni impliquent « la coopération des élites, la gestion de l’information, la persuasion et l’accès aux informations et ressources stratégiques (…) comme moyen de faciliter l’espionnage », selon le blog Power 3.0.
Le Front uni sert de façade aux agents du renseignement opérant pour le ministère de la Sécurité d’État. Ses tentacules s’étendent aux instituts Confucius, au programme « Mille talents », aux services de presse chinois, aux bureaux des affaires chinoises à l’étranger et à la gestion du cyberespace chinois. Toutes ces opérations sont étroitement contrôlées et visent à influencer l’opinion étrangère de manière à ce qu’elle soit favorable aux politiques du PCC.
L’exploitation juridique et réglementaire
Les lois et les réglementations chinoises incitent fréquemment au vol de technologies comme prix à payer pour les entreprises étrangères qui veulent mener des activités en Chine. Le PCC essaye également de prendre le contrôle du processus de certification des normes internationales en remplaçant l’Organisation internationale de normalisation (International Organization for Standardization, ISO) par la « China Standards 2035 ». Sous couvert d’organiser les standards technologiques, le régime chinois espère accéder en toute simplicité aux inventions développées à l’étranger.
Les sociétés écrans
Des « sociétés écrans » sont créées dans des pays étrangers pour dissimuler l’implication directe du régime chinois dans la récupération de technologies dont l’exportation est contrôlée. À noter que le terme « sociétés écrans » est impropre, en réalité toutes les sociétés appartenant à des ressortissants chinois sont tenues, selon la législation du régime, de mener des activités d’espionnage économique pour le compte de Pékin.
La frontière entre les entreprises chinoises et l’APL est par ailleurs extrêmement floue. Le PCC a élaboré et mis en œuvre une stratégie qui consiste à « renforcer la puissance économique et stratégique de la Chine en optimisant les liens entre les secteurs civils et militaires », selon l’Australian Strategic Policy Institute.
Coentreprises
Les coentreprises servent à inciter les entreprises étrangères à opérer en Chine. Les accords liant les différentes entreprises prévoient le transfert des technologies aux partenaires chinois. En bref, la réglementation chinoise sur les coentreprises exige que les partenaires étrangers cèdent leur propriété intellectuelle et leur technologie s’ils veulent accéder au marché chinois.
Partenariats de recherche
La collaboration avec des scientifiques étrangers dans le cadre de projets de recherche offre un accès direct aux technologies avancées. Un bon exemple est la création par la Chine de l’Alliance de l’Internet industriel (Alliance of Industrial Internet) pour « l’Internet et les initiatives de fabrication en collaboration [avec des partenaires étrangers] », qui vise à tirer parti et à intégrer les technologies nationales et surtout étrangères, et ainsi, « accélérer le développement de l’Internet industriel » – ce qui n’est pas sans rappeler le rôle de leader mondial de la Chine dans le développement de l’IPv6 (Internet Protocol version 6). Les partenariats ont des visées « doubles » lorsqu’il s’agit de financement de la recherche par le gouvernement américain. Par exemple, des fonds des Instituts de santé américains (NIH) ont servi à financer la collaboration entre EcoHealth Alliance dirigé par le Dr Peter Daszak et l’Institut de virologie de Wuhan (WIV).
Collaborations universitaires
Les relations avec les universités étrangères sont encouragées afin d’accéder aux technologies étrangères. L’un des aspects incontournables de ces relations est la promotion d’échanges internationaux de professeurs et d’étudiants, en lien avec le programme « Mille talents », qui vise à attirer des scientifiques, des ingénieurs et des instructeurs étrangers en vue de pouvoir les observer pour le compte du ministère de l’Éducation et du ministère de la Sécurité nationale.
Le transfert de fonds, la valorisation des qualifications, autant de moyens pour approfondir les échanges académiques et la coopération.
Les investissements scientifiques et technologiques
Le régime chinois investit des fonds dans le développement scientifique et technologique des pays étrangers dès qu’il a besoin de combler ses propres lacunes. Les secteurs ciblés sont les suivants : technologies de l’information, cybersécurité, techniques de fabrication avancées, technologies de défense, technologies énergétiques (en particulier les technologies « vertes »). Un autre rapport de l’USCC constitue un bon inventaire des investissements chinois scientifiques et technologiques et de la stratégie du PCC qui les accompagne.
Fusions et acquisitions
Le régime chinois finance des investissements directs étrangers et investit dans des entreprises occidentales afin d’acquérir des technologies de pointe et de récupérer les brevets. Les Chinois opérant pour le Parti procèdent à des acquisitions stratégiques d’entreprises étrangères primordiales pour gagner des parts de marché et accéder aux technologies clés. Il s’agit également d’étendre subtilement la culture du Parti.
Programmes de recrutement de talents
Pour accéder à leurs connaissances et à leurs innovations technologiques, le régime chinois offre aux scientifiques et ingénieurs étrangers des bourses de recherche et des congés sabbatiques rémunérés. L’objectif est de recruter des experts et des entrepreneurs chinois et étrangers dans des secteurs économiques essentiels pour enseigner et travailler en Chine.
Conclusion
Le PCC mène une campagne d’espionnage économique solide, bien coordonnée et soutenue. Elle cible la propriété intellectuelle, les technologies et les industries occidentales. Cette campagne constitue le véritable moteur de la croissance économique continue de la Chine et se fait souvent grâce au soutien des nations étrangères et à leurs dépens.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
Rejoignez-nous sur Télégram pour des informations libres et non censurées :
? t.me/Epochtimesfrance
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.