L’Est de l’Ukraine, désormais cible prioritaire du Kremlin, a appelé sa population civile à fuir les combats qui s’annoncent, en dépit de nouvelles sanctions américaines « dévastatrices » contre la Russie.
Les forces russes ont bombardé mercredi plusieurs localités dans l’Est de l’Ukraine, dont Severodonetsk ou Rubizhne, faisant au moins un mort, a dénoncé mercredi soir le gouverneur de la région de Lougansk (est), encore sous contrôle ukrainien, Serguiï Gaïdaï.
« Je demande aux gens d’évacuer, parce que nous voyons clairement qu’avant de passer à l’offensive totale, l’ennemi va juste détruire complètement tous ces endroits », a-t-il déclaré, interrogé par une chaîne de télévision ukrainienne. « S’il-vous-plaît, partez » pendant qu’il en est encore temps, a-t-il insisté.
Militaires russes lors de l’opération dans les environs de Severodonetsk
« Nous n’avons nulle part où aller, ça fait des jours que c’est comme ça », a déploré auprès de l’AFP mercredi un habitant de Severodonetsk, Volodymyr, 38 ans, devant le spectacle d’un bâtiment en flammes. « Je ne sais pas pour qui est cette guerre, mais nous, nous sommes là sous les bombes… »
Russian and republican military during the operation in the vicinity of Severodonetsk.#Russian #Rusia #Ukrainian pic.twitter.com/iaMc03KZ68
— كليك نيوز (@Click_Syria) April 6, 2022
Evacuer la région « immédiatement »
La vice-Première ministre Iryna Verechtchouk a également lancé depuis Kiev mercredi un appel aux habitants de l’est du pays à évacuer la région « immédiatement », en raison des craintes d’une offensive majeure de l’armée russe sur le Donbass (est) dont la Russie a désormais fait sa cible numéro un.
Il faut partir « maintenant » sous peine de « risquer la mort » dans les prochains jours, a-t-elle aussi insisté. Si l’armée russe lançait une attaque d’importance dans la région, « nous ne pourrions plus aider » la population, a-t-elle alerté.
Organisation des couloirs humanitaires
« Il faut évacuer tant que cette possibilité existe. Pour l’instant, elle existe encore », a insisté Mme Verechtchouk, qui coordonne l’organisation des couloirs humanitaires depuis le début de l’invasion russe le 24 février.
???? #UkraineRussiaWar A #Marioupol, les derniers combats se concentrent le long du port et de la plus grande usine de la ville.
►Le reste de la ville est sous le contrôle des séparatistes.
►Notre envoyée spéciale @anissaeljabri s’y est rendue avec leurs soldats. #RFImatin ? pic.twitter.com/m2L5YlzsZV— RFI (@RFI) April 7, 2022
Au moins deux cars affrétés par les autorités ont évacué mercredi quelques dizaines de personnes, pour l’essentiel âgées.
Pavlo Kirilenko, gouverneur de la région de Donetsk encore sous contrôle ukrainien, a assuré mercredi que la population commençait à répondre aux appels d’évacuation. « Ils écoutent. La route (pour l’évacuation) est plus empruntée », a-t-il affirmé dans une vidéo postée sur sa page Facebook.
Convoi de sept autobus et d’environ 40 véhicules privés
Les autorités ukrainiennes redoutent dans l’est du pays une situation analogue à celle de Marioupol dans le sud, où des milliers de personnes encore bloquées dans cette ville assiégée et bombardée depuis des semaines, vivent un enfer.
Un convoi de sept autobus et d’environ 40 véhicules privés sous protection du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est arrivé mercredi du sud-est de l’Ukraine à Zaporojie (sud), a constaté une journaliste de l’AFP.
???? #UkraineRussiaWar #Poutine continue de présenter les massacres de #Boutcha comme une mise en scène orchestrée par les Ukrainiens.
►Les renseignements allemands confirment aussi la version d’un massacre de civils perpétré par les Russes.
? Point N. Versieux #RFImatin ? pic.twitter.com/89Ap3sSIus— RFI (@RFI) April 7, 2022
« Ceux qui faisaient partie du convoi avaient réussi à fuir Marioupol », a expliqué la Croix-Rouge, dont l’une des équipes chargées d’aider à évacuer les civils avait été « retenue » lundi par la police dans une localité sous contrôle russe, contrainte ensuite de rebrousser chemin.
« Pas de nourriture, pas d’eau, pas d’électricité »
« Ces gens ont vraiment vécu le pire », a déclaré à l’AFP Lucile Marbeau, porte-parole du CICR.
« Nous entendons des gens dire qu’ils ont dû quitter Marioupol à pied. Là-bas, à Marioupol, il n’y a toujours pas de nourriture, pas d’eau, pas d’électricité ».
« Il y a eu de très gros bombardements. C’est pourquoi nous avons été retardés », a raconté l’une des personnes évacuées, Iryna Nikolaïenko, qui a pu se frayer un chemin hors de cette cité portuaire pendant une pause dans les combats.
« Des dizaines de milliers de victimes dans la population civile de Marioupol »
« Il y a une semaine, des estimations prudentes faisaient état d’un bilan de 5.000 morts », a écrit mercredi sur la messagerie Telegram le conseil municipal de Marioupol.
« Mais étant donné la taille de la ville, les destructions catastrophiques, la durée du blocus et la résistance acharnée, il pourrait y avoir des dizaines de milliers de victimes dans la population civile de Marioupol », a-t-il averti.
Depuis le début de la #guerre en #Ukraine, les civils sont contraints de fuir ou de se terrer. À #Tchouhouiv, près de #Kharkiv, nos envoyés spéciaux ont partagé quelques heures avec les habitants, qui vivent dans la peur des bombardements@romlanglois @AbidAchrafprod @cntrentF24 pic.twitter.com/GKJvSHVErl
— FRANCE 24 Français (@France24_fr) April 7, 2022
La Russie accusée de « crimes de guerre »
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé mercredi la Russie de bloquer l’accès humanitaire à Marioupol pour dissimuler les « milliers » de victimes dans cette ville.
« Je pense que l’une des principales raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas faire entrer d’aide humanitaire dans Marioupol est que, tant que tout n’a pas été +nettoyé+ par les soldats russes, ils ont peur que le monde voie ce qu’il s’y passe », a déclaré M. Zelensky dans un entretien avec la chaîne de télévision turque Habertürk.
La Russie a été accusée de « crimes de guerre » après la découverte de dizaines de cadavres dans plusieurs localités près de Kiev, dont Boutcha, après le retrait des forces russes.
« Ce qui se passe, ce n’est rien de moins que des crimes de guerre majeurs. Les nations responsables doivent s’unir pour que les responsables rendent des comptes », a dit mercredi le président américain Joe Biden à Washington, en promettant « d’étouffer pour des années » le développement économique de la Russie.
Nouvelle volée de sanctions économiques et financières contre la Russie
Les Etats-Unis ont annoncé mercredi une nouvelle volée de sanctions économiques et financières contre la Russie, qu’ils qualifient de « dévastatrices » et qui visent notamment les grandes banques et les filles du président russe Vladimir Poutine.
Selon Washington, la Russie pourrait voir son économie s’effondrer de quelque 15% cette année.
En plus d’interdire tous les nouveaux investissements en Russie, une mesure connue depuis mardi, l’exécutif américain va imposer les contraintes les plus sévères qui soient à l’incontournable banque publique Sberbank et à la plus grande banque privée du pays, Alfa Bank.
Prendre des sanctions sur le pétrole et le gaz russes
Et en Europe, le président du Conseil européen Charles Michel a estimé mercredi que l’UE devrait « tôt ou tard » prendre des sanctions sur le pétrole et le gaz russes.
Plusieurs pays européens très dépendants du gaz russe, Allemagne en tête, sont toutefois très réticents à une telle mesure qui pénaliserait lourdement leurs économies.
Risque de défaut, effondrement du secteur automobile, inflation… Après des semaines de sanctions de plus en plus dures, l’économie russe commence à se fissurer, selon des données publiées mercredi.
Le conflit ne donne aucun signe d’affaiblissement
Pour Timothy Ash, analyste de Blue Bay Asset, « Poutine appauvrit la Russie pour des années ».
Le conflit ne donne aucun signe d’affaiblissement. L’Otan a discuté du sujet à l’occasion d’une réunion qui s’est ouverte mercredi à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l’Alliance.
« La guerre peut durer longtemps, plusieurs mois, voire des années. Et c’est la raison pour laquelle nous devons être préparés à un long parcours en ce qui concerne le soutien à l’Ukraine, le maintien des sanctions et le renforcement de nos défenses », a déclaré en ouverture son secrétaire général Jens Stoltenberg.
***
Chers lecteurs,
Abonnez‑vous à nos newsletters pour recevoir notre sélection d’articles sur l’actualité.
https://www.epochtimes.fr/newsletter
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.