Si les tarifs douaniers de l’administration Trump et les réactions de Pékin à leur égard ont fait la une des journaux, la Chine a également dû réagir aux restrictions européennes sur ses exportations.
Il y a quelques mois, l’Union européenne (UE) a imposé des droits de douane élevés sur les voitures électriques (VE) fabriquées en Chine, estimant qu’elles bénéficiaient d’un avantage commercial déloyal, car Pékin subventionne leur fabrication. Au cours des dernières semaines, l’État-parti chinois a réagi. Il a émis des plaintes et des menaces habituelles, mais a fait preuve de beaucoup plus de retenue qu’il ne l’aurait fait par le passé. L’économie chinoise, aujourd’hui assez fragile, constitue une base peu solide pour mener activement une guerre commerciale avec les Américains, les Japonais et, maintenant, les Européens.
Les administrateurs de l’UE ont commencé à agir à la fin de l’année dernière. Les constructeurs automobiles européens se sont plaints de l’afflux sur le continent de voitures électriques bon marché fabriquées en Chine. Les fonctionnaires de Bruxelles ont mené une enquête et ont déterminé que cette inondation du marché par les VE chinoises n’éclipsait pas seulement les ventes des voitures européennes, mais qu’elle entravait également le développement de la production de VE en Europe.
En vertu de ce que l’UE appelle le « règlement sur les subventions étrangères », Bruxelles a déterminé que Pékin subventionnait effectivement la fabrication de VE. En réponse, l’UE a augmenté les droits de douane sur ces voitures de 3,5 % à près de 30 %. En même temps, Bruxelles a également commencé à enquêter sur les trains, les panneaux solaires et les équipements de sécurité chinois, menaçant implicitement d’imposer des droits de douane sur ces produits, sans toutefois le faire.
Les fabricants chinois de voitures électriques ont déposé des plaintes en Europe pour contester ces droits de douane, tandis que Pékin a publié une réponse officielle et a lancé ses propres enquêtes sur les produits européens importés en Chine – notamment le cognac, la viande de porc et les voitures de luxe. La Chine a imposé ce qu’elle appelle un droit de douane temporaire sur les importations de cognac.
Le ministère chinois du Commerce a récemment publié un document de 20 pages résumant ses conclusions. Ce document met l’accent sur le fardeau que les enquêteurs européens ont fait peser sur les entreprises chinoises concernées, notamment en leur demandant de nombreuses informations et en procédant à des inspections surprises. Le ministre note que plusieurs entreprises chinoises ont dû se retirer de projets pour lesquels elles avaient signé des contrats, subissant des pertes de quelque 15,6 milliards de yuans (environ 2 milliards d’euros). Le ministère s’est également plaint du fait que les Européens, dans leurs accusations, ne définissaient pas correctement les termes « subventions étrangères » et « distorsion du marché ».
Les Européens ont répondu en vantant l’intégrité de leurs lois et en insistant sur le fait que leur enquête avait besoin de demandes d’information et d’inspections.
Malgré le ton assez grincheux du rapport de son ministère du Commerce, Pékin a jusqu’à présent gardé le silence sur l’affaire. Dans le passé, on aurait pu assister à des menaces de représailles audacieuses et au dépôt de plaintes auprès de l’Organisation mondiale du commerce et d’autres organismes internationaux. Mais rien de tout cela ne s’est produit, du moins pas encore. Même si Pékin s’est plaint, les droits de douane sur le cognac européen ne constituent pas une réponse proportionnée aux tarifs douaniers de l’UE sur les VE chinoises importées dans ses 27 pays membres.
La Chine a fait preuve d’une modération similaire face aux séries d’augmentations tarifaires imposées par les États-Unis sur un large éventail de produits chinois. Pékin a imposé des droits de douane de 10 à 15 % sur le charbon américain, le gaz naturel liquéfié (GNL), le pétrole brut, les camionnettes, les machines agricoles, certains produits agricoles et les véhicules aux moteurs d’une puissance élevée. Mais cela ne concernait que 35 milliards de dollars d’exportations américaines, alors que les droits de douane américains affectaient l’équivalent de quelque 525 milliards de dollars d’exportations chinoises.
Compte tenu de la situation actuelle, il est probable que Pékin adopte une approche plus prudente. Les autorités chinoises savent qu’une tactique agressive de leur part pourrait facilement susciter davantage d’hostilité de la part du reste du monde développé. Le Parti communiste chinois est également conscient du fait que son économie nationale fragile est mal préparée à une guerre commerciale avec une grande partie du reste du monde.
Après tout, face à des efforts relativement communs des États-Unis, de l’Europe et du Japon pour contrer les pratiques commerciales déloyales chinoises, l’économie chinoise est confrontée à un ralentissement du rythme de croissance à l’intérieur du pays, à des dépenses des consommateurs chinois inadéquates, à de faibles taux des dépenses en capital privé, à des entrées limitées de fonds d’investissement étrangers, à un énorme surendettement des gouvernements locaux, à des pressions déflationnistes et, bien sûr, à la crise immobilière en cours.
L’État-parti n’a guère d’autre choix que de faire preuve de retenue. Il sait qu’il pourrait perdre.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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