L’Europe pose un ultimatum à l’Espagne, qui a deux mois pour rendre ses autoroutes payantes

Par Robin Lefebvre
19 décembre 2024 12:05 Mis à jour: 19 décembre 2024 12:05

L’Espagne est sous la pression de la Commission européenne. Le principal organe exécutif de l’UE vient de lancer un ultimatum au gouvernement espagnol, qui a deux mois pour mettre fin aux autoroutes gratuites.

La décision en 2018 du socialiste Pedro Sánchez de rendre gratuites les autoroutes espagnoles ne passe plus auprès de la Commission européenne, qui a décidé de taper du poing sur la table. En effet, le gouvernement espagnol s’était engagé auprès du principal organe exécutif européen à adopter une loi sur la mobilité durable et le financement des transports. Et donc de revenir à des autoroutes payantes à partir de… 2024.

Ne voyant toujours pas le début d’un commencement d’action en cette fin d’année, la Commission a vu rouge et a lancé à un ultimatum à ce pays qui bénéficie de son plan de relance depuis la crise sanitaire. L’aide n’étant pas gratuite, l’entité européenne a donné deux mois à l’Espagne pour respecter sa promesse, rapporte L’Indépendant.

La menace de la CJUE

Comme le rappellent nos confrères, le nouveau règlement européen oblige les États membres à inclure les coûts environnementaux de la pollution atmosphérique dans leurs systèmes de tarification afin d’établir des redevances basées sur les émissions de CO2 d’un véhicule, afin de réduire les émissions et d’encourager une mobilité plus durable. L’idée est également de garantir un réseau routier plus efficace.

L’Espagne n’est pas le seul pays à ne pas respecter le règlement. La Commission a également rappelé à l’ordre le Portugal, Malte, le Luxembourg, la Pologne, l’Italie, la Grèce et la Bulgarie, qui n’ont pas respecté la date limite de mars 2024. Le règlement, modifié en 2022, étend son application aux petits camions, aux autocars, aux autobus et aux voitures particulières, ce qui provoque la grogne de plusieurs pays.

Si l’Espagne avait l’ambition de jouer les fortes têtes, la Commission n’aurait aucun état d’âme à porter l’affaire devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), ce qui pourrait entraîner des amendes de plusieurs millions d’euros ou des remboursements de son plan d’aide.

Une alternative au retour des péages difficile à trouver

En septembre 2023, le pays de Cervantès avait tenté d’imaginer un plan qui aurait permis d’éviter le retour des péages sans impacter le pouvoir d’achat des particuliers. L’idée était tout simplement de réduire drastiquement les émissions de CO2 du transport routier avec des mesures qui encouragent le transport ferroviaire de marchandises. Mais ce dernier est tombé à l’eau.

La mise en place de péages serait un changement majeur pour les principales routes à grande capacité qui ont été libérées des péages en 2021, telles que l’AP-7 (de La Jonquera à Tarragone) ou la C-32 (section nord entre Barcelone et Blanes). D’autres routes importantes, comme l’AP-2 et la C-33, pourraient aussi réintroduire des systèmes de péage, ce qui aurait un impact significatif sur les automobilistes catalans qui bénéficient de la gratuité des routes depuis quelques années.

L’introduction de vignettes (une sorte de carte d’utilisation basée sur la durée – hebdomadaire, mensuelle, etc.), considérées comme un système plus équitable que les anciens péages, a déjà été débattue par la Generalitat (Parlement de Catalogne) par le passé, mais la mesure continue d’engendrer des divisions entre les administrations et les usagers.

En tout et pour tout, il ne reste en Espagne que 1435 kilomètres de routes à péage, soit moins de 10 % du total des routes à grande capacité. À noter qu’en Catalogne, l’autoroute AP-7 a vu sa fréquentation bondir avec + 40% de véhicules et + 80% de camions depuis sa gratuité.

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