Politiciens et internautes irakiens se sont insurgés après la mise à l’écart par le Premier ministre du général Abdel Wahab al-Saadi, « héros » de la reprise de Mossoul aux jihadistes à la tête du contre-terrorisme, unités d’élite créées et armées par les Américains.
Pour de nombreux observateurs, cette décision -pour laquelle aucune raison n’est donnée dans la décision du Premier ministre- illustre les divisions dans un pays où les dirigeants dénoncent allégeances à l’étranger et ingérences jusque dans l’armée, notamment des Américains via le contre-terrorisme et de l’Iran via le Hachd al-Chaabi, force devenue régulière formée de nombreuses milices chiites.
Une source gouvernementale a assuré à l’AFP que deux influents chefs de milices du Hachd avaient « personnellement fait pression » car leurs factions « opèrent hors du contrôle de l’Etat et l’unique obstacle (qui se dresse face à elles) est le contre-terrorisme ».
« L’idée, c’est de le remplacer par une personnalité proche de l’Iran et que les milices n’aient plus le contre-terrorisme à dos », explique-t-elle, sous le couvert de l’anonymat.
Ecarter le général Saadi est « le début du démembrement de l’armée pour la remettre ensuite au Hachd al-Chaabi et aux factions armées », abonde le politicien indépendant Ghaleb al-Chabandar.
A Bassora, à la pointe sud du pays, à Bagdad et à Mossoul où une statue du général Saadi a été érigée, mais jamais dévoilée en raison de divergences dans la ville, des appels à manifester ont émergé en soutien au commandant militaire, pour lequel un hashtag « Nous sommes tous Abdel Wahab al-Saadi » a été lancé sur Twitter.
De nombreux internautes partageaient ses photos ou des vidéos le montrant aidant des civils au milieu des combats.
« Il avait gagné l’amitié des gens mais la haine des politiciens », affirme l’un d’eux, « il n’y a plus de place pour les patriotes dans ce pays », écrit un autre, alors que beaucoup saluent un « héros ».
Dès l’annonce de la réaffectation du général Saadi au ministère de la Défense, avec grade et solde mais sans aucune prérogative, ce dernier s’est épanché dans les médias, disant rejeter cette « insulte », « même au prix de (sa) vie ».
L’homme avait mené ses troupes pour reprendre plusieurs villes symboliques en Irak: Baïji et Tikrit en 2015, puis Fallouja avant de commander les opérations à Mossoul.
L’ex-ministre de la Défense Khaled al-Obeïdi, désormais député, a assuré que le Parlement allait réclamer les raisons de cette mise à l’écart « d’un des symboles de la victoire en Irak ».
Pour Hicham al-Hachémi, spécialiste des mouvements jihadistes, « alors que la guerre contre l’EI se poursuit, cette décision renforce le moral de l’ennemi et affaiblit la confiance des Irakiens dans leur armée ».
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