L’état d’urgence sera levé mardi matin en Nouvelle-Calédonie, a annoncé l’Élysée, un calme relatif s’installant lundi à Nouméa et son agglomération après deux semaines d’émeutes et de tensions.
La levée de ces mesures d’exception programmée lundi à 20h00 heure de Paris, mardi 5h00 à Nouméa, doit « permettre les réunions des différentes composantes du FLNKS (principal mouvement indépendantiste, ndlr) et les déplacements sur les barrages des élus ou responsables en mesure d’appeler à leur levée », a expliqué la présidence dans un communiqué.
Parallèlement, l’Élysée a annoncé l’envoi « dans les prochaines heures » de « sept unités de forces mobiles supplémentaires, soit 480 gendarmes mobiles ». Au total, quelque 3 500 effectifs de forces de sécurité seront déployés sur l’archipel, où deux gendarmes sont morts durant les émeutes. L’état d’urgence avait été instauré le 15 mai (heure de Paris, le 16 à Nouméa), après des violences qui ont continué et fait au total sept morts.
Leur détonateur a été l’examen puis l’adoption à Paris d’une réforme prévoyant le dégel du corps électoral local, c’est-à-dire son élargissement aux personnes établies depuis au moins dix ans. Les partisans de l’indépendance jugent que ce dégel risque de « minoriser » encore plus le peuple autochtone kanak.
Une nuit calme
La nuit de dimanche à lundi dans Nouméa et son agglomération a été relativement calme, malgré des traces d’échauffourées visibles dans le quartier pauvre de la Vallée-du-Tir, a constaté une journaliste de l’AFP. Dans Nouméa, le trafic reprenait lundi avec de longs embouteillages, signe d’un certain retour à la normale.
Ailleurs, de nombreux barrages ont été déblayés, d’autres sont toujours en place mais sont désertés. Certains enfin sont toujours occupés et la situation reste difficile dans quelques quartiers, même si leur nombre diminue progressivement.
La route qui mène à l’aéroport international de Nouméa – La Tontouta, très dégradée par endroits, reste notamment jonchée de carcasses de véhicules: conséquence, l’aéroport restera fermé aux vols commerciaux jusqu’au 2 juin, au moins. Cela portera à près de trois semaines la fermeture de l’aéroport, décidée au début des émeutes.
La Tontouta, 50 kilomètres au nord de Nouméa, est elle aussi très impactée par la crise. « On travaille mais sans ravitaillement, il n’y a rien à faire », dit à l’AFP Kila Thomas, un employé de supermarché de 58 ans, ajoutant que sa famille survit grâce à leurs réserves alimentaires et se déplace à pied en raison des pénuries de carburant et des barrages.
Français et touristes étrangers coincés sur l’archipel devraient continuer à être évacués depuis l’aérodrome de Magenta via des vols militaires affrétés par la France, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande. Lundi, ce sont les Polynésiens coincés en Nouvelle-Calédonie depuis deux semaines qui devraient pouvoir rentrer chez eux.
Priorité à un « accord global »
En déplacement à Berlin dimanche, Emmanuel Macron a par ailleurs nuancé ses propos au Parisien publiés la veille sur la possibilité d’organiser un référendum national sur le dégel du corps électoral. Cette possibilité relève d’une simple « lecture de la Constitution » et n’est « pas une intention », a-t-il assuré. Le chef de l’État, qui s’est déplacé jeudi en Nouvelle-Calédonie, veut donner priorité à un « accord global » sur ce dégel et l’avenir du territoire entre élus calédoniens loyalistes et indépendantistes, à qui il a donné jusqu’à fin juin pour s’entendre.
Sur le terrain, les routes d’accès au Médipôle, le centre hospitalier en banlieue de Nouméa, sont désormais sécurisées, ce qui devrait permettre une meilleure prise en charge des malades.
Le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) a admis samedi dans un communiqué qu’« aujourd’hui, l’objectif principal du mouvement indépendantiste est d’apaiser les tensions et de trouver des solutions durables pour notre pays ».
Les indépendantistes réclament toujours le retrait de la réforme constitutionnelle, qui a provoqué les pires violences en 40 ans et réveillé le spectre des « Événements » qui, de 1984 à 1988, avaient fait près de 80 morts et craindre la plongée de la Nouvelle-Calédonie dans la guerre civile.
Le bilan des violences est passé vendredi à sept décès, avec la mort d’un homme de 48 ans tué par un policier qui n’était pas en service. Ce dernier a été mis en examen pour coups mortels aggravés par l’usage d’une arme et placé sous contrôle judiciaire.
Il a reconnu lors de sa garde à vue « avoir tiré un seul coup de feu, dans un geste réflexe pour se défendre », dans un « contexte de forte hostilité » contre lui et un collègue alors qu’ils se dirigeaient vers le Médipôle et que leur véhicule a été caillassé par un « groupe de 40 à 50 personnes », selon le parquet de Nouméa.
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