L’ancien tout-puissant directeur de l’Institut Montaigne Laurent Bigorgne s’est désisté de son appel, rendant définitive sa condamnation à Paris à un an de prison avec sursis pour avoir drogué à son insu une ex-collaboratrice lors d’une soirée, selon une décision consultée vendredi par l’AFP.
Lors d’un dîner chez son supérieur hiérarchique et ex-beau frère en février 2022, Sophie Conrad s’était sentie mal après avoir bu une demi-coupe de champagne. La responsable du pôle politique publique de l’Institut était parvenue à quitter les lieux pour se rendre à l’hôpital. Les expertises avaient montré que Laurent Bigorgne avait versé de la MDMA, une drogue de synthèse, dans le verre de sa collaboratrice, ce qu’il a reconnu en garde à vue.
À rebours du parquet, le tribunal a retenu dans sa décision le 8 décembre, une intention sexuelle, estimant que Laurent Bigorgne avait voulu « commettre à son égard un viol ou une agression sexuelle ». À la barre, il avait expliqué son acte « infâme, odieux et lâche » par son espoir que Sophie Conrad « entende » et « écoute » sa « grave dérive » de toxicomane, affirmant consommer jusqu’à « quatre grammes par jour » de cocaïne.
Mais « je n’ai jamais touché Sophie, je n’aurais jamais, jamais abusé d’elle », avait assuré Laurent Bigorgne, homme de réseaux proche d’Emmanuel Macron, qui avait démissionné du cercle de réflexion libéral après la révélation des faits.
Une autre enquête en cours
Dans son jugement, le tribunal avait plutôt considéré que le patron de l’Institut Montaigne, qui ne pouvait « ignorer le caractère sexuellement désinhibant d’une telle drogue », ne pouvait « sérieusement invoquer le fait que l’administration de MDMA était destinée à discuter », alors qu’il n’y avait « aucune difficulté sur ce plan dans les relations entre les deux protagonistes ». Laurent Bigorgne avait immédiatement annoncé, par la voix de son avocat Sébastien Schapira, faire appel de cette « décision incohérente ». M. Schapira n’a pas souhaité commenté le désistement de son client.
« Cette affaire fut épique en terme de rapport de force avec le parquet et le gouvernement qui ont tout fait pour le protéger. C’est ce chemin qu’il faut suivre en matière de violences sexuelles », a réagi l’avocat de Mme Conrad, Arié Alimi. La décision du tribunal de retenir l’intention sexuelle avait amené Mme Conrad à déposer une plainte distincte pour « tentative de viol ». L’enquête est toujours en cours.
Une autre plainte, accusant les enquêteurs parisiens de partialité dans ce dossier, a été confiée début janvier à un juge d’instruction lillois.
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