L’exécutif veut accélérer sur les réformes pour tenter de relancer le quinquennat

Par Epoch Times avec AFP
18 avril 2023 13:25 Mis à jour: 18 avril 2023 13:27

L’exécutif a affiché mardi sa volonté d’accélérer sur l’immigration ou le pouvoir d’achat, une tâche qui s’annonce très compliquée au lendemain d’une allocution d’Emmanuel Macron qui laisse sur sa faim le camp des opposants à la réforme des retraites. Le chef de l’État, déterminé à reprendre l’initiative, s’est donné lundi « 100 jours » pour agir « au service de la France ».

Faute de recevoir les syndicats, qui ont décliné son invitation, il accueille à 11h00 les représentants du patronat, eux-mêmes assez circonspects quant à l’objectif de boucler des mesures d’ici au 14 juillet. « Le dialogue social ça prend du temps », a réagi lundi soir le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, laissant présager que le patronat ne se laisserait pas imposer de calendrier.

Les syndicats, qui espèrent une démonstration de force dans la rue le 1er mai, ont demandé un « délai de décence » avant d’éventuellement revenir négocier. Mais le gouvernement, dont les ténors ont ratissé les matinales de radio et télé mardi, espère tourner au plus vite la page des retraites et prépare son offensive post-crise.

Les chantiers que s’est donné le gouvernement 

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a souhaité « un projet de loi fort » sur l’immigration, ajourné pour cause de contestation sociale et en l’absence de garantie du vote LR. « Je suis sûr qu’avec les Républicains on peut s’entendre sur cette question », s’est-il avancé. Des voix LR avaient pourtant manqué pour le projet de loi reportant l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. L’exécutif avait dû engager la responsabilité du gouvernement, sauvé à 9 voix près.

De son côté, le ministre du Budget Gabriel Attal s’est engagé à « continuer à bâtir un plan Marshall pour les classes moyennes », avec « des mesures pour mieux vivre de son travail » mais aussi « un meilleur accès au service public ».

Même sur la dette, le ministre des Finances Bruno Le Maire a annoncé qu’il entendait « accélérer le rythme de désendettement » de la France pour éviter de « jeter l’argent par les fenêtres » en période de forte remontée des taux d’intérêts.

Le président a également évoqué des mesures sur la santé, l’éducation ou la lutte contre la délinquance et la fraude et Élisabeth Borne présentera sa feuille de route la semaine prochaine en Conseil des ministres, selon son entourage.

Tentative de se rattraper après l’échec de la retraite

Une manière d’occuper le terrain pour passer enfin à la suite d’un deuxième quinquennat entravé par la crise politique et sociale des retraites ? « Restreindre les préoccupations des Français à la seule question des retraites, ce serait ça être à côté de la plaque », a affirmé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, résumant l’état d’esprit d’un exécutif qui rêve de fermer cette parenthèse.

Car la contestation reste forte malgré la validation de la loi par le Conseil constitutionnel et sa promulgation dans la foulée. Selon le ministère de l’Intérieur, 24.000 personnes ont manifesté lundi soir en France pendant l’allocution du président Macron, en tapant sur des casseroles. À Lyon, Caen ou Paris, certains rassemblements ont donné lieu à des dégradations et 60 personnes ont été arrêtées, selon le ministère de l’Intérieur.

Les syndicats et oppositions mécontents de ces annonces

Près de 15,1 millions de téléspectateurs selon Mediamétrie ont cependant regardé le président, adepte de ce type de prise de parole, sans questions ni contradiction. Immédiatement après son allocution, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a fustigé « un discours de la méthode pour une dixième fois mais rien de concret ». « On ne répond pas quand on nous siffle », s’est-il agacé admettant néanmoins que son syndicat retournerait « un jour ou l’autre » à la table des négociations.

« Dans les chantiers qu’il nous liste je vois soit des choses très concrètes qui divisent profondément », comme la réforme des lycées professionnels ou le RSA, ou des points « totalement obscurs et très généraux » comme sur les salaires, a critiqué son homologue à la CGT Sophie Binet.

Les oppositions également ne désarment pas. « Nous continuerons de nous battre », a promis mardi Fabien Roussel (PCF). Le « rapport de force social » lors de la mobilisation du 1er mai sera crucial, a abondé Clémentine Autain (LFI). « Il doit être le seul en France à croire que cette intervention (…) va servir à quelque chose », a ironisé sur France Inter Jean-Philippe Tanguy (RN).

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