TRADITIONS CHINOISES

À propos de l’expression chinoise : « Perdre un poil du dos de neuf bœufs » – 九牛一毛

juin 19, 2016 17:16, Last Updated: juin 21, 2016 11:08
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Durant le règne de l’empereur Wu de la dynastie Han, il y avait un général nommé Li Ling célèbre pour sa bravoure et sa compétence au combat. Le général Li Ling fut désigné pour mener une armée contre les Xiongnu, les ennemis de la Chine au Nord. Bataille après bataille, il battit les Xiongnu et remporta la victoire pour les Han.

De retour à la capitale, l’empereur Wu applaudit Li Ling pour son service et les seigneurs et officiels l’approuvèrent, louant l’empereur d’avoir choisi un général si brillant.

Cependant, en 99 av. J.C. , la rumeur atteignit la capitale comme quoi le général Li aurait été vaincu et se serait rendu aux Xiongnu. L’empereur Wu était furieux et traita le général Li de traître. La cour était de nouveau d’accord avec l’empereur, le dénonçant comme un général déloyal et imprudent.

Sima Qian (司馬遷), l’historien impérial, était le seul à n’avoir rien dit. Remarquant cela, l’empereur Wu demanda à Sima Qian son opinion du général Li.

« Empereur, » dit Sima Qian, « le général Li courait d’énormes risques. Alors qu’il n’avait que 5 000 hommes, les Xiongnu avaient près de 80 000 cavaliers. Malgré les risques, il a combattu avec beaucoup de courage pendant plus de 10 jours avant de se rendre. Pendant ce temps, il réussit à blesser près de 10 000 soldats Xiongnu. Cela relève d’une grande bravoure, pas de l’imprudence. »

En fait, le général Li s’est rendu lorsqu’il vit que les Xiongnu n’avaient laissé aucune route lui permettant de s’échapper et que ses troupes manquaient de provisions. Il s’est rendu en attendant une meilleur opportunité de frapper à nouveau.

Sima Qian ajouta que le général Li Ling était bien plus talentueux que le général Li Guangli, un proche de l’empereur. Entendant cela et réalisant que Sima Qian n’était pas d’accord avec lui, l’empereur Wu entra dans une colère noire et fit emprisonner Sima Qian dans l’attente de son exécution.

Un an plus tard, des rumeurs se firent entendre à la cour selon lesquelles le général Li Ling aiderait les Xiongnu et entraînerait même leurs troupes. En l’apprenant, et sans même se soucier de l’authenticité des rumeurs, l’empereur Wu fit exécuter la mère et l’épouse du général Li. Sima Qian fut également impliqué pour avoir prétendument critiqué l’empereur en réponse à cet incident et fut condamné à la castration.

La plupart des hommes de l’époque se seraient plus volontiers suicidés plutôt que d’avoir à endurer l’humiliation de la castration, mais Sima Qian avait promis à son père de terminer un livre d’histoire retraçant toute l’histoire de la Chine.

Cette promesse et la pensée qu’étant un homme parmi tant d’autres, commettre le suicide serait comme « neuf bœufs perdant un poil », un incident sans gravité, ont fait décidé Sima Qian d’endurer l’humiliation de la castration et de continuer à écrire le Shi Ji (史記), ou « Mémoires du Grand Historien ».

九牛一毛 (jiǔ niú yī máo) ou « Neuf bœufs perdant un poil » est utilisé pour décrire une situation qui n’est somme toute pas si grave. Il est similaire à l’idiome français « une goutte dans l’océan ».

Cette histoire enseigne également aux gens l’importance de se concentrer sur une vision à grande échelle plutôt que sur les petits tracas de la vie, comme cela est dit dans l’idiome 豹死留皮, 人死留名 (bào sǐ liú pí, rén sǐ liú míng) qui signifie que quand un léopard meurt, il laisse sa peau, mais que quand un homme meurt, il laisse sa réputation.

Version originale : Chinese Idioms: Losing a Single Hair from the Backs of Nine Oxen (九牛一毛)

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