L’extraction d’huile – le « oil pulling »- une pratique ancienne aux bienfaits modernes pour la santé

L'extraction d'huile, ou "oil pulling," est un remède qui a fait ses preuves et qui, selon des recherches scientifiques, est aussi efficace qu'un bain de bouche à la chlorhexidine, mais sans effets indésirables

Par Alexandra Roach
20 août 2024 23:49 Mis à jour: 21 août 2024 00:42

« Pseudoscience  » ou « charlatanisme » sont quelques-uns des qualificatifs que les détracteurs attribuent à l’extraction d’huile ou « oil pulling ». Bien qu’il ne doive pas remplacer le brossage des dents, un nombre croissant de scientifiques s’accordent à dire que cette intervention peu coûteuse pour lutter contre les maladies des gencives et promouvoir le bien-être général présente des avantages pour la santé bucco-dentaire.

Datant de 300 à 5000 ans, l’extraction d’huile est issue de la tradition médicale indienne de l’Ayurveda. Nommé « oil pulling »  de nos jours, il s’agit d’une technique de bain de bouche avec une huile végétale, le plus souvent à l’huile de coco ou à l’huile de sésame.

Les partisans du « oil pulling » ne jurent que par son efficacité. Des ouvrages comme Oil Pulling Therapy, de Bruce Fife, médecin naturopathe, ne tarissent pas d’éloges sur cette technique, notamment sur le soulagement de « l’asthme, du diabète, de l’arthrite, des migraines ou de toute maladie chronique ».

La santé bucco-dentaire ne s’arrête pas là

Le « oil pulling » est un sujet fascinant lorsqu’on l’aborde non seulement sous l’angle de la santé bucco-dentaire, mais aussi de la compréhension des nombreux mécanismes qui se déroulent dans la bouche sans que l’on s’en aperçoive.

La bouche abrite plus de 700 micro-organismes – bactéries et champignons – bons et mauvais. La bouche est également la porte d’entrée du système digestif, où se déroulent les premières étapes de la digestion et de l’assimilation des nutriments.

Malheureusement, l’environnement homéostatique de la bouche est faible et facilement perturbé par des influences extérieures, comme le tabagisme, les stimuli environnementaux ou certains médicaments.

La bouche est censée être humide. La sécheresse buccale peut entraîner une accumulation de germes, une mauvaise haleine, des caries dentaires, des infections fongiques ou des maladies des gencives. La sécrétion salivaire est cruciale pour la formation de la parole, le microbiote intestinal et est « essentielle pour la protection et le fonctionnement adéquats de l’organisme dans son ensemble », selon un article de synthèse suédois publié dans le Journal of Oral Rehabilitation.

La santé bucco-dentaire ne concerne donc pas uniquement la bouche.

Liens entre la santé bucco-dentaire et d’autres maladies

L’interdépendance des systèmes corporels est à l’origine de la relation entre la santé bucco-dentaire et le bien-être général. En retour, une santé bucco-dentaire compromise peut entraîner plusieurs autres maladies.

Santé mentale

Une étude publiée dans le Journal of Clinical Periodontology a examiné le lien entre les maladies gingivales, la dépression et l’anxiété. Pour ce faire, ils ont analysé les métadonnées, c’est-à-dire les informations tirées de 40 études externes.

Les résultats ont clairement montré une corrélation entre les maladies parodontales et les troubles émotionnels. Douze études ont montré une association significative avec l’anxiété. Dix-huit études ont indiqué que les patients atteints de maladies gingivales souffraient davantage de dépression.

Un article de synthèse publié en 2022 dans Periodontology 2000 suggère que le microbiome buccal est connecté au cerveau et qu’il est lié aux troubles de la santé mentale par quatre mécanismes de causalité directe, « l’échappement microbien et métabolique, la neuroinflammation, la signalisation du système nerveux central et la réponse aux neurohormones ».

Le dénominateur commun est l’inflammation.

Les pathogènes buccaux pénètrent dans le cerveau par la circulation sanguine et une barrière hémato-encéphalique altérée, provoquant du stress et des troubles mentaux pouvant aller jusqu’à la maladie d’Alzheimer, ce qui confirme l’existence de l’axe bucco-cérébral.

Pneumonie

L’hygiène bucco-dentaire a également fait l’objet d’une étude portant sur 39 patients atteints de pneumonie. Les chercheurs ont constaté que le manque de soins bucco-dentaires était lié à une augmentation des anaérobies obligatoires (micro-organismes qui ne se développent ou ne survivent que dans des environnements dépourvus d’oxygène) dans les poumons de ces patients. La santé bucco-dentaire n’affecte donc pas seulement la bouche.

Diabète et maladies cardiovasculaires

En tant que maladie inflammatoire chronique, la parodontite (inflammation des gencives) est liée à un « risque accru d’infarctus du myocarde », selon une revue publiée dans l’International Journal of Molecular Science.

L’étude a mis en évidence des corrélations entre les maladies parodontales et les accidents vasculaires cérébraux, l’insuffisance cardiaque, le dysfonctionnement endothélial, les maladies artérielles périphériques et le diabète, et invite les dentistes et les cliniciens à prendre davantage conscience de ces liens et de la nécessité d’une meilleure hygiène bucco-dentaire.

Un outil pour maintenir l’hygiène bucco-dentaire

Après avoir établi l’importance de l’hygiène bucco-dentaire, la question n’est plus seulement de savoir si le « oil pulling »  traite la gingivite ou remplace le brossage des dents, mais si la technique peut être utile pour soutenir les nombreux mécanismes conduisant à un milieu bucco-dentaire équilibré.

Une étude publiée dans le Journal of Traditional and Complementary Medicine répond par l’affirmative et démontre que le « oil pulling » :

• Prévient les caries dentaires.

• Améliore l’hygiène bucco-dentaire.

• Diminue le nombre de microbes dans la bouche.

• Inhibe l’adhésion de la plaque et des surfaces buccales.

• Réduit la gingivite et l’halitose.

• Renforce les muscles de la cavité buccale et les mâchoires.

Blanchit les dents.

Améliore l’état de santé général.

Une étude de 2022, publiée dans la revue Healthcare, conclut que le « oil pulling » avec de l’huile de sésame ou de noix de coco peut réduire le nombre de colonies bactériennes salivaires et améliorer la santé bucco-dentaire. Une étude systématique et une méta-analyse publiées en 2023 dans le Journal of Dental Hygiene ont mis en évidence « un avantage probable du « oil pulling » dans l’amélioration de la santé gingivale ».

Une intervention bucco-dentaire rentable

Le « oil pulling » est un moyen peu coûteux d’améliorer son hygiène bucco-dentaire, ce qui permet de « prévenir les caries, les mauvaises odeurs buccales, les saignements des gencives, la sécheresse de la gorge et les gerçures des lèvres, et de renforcer les dents, les gencives et les mâchoires », selon la tradition populaire indienne et une étude randomisée, contrôlée et en triple aveugle publiée dans le Journal of the Indian Society of Pedodontics and Preventive Dentistry (Journal de la société indienne de pédodontie et de dentisterie préventive).

Vingt adolescents ont participé à l’étude. Divisés en deux groupes aléatoires, l’un a utilisé un bain de bouche à la chlorhexidine pendant 10 minutes chaque matin avant de se brosser les dents, tandis que l’autre a pratiqué le « oil pulling » avec de l’huile de sésame. Les chercheurs ont prélevé des échantillons de plaque dentaire et de salive à quatre reprises au cours des deux semaines.

Les deux groupes ont affiché une réduction du nombre de Streptococcus mutans, qui contribue de manière significative à la carie dentaire. Bien que le nombre de plaques ait diminué plus rapidement dans le groupe de contrôle à la chlorhexidine, le groupe d’étude a rattrapé son retard. En fin de compte, le groupe d’étude qui a pratiqué le « oil pulling » a connu une réduction de la plaque dentaire encore plus importante (P=0,008 contre P=0,0005).

Les scientifiques ont conclu que le « oil pulling » est « un complément préventif efficace pour maintenir et améliorer la santé bucco-dentaire ».

Comparaison avec la chlorhexidine

Une étude de 2022 publiée dans l’International Dental Journal a mis en évidence 13 effets indésirables du bain de bouche à la chlorhexidine. Ces effets secondaires sont apparus « même à de faibles concentrations comprises entre 0,06 % et 0,2 % dans la fourchette thérapeutique » et ont été répertoriés comme « altération du goût, engourdissement de la bouche et de la langue, douleur dans la bouche et la langue, xérostomie [sécheresse buccale] et décoloration subjective ».

Ces effets secondaires ont été rapportés par Epoch Times : « Le bain de bouche nuit-il à notre santé ? » et « Les bains de bouche contiennent des produits chimiques liés au diabète ».

Un essai clinique croisé randomisé a comparé les effets du « oil pulling », dans ce cas avec de l’huile de coco, à ceux du gluconate de chlorhexidine.

L’essai a révélé des qualités « similaires d’inhibition de la plaque dentaire ». L’huile a entraîné moins de taches sur les dents et a donné des résultats similaires à ceux du bain de bouche dentaire en ce qui concerne l’inhibition de la repousse de la plaque. Quarante-deux patients âgés de 18 à 52 ans ont participé à cette étude. Selon l’étude, le « oil pulling » présente les avantages suivants par rapport aux bains de bouche :

• Naturel

• Pas d’effets secondaires

• Pas de résistance bactérienne

• Efficace en termes de coûts

• Pas de prescription nécessaire

• Non contre-indiqué en cas de grossesse

• Pas de contre-indication pour d’autres maladies

L’un des avantages du bain de bouche par rapport au « oil pulling » est qu’il prend moins de temps.

Les critiques démenties

L’American Dental Association n’approuve pas le « oil pulling ». Selon l’association, « il n’existe pas d’études scientifiques fiables montrant que le « oil pulling » réduit les caries, blanchit les dents ou améliore la santé et le bien-être bucco-dentaires ». Le British Dental Journal commente également le manque de recherche scientifique dans un article de 2018.

Il est certain que de nombreux dentistes n’ont jamais entendu parler de cette technique ou s’y opposent catégoriquement. Le Dr Charles Payet, chirurgien-dentiste aux États-Unis est l’un d’entre eux.

« La mode actuelle du “ Oil Pulling ” est certainement l’un des plus grands exemples de charlatanisme holistique à base d’huile de serpent qui soit apparu à la surface de notre planète », écrit le Dr Payet dans un article de blog. Il affirme que le « oil pulling » ne peut tout simplement pas fonctionner « parce que ce n’est que de la graisse ».

Le Dr Payet se réfère à un site web appelé « Science-based Medicine », qui a également écrit un article sur le « oil pulling ». Le site parle de quelques études en faveur de cette technique, mais affirme qu’il n’y a tout simplement pas assez de recherches pour obtenir la preuve de son efficacité.

L’affirmation selon laquelle il ne s’agit que de graisse a été démentie par un essai contrôlé randomisé mené auprès de 40 étudiants en médecine dentaire et publié dans le Journal of Clinical and Diagnostic Research (Journal de la recherche clinique et diagnostique).

Les scientifiques ont déclaré : « L’huile de coco contient 92 % d’acides saturés, dont environ 50 % d’acide laurique. L’acide laurique a des effets antibactériens et antifongiques prouvés. Il est prouvé que l’huile de coco a une activité antimicrobienne significative contre Escherichia vulneris, Enterobacter spp, Helicobacter pylori, Staphylococcus aureus, Candida spp, dont C. albicans, C. glabrata, C. tropicalis, C. parapsilosis, C. stellatoidea et C. krusei ».

En outre, l’huile de coco s’est révélée efficace contre d’autres souches (S. mutans et C. albicans) dans un modèle de biofilm publié dans Semantic Scholar, dont la conclusion était simplement :  » le « oil pulling » est efficace pour contrôler les niveaux de plaque dentaire ».

Oil Pulling – 4 étapes faciles

1. Utiliser environ 1 cuillère à soupe (ou 10 ml) de l’huile de son choix (sésame, graines de tournesol, noix de coco, etc.).

2. Faire circuler l’huile dans la bouche et entre les dents pendant environ 15 à 20 minutes, le matin à jeun. On remarquera un changement dans la viscosité de l’huile, qui deviendra de plus en plus aqueuse et d’un blanc laiteux.

3. Faire suivre le « oil pulling » d’un rinçage complet à l’eau et d’un brossage conventionnel des dents, de l’utilisation du fil dentaire et/ou d’un gratte-langue.

4. En cas de maladie, le « oil pulling » peut être pratiqué jusqu’à trois fois par jour.

Remarque : jeter l’huile dans une poubelle ou dans les toilettes. Tout problème d’obstruction des canalisations lié à l’huile sera ainsi évité.

Huiles pour différents goûts et conditions

Diverses huiles peuvent être utilisées pour le « oil pulling ». Les plus courantes sont :

L’huile de sésame, qui est l’huile traditionnelle utilisée en Ayurveda.

• L’huile de noix de coco – une étude pilote a montré une diminution significative de la plaque dentaire et de la gingivite induite par la plaque.

• Huile de tournesol – une étude pilote a montré que le « oil pulling » à l’huile de tournesol « réduit la charge microbienne globale » dans la bouche.

• Huile d’olive.

• Huile de palme.

• Huile de son de riz – une étude interventionnelle comparative a montré sa supériorité dans le traitement de l’halitose (mauvaise haleine).

Effets secondaires possibles

Les effets secondaires et les contre-indications du « oil pulling » sont peu nombreux. Cependant, il y a quelques points à surveiller.

• Ne pas ingérer l’huile extraite. L’ingestion d’huile peut entraîner des maux d’estomac.

• Un autre effet secondaire plus grave, mais rare, peut se produire si de petites particules d’huile sont inhalées. Il s’agit de la pneumonie lipoïdique. Un article sur un lien possible entre les deux a été publié dans l’International Journal of Tuberculosis and Lung Disease (Journal international de la tuberculose et des maladies pulmonaires).

• Les enfants de moins de 5 ans ne devraient pas pratiquer le « oil pulling » d’huile.

En conclusion, le « oil pulling » est peu coûteux, facile à réaliser et peut être bénéfique pour la santé bucco-dentaire et générale, ainsi que pour la prévention des maladies. Alors pourquoi ne pas essayer ?

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