L’hiver à peine installé, les services d’hébergement d’urgence sont déjà saturés, à la grande inquiétude des associations, qui tirent la sonnette d’alarme. Le point sur la situation.
Pour accéder à un hébergement d’urgence, une personne sans abri peut contacter le 115, numéro d’urgence ouvert 24 heures sur 24. Dans chaque département, une cellule d’écoute se charge d’évaluer la situation de la personne et peut lui proposer un hébergement d’urgence, selon les disponibilités. Par la suite, on lui propose un accompagnement social.
Chambres partagées ou studios en centre d’hébergement, chambres d’hôtel: environ 200.000 places sont ouvertes en France cette année, contre 150.000 en 2019, selon le gouvernement.
Des places supplémentaires peuvent être ouvertes dans des bâtiments publics, comme des gymnases ou des écoles, lorsque l’État déclenche le plan grand froid, en cas de températures très basses, comme cela a été le cas mi-décembre.
Longue attente au téléphone, record de demandes non pourvues dans certaines zones : le 115 est saturé. La situation est particulièrement tendue dans une « dizaine de départements » en France, où se trouvent des grandes villes, comme Paris, Lyon ou Strasbourg, selon le Collectif des associations unies, qui rassemble 39 organisations.
En Seine-Saint-Denis, entre 350 et 500 personnes parviennent à joindre chaque jour le 115, sur un total de 1.500 à 2.000 tentatives d’appels.
A Paris, chaque soir, environ un millier de demandes d’hébergement reçoivent une réponse négative du 115. « L’an dernier, cela prenait du temps, mais les personnes finissaient par entrer en hébergement alors qu’à présent, on a le sentiment qu’on n’arrive pas à héberger les gens », explique à l’AFP Vanessa Benoit, directrice générale du Samu social de Paris.
Même les publics prioritaires, comme les femmes enceintes ou les familles avec de jeunes enfants, parviennent rarement à obtenir une place pour la nuit.
D’une part, les nouvelles demandes d’hébergement d’urgence augmentent, selon les associations.
En cause notamment : « l’impact de l’inflation » sur les ménages les plus modestes, qui en amène certains à se retrouver sans solution d’hébergement, estime auprès de l’AFP Nathalie Latour, directrice générale de la Fédération des acteurs de la solidarité. Femmes seules ou avec enfants, familles, personnes âgées : tous les profils se trouvent désormais parmi les demandeurs.
D’autre part, une partie des places d’hébergement d’urgence sont occupées par des personnes qui pourraient prétendre à d’autres formes de logement mais n’en trouvent pas. « On a du mal à faire sortir les gens du dispositif », souligne ainsi Mme Latour.
À Paris, par exemple, 3200 ménages – soit 5600 personnes – résident dans des hébergements temporaires alors qu’ils sont éligibles au logement social. Malgré des revenus réguliers et une demande à jour, ils restent sans proposition, là encore, faute de disponibilité.
En outre, certaines villes où se concentrent les demandes, comme Paris, perdent des places d’hébergement d’urgence dans les hôtels, qui reprennent leur activité habituelle avec le retour des touristes.
Pour faire face à l’urgence, le gouvernement a réquisitionné des lieux, notamment à Paris et à Thiverval-Grignon (Yvelines), sur l’ancien campus d’AgroParisTech, pour créer des hébergements supplémentaires. Il a également appelé les chefs d’entreprise à mettre à disposition leurs locaux inutilisés.
Le gouvernement prévoit de lancer au premier trimestre 2023 un second plan « logement d’abord » visant à trouver des hébergements durables aux sans-abris, par le biais notamment de la construction de HLM aux loyers très bas et de l’intermédiation locative, qui permet à des propriétaires privés de louer aux personnes en difficulté avec l’aide d’une association.
« C’est une mobilisation qui ne dépend pas que de l’État », a commenté auprès de l’AFP le ministre délégué au Logement, Olivier Klein, soulignant le rôle que les collectivités doivent jouer.
Pour Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, « l’hébergement d’urgence souffre des défaillances d’autres politiques », notamment de celle du logement.
« La politique du logement doit d’abord monter en puissance », estime-t-il. Lors du premier quinquennat, elle avait permis à 400.000 personnes d’accéder au logement.
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