L’hyperbataille de Verdun

Par Epoch Times
6 mars 2016 12:06 Mis à jour: 4 avril 2021 18:35

À l’occasion du centenaire de la Bataille de Verdun, le musée de l’Armée présente une exposition documentaire sur cet événement majeur de la Première Guerre mondiale en accès libre et gratuit, sur les piliers de la cour d’honneur de l’Hôtel des Invalides, du 26 janvier au 4 avril.

Le 21 février 1916, le haut commandement allemand déclenche sur le secteur de Verdun une offensive qui constitue le premier acte de la bataille. Ainsi débute ce que François Cochet a, le premier, appelé une des « hyperbatailles » du conflit. Y contribuent trois facteurs : la haute intensité du feu, la concentration massive des soldats et l’accumulation des moyens matériels.

Présentés en vingt-huit panneaux sur l’ensemble de la cour d’honneur, les principaux repères cartographiques, l’évocation des lieux emblématiques des combats et le rappel des caractéristiques majeures de cette bataille hors normes proposent un panorama de la bataille, complété par le récit des principales étapes de sa construction mémorielle, depuis les initiatives du monde ancien-combattant jusqu’au haut-lieu de la réconciliation franco-allemande.

Une exposition en quatre parties

  1. Le déroulé chronologique de la bataille

Cette partie est traitée en quatre panneaux retraçant les étapes phares de la bataille depuis l’offensive allemande du 21 au 25 février 1916, au cours de laquelle plus de 1 200 canons et 200 mortiers font pleuvoir, durant plus de 9 heures, un déluge de feu sur les positions françaises.

Cette première étape est suivie par celle de l’extension de la bataille sur la rive gauche de la Meuse. Les combats, qui concernent désormais l’ensemble de la région de Verdun, entrent de mai à septembre 1916 dans une phase d’usure où les pertes, terribles, sont identiques pour les deux camps. La reprise des offensives françaises, d’octobre à novembre, conduit ensuite à la victoire en décembre 1916.

Un poilu : Brousseau, Terrier Henri (1887 – 1918). (© Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN – Grand palais/Pascal Segrette)
Un poilu : Brousseau, Terrier Henri (1887 – 1918). (© Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN – Grand palais/Pascal Segrette)
  1. Les lieux

Six panneaux sont consacrés aux principaux lieux de l’affrontement qui s’est développé sur les deux rives de la Meuse, tels les forts de Douaumont, de Vaux et de Souville, ainsi que le Bois des Caures, qui se déchira sous les premiers assauts allemands.

L’exposition rappelle également que durant la bataille, Verdun, constamment bombardée, devient tout à la fois une ville martyre et une forteresse assiégée en situation d’encerclement presque total car les voies ferrées qui la desservent sont coupées ou sous le feu de l’artillerie. Le seul axe permettant d’approvisionner le front est la petite route départementale qui relie Bar-le-Duc à Verdun. Baptisée « Voie Sacrée » dès avril 1916, elle devient le cordon ombilical de la bataille, par lequel des files ininterrompues de véhicules conduisent journellement 12 à 15 000 combattants et 15 000 tonnes de matériel de munitions et de nourriture.

  1. Les thèmes

Sept panneaux reviennent sur des thématiques majeures de la bataille, dont le rôle important de l’artillerie. C’est en effet à Verdun, en mars 1916, que les premiers obus à gaz sont tirés sur les troupes françaises. L’empoisonnement de l’atmosphère, les souffrances endurées par les camarades contaminés et l’obligation de porter un masque ajoutent encore à l’horreur des combats et les gaz deviennent, comme les lance-flammes et l’artillerie, une des terreurs des combattants.

La bataille de Verdun est aussi le théâtre d’une guerre aérienne. Elle est même la première bataille qui commence par une lutte pour la supériorité aérienne. C’est bien en 1916, dans les cieux de Verdun et de la Somme, que l’aviation s’impose comme une arme essentielle pour la préparation et l’exécution des offensives terrestres.

Si la bataille de Verdun, qui fit 163 000 morts français et 143 000 allemands en dix mois, n’est pas plus meurtrière que d’autres batailles de cette guerre, la mémoire nationale en a pourtant fait le symbole même de l’horreur et de la terrible hécatombe que fut le premier conflit mondial.

On peut l’expliquer par l’ampleur des pertes humaines, concentrées sur un territoire restreint, mais aussi par la durée des combats et la configuration d’un champ de bataille sous le feu permanent d’une artillerie qui détruit tout, y compris les sépultures provisoires.

La voie sacrée de Verdun, Scott Georges Bertin (1873 – 1942). (Photo © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN – Grand Palais/image musée de l’Armée)
La voie sacrée de Verdun, Scott Georges Bertin (1873 – 1942). (Photo © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN – Grand Palais/image musée de l’Armée)
  1. La mémoire

Mais Verdun n’est pas seulement l’une des plus importantes batailles de la Grande Guerre par son ampleur et sa dureté. Elle devient très vite, à la faveur d’une construction mémorielle collective, le symbole du courage et de la détermination des combattants français à « tenir » et à incarner l’unité nationale. Pour beaucoup, elle résume à elle seule un conflit de quatre ans ou, du moins, délivre une large part de son sens. C’est très symboliquement que le choix des restes d’un soldat inconnu mort pour la France pendant la Grande Guerre s’effectue dans l’une des casemates de la citadelle souterraine de Verdun avant son transfert à Paris et son inhumation sous l’Arc de Triomphe. Verdun, lieu symbolique, est ensuite devenu l’emblème de la paix, à travers l’image de François Mitterrand et d’Helmut Kohl, main dans la main, à l’ossuaire de Douaumont le 22 septembre 1984,devenue l’un des symboles de la réconciliation franco-allemande. L’exposition présente également Verdun aujourd’hui, à travers la technologie LiDAR (Light Detectionand Ranging), technique de télédétection par laser, qui livre des images en 3D de la surface terrestre. La mission LiDAR aéroportée, réalisée en 2013, a ainsi permis, grâce à la collecte de données topographiques en haute résolution de la forêt domaniale née après la guerre sur le champ de bataille, d’établir une cartographie des vestiges de guerre. Elle contribue aujourd’hui aux réponses qui peuvent être apportées à de nombreuses questions liées à la conservation patrimoniale des lieux.

INFOS PRATIQUES

Musée de l’Armée – Hôtel des Invalides

129 rue de Grenelle, 75007 Paris

Exposition en accès libre et gratuit sur les piliers de la cour d’honneur

Ouvert tous les jours de 10h à18h

musee-armee.fr – 0 810 11 33 99

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.