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Liberté religieuse: le Pakistan rejette son placement sur la liste noire américaine

décembre 12, 2018 15:15, Last Updated: décembre 12, 2018 15:32
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Le Pakistan a rejeté mercredi la décision de Washington de l’inscrire sur sa liste noire des pays violant la liberté religieuse, y voyant une mesure « politiquement motivée ». « Le Pakistan rejette » cette décision et « n’a besoin des conseils d’aucun pays sur la façon de protéger les droits des minorités », a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Cette déclaration intervient au lendemain de l’annonce par le Secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo de placer le Pakistan parmi les « pays particulièrement préoccupants » en matière de liberté religieuse. « La moitié des personnes incarcérées pour blasphème dans le monde sont dans des prisons pakistanaises », a relevé l’ambassadeur des Etats-Unis pour la liberté religieuse, Sam Brownback, dans un échange avec la presse.

Cette mesure signifie que le gouvernement américain est obligé d’exercer des pressions, y compris d’imposer des sanctions si nécessaire, pour mettre fin aux violations en matière de liberté religieuse. Cependant, un porte-parole de l’ambassade américaine à Islamabad a précisé mercredi que M. Pompeo avait accordé une dérogation aux sanctions potentielles contre le Pakistan motivée par « l’important intérêt national des Etats-Unis ».

Ce placement sur la liste noire survient plus de 40 jours après la décision de la Cour suprême du Pakistan d’innocenter Asia Bibi, une chrétienne accusée de blasphème et condamnée à mort en 2010 à la suite d’une dispute avec des villageoises musulmanes au sujet d’un verre d’eau. Ce verdict avait provoqué la fureur des milieux islamistes du pays et de violentes manifestations. Le gouvernement a ensuite inculpé de terrorisme et rébellion le religieux derrière ces manifestations.

Asia Bibi est toujours en détention préventive dans un lieu inconnu. Sa famille affirme que sa vie est en danger si elle reste au Pakistan. Cette affaire divise fortement le Pakistan, pays musulman très conservateur où le blasphème est un sujet extrêmement sensible. Des accusations suffisent à provoquer des lynchages.

« Le Pakistan est une société multireligieuse et pluraliste où cohabitent des personnes de confessions diverses », poursuit le communiqué du ministère des Affaires étrangères qui ne fait pas mention du cas Asia Bibi. Selon Islamabad, environ quatre pour cent de la population pakistanaise est chrétienne, hindoue, bouddhiste ou sikhe.

Sur cette liste des pays qui ont « perpétré ou toléré des violations systématiques, flagrantes et persistantes de la liberté de religion » figurent également l’Arabie saoudite, la Birmanie, la Chine, la Corée du Nord, l’Érythrée, l’Iran, le Soudan, le Tadjikistan et le Turkménistan, déjà pointés du doigt en 2017. Le ministère pakistanais des Affaires étrangères souligne en outre que l’honnêteté intellectuelle aurait dû forcer Washington à examiner la « montée exponentielle de l’islamophobie et de l’antisémitisme aux États-Unis ».

Les relations diplomatiques entre Washington et Islamabad se sont détériorées ces dernières années, les Etats-Unis accusant à maintes reprises le Pakistan d’ignorer ou même de collaborer avec les talibans qui profitent de sanctuaires à la frontière afghano-pakistanaise pour mener des attaques contre les forces de sécurité en Afghanistan. Islamabad assure qu’il n’en est rien. Pour faire pression sur le Pakistan, Donald Trump a annoncé le mois dernier avoir annulé une aide de centaines de millions de dollars prétendant qu’Islamabad ne fait « rien » pour les Etats-Unis.

D.C avec AFP

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