Jeudi 28 janvier, une large foule était rassemblée Place Denfert Rochereau à Paris. Alors que François Hollande recevait Hassan Rohani, président iranien, à quelques pas de là, des manifestants, députés, organisation des Droits de l’homme cherchaient à attirer l’attention sur la situation dramatique du peuple iranien, tenu d’une main de fer par le régime des Mollahs.
La visite du président iranien, originellement prévue en novembre, avait été reportée suite aux attentats parisiens. Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement iranien a envoyé des signaux positifs à l’Occident, accédant aux exigences de la communauté internationale de réviser le programme nucléaire iranien. Une décision largement due aux conséquences désastreuses des sanctions économiques qui visent le régime depuis les déclarations sulfureuse de Mahmoud Ahmadinejad.
Les liens se tissent à nouveau entre Iran et Occident. Avant sa visite dans la capitale française, le président iranien était à Rome, où il se déclarait « impatient de renforcer les liens bilatéraux » avec le « premier partenaire de l’Iran avant les sanctions ». Plusieurs grands groupes français ont d’ores et déjà entamé des visites à Téhéran, et espèrent décrocher des contrats avec le gouvernement. Avec un marché de 79 millions d’habitants, et une volonté affichée du régime de se moderniser dans les secteurs automobiles ou aéronautique, l’Iran est (re)devenu un marché très attractif.
Les gros contrats avant les Droits de l’Homme
Ce nouveau climat de relations cordiales semble éclipser une réalité. Rama Yade, ex-secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme, regrette de constater que « la course au profit est d’autant plus effrénée que les sanctions contre l’Iran sont progressivement levées ». « Hommes d’affaires et gouvernements se succèdent à Paris et à Téhéran pour conclure des accords commerciaux. On pourrait penser que le pouvoir d’achat des Iraniens en profiterait… mais ce n’est pas le cas car l’économie iranienne est tenue majoritairement par la police politique », remarque-t-elle.
« La course au profit est d’autant plus effrénée que les sanctions contre l’Iran sont progressivement levées. » Rama Yade, ex-secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme
Rien que pour 2015, les organisations des Droits de l’Homme recensent 1 000 exécutions, 160 mineurs emprisonnés et parfois eux-mêmes exécutés. Selon ces statistiques, l’Iran serait en tête des pays où le nombre d’exécutions par métropole serait le plus élevé. « Nous avons le devoir de dire aux Français que Rohani n’est pas un chef d’֤État modéré », relève Shahim Gobadi, porte parole du Comité National de Résistance Iranien (CNRI). « L’Iran ne pourra être respectable tant que son peuple ne sera pas respecté », clame pour sa part José Bové sur la tribune, place Denfert Rochereau.
Durant sa visite à Rome, beaucoup d’hommes politiques se sont indignés de voir les œuvres d’art pudiquement recouvertes de voiles quand celles-ci représentaient des hommes ou femmes nues. C’était le cas de la statue de Vénus, censurée pour l’occasion. Faut-il y voir un symbole de ce à quoi sont prêts les gouvernements occidentaux ? Pour Giulio Maria Terzi, ancien ministre des Affaires étrangères italien, présent dans le cortège, c’était « une honte et une mortification que l’art et la culture ne soient pas compris comme des concepts universaux ».
Alors que le président Rohani semble porter une image de rupture par rapport à Ahmadinejad, connu pour ses fréquents dérapages, les apparences sont parfois trompeuses : en deux ans, Hassan Rohani a tué plus de prisonniers que son prédécesseur sur la même période. « L’idée d’un Iran modéré et ouvert est un mirage », souligne Shahim Gobadi. Son organisation appelle le gouvernement français à ne « passer les gros contrats avant les Droits de l’Homme ». En signant de gros contrats avec le gouvernement iranien, les administrations soutiennent financièrement le régime, ce qui revient à soutenir la politique des mollahs envers la population.
Les exemples de répression brutale ne manquent pas. En octobre 2015, une pluie de missiles pasdarans iraniens s’est abattue sur le camp Liberty en Irak. À l’origine conçu par l’ONU comme lieu de transit provisoire, il abritait alors 2 500 Iraniens du CNRI ; le bilan faisait au moins 23 morts. Maryam Rajavi, présidente du CNRI, a fermement condamné l’attaque et interrogé la communauté internationale sur une prise de position plus ferme vis-à-vis des agents du régime iranien, accusés de l’attaque.
Vidéo tournée le 28 janvier, lors de la manifestation, Place Denfert Rochereau.
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