L’idéologie woke saborde l’identité culturelle du Canada

Par Shane Miller
28 octobre 2021 21:11 Mis à jour: 10 novembre 2021 06:32

En 2002, John Fonte, membre de l’Institut Hudson, présentait l’analyse d’une nouvelle idéologie émergeant au sein des institutions nationales et internationales. Il qualifiait cette idéologie de « progressisme transnational ». Selon lui, cette idéologie donnait la priorité au groupe sur l’individu et tenait pour acquis que la société repose sur un conflit inhérent entre oppresseurs et victimes. De ce fait, les institutions avaient pour obligation morale d’agir en faveur des dites « victimes ». Aujourd’hui, nous savons qu’il s’agissait du wokisme à ses premiers stades, avant d’être définitivement adopté par les institutions et de devenir irréfutable.

Le bilan de M. Fonte établissait qu’en démantelant les narratifs et les symboles nationaux, cette idéologie constituait une réelle menace. Pousser les populations à acclamer une diversité aussi abstraite qu’irréalisable, c’était les mener à perdre progressivement confiance envers leur patrie. Le Canada, en bon élève, a parfaitement assimilé tous ces principes et les a exacerbés dans des proportions redoutables.

De fait, aujourd’hui, dans bien des secteurs, le pays s’adonne à l’autocritique continue, au désaveu de ses valeurs fondamentales. Le vandalisme et la destruction des statues, dont celle de Sir John A. Macdonald, sont légitimés ou approuvés. Il s’agit, avance-t-on, d’une étape nécessaire pour tirer les leçons du passé.

De même, la série d’incendies criminels visant les églises autochtones cet été a été qualifiée par un responsable politique d’outrage compréhensible au vu de la discrimination dont souffre la population autochtone. Sur ce point, selon le gouvernement actuel, l’heure est venue de reconnaitre que le Canada perpétue un génocide, et constitue donc, par définition, un État illégitime. De ce fait, selon le leader du groupe des sénateurs indépendants (ISG), le pays n’est en aucun cas en position de critiquer la Chine communiste pour sa répression des Ouïghours.

En termes de politique intérieure, la « diversité » entraine le clivage culturel. Sur la scène mondiale, le Canada se retrouve sans identité ni réalisations à défendre. Le pays est donc particulièrement fragilisé en cette période de conflits idéologiques entre grandes puissances, car Pékin n’hésitera pas à exploiter cette perplexité à son avantage.

L’émergence de l’idéologie woke n’est pas sans rappeler celle de la contre-culture des années 1960, en pleine guerre froide. La Nouvelle Gauche constituée en force politique contestait alors la légitimité de l’Occident de l’intérieur, tout en défendant ou en atténuant les crimes perpétués par les gouvernements communistes.

L’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger a décrit la contre-culture comme un mouvement qui résultait d’un renouveau radical établi pour nuire à ceux même qui le défendaient. Essentiellement axée sur la condamnation du monde libre du fait de ses insuffisances, elle entravait, sous couvert de dénoncer l’arrogance occidentale, les actions concrètes de résistance au communisme.

Ainsi, dans son ouvrage intitulé Diplomacy, Henry Kissinger a mis en évidence que le mouvement engendrait un certain état d’esprit, celui-ci « mettait l’accent sur les insuffisances américaines et celles des amis qu’il soutenait ; sur une équivalence morale entre l’Amérique et ses adversaires communistes ; sur la proposition selon laquelle l’Amérique n’avait aucune obligation de défendre une quelconque région du monde contre des menaces largement imaginaires ; sur l’idée que l’opinion mondiale était un meilleur guide en termes de politique étrangère que des concepts géopolitiques ».

L’idéologie constituait une menace concrète durant la guerre froide pour l’Occident, comme l’ont montré les années qui ont immédiatement suivi la fin de la guerre du Vietnam. Cependant le courant dominant s’est maintenu, l’Amérique et ses alliés sont restés, malgré tous leurs défauts, les protagonistes et forces du bien dans l’opinion publique.

Mais aujourd’hui, au Canada, force est de constater que le courant dominant ne s’est pas maintenu et que les institutions évoluent dans un climat d’autodépréciation. Ceux qui estiment qu’il faut défendre la grandeur du Canada sont mis au rebut et la vertu du citoyen semble être proportionnelle au mépris qu’il affiche pour son pays.

De ce fait le Canada est très amoindri face au Parti communiste chinois de plus en plus hostile. Face à ce constat, le député conservateur Michael Chong a exhorté les Canadiens à retrouver leurs esprits : « La politique étrangère commence par ce que nous sommes », a-t-il rappelé. Peut-être que l’escalade rapide vers une autre guerre froide permettra à ce pays de redécouvrir ce qui le rend exceptionnel, par contraste avec le totalitarisme infernal du PCC.


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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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