« Le sens moral, ou conscience, fait autant partie de l’homme que sa jambe ou son bras. Ceci est donné à tous les êtres humains à divers degrés comme la force des membres leur est donnée à un degré plus ou moins élevé. »
– Thomas Jefferson, dans une lettre à Peter Carr le 10 août 1787
À première vue, l’imagination peut sembler ne rien à voir avec la moralité. Nous sommes plus susceptibles de l’associer à des activités créatives ou artistiques, à la rêverie, aux enfants qui jouent à faire semblant, ou même à être déconnectés de la réalité. Mais, plus fondamentalement, c’est la capacité de créer une image dans notre esprit.
Aristote, qui sépare l’imagination de l’esprit et de la perception, l’identifie comme « ce en vertu de laquelle une image se produit en nous ».
À première vue, cela peut sembler banal, mais c’est un élément fondamental de la connaissance humaine. Jim Davies, professeur à l’Institut des sciences cognitives de l’Université Carleton à Ottawa, a écrit : « L’imagination est probablement une capacité humaine unique. Essentiellement, elle nous permet d’explorer des idées de choses qui ne sont pas dans notre environnement actuel, ou peut-être même pas réelles. Par exemple, on peut imaginer une tasse de café vue la veille ou un vaisseau spatial extraterrestre arrivant sur l’orbite de la Terre. »
« L’important est que ce qui est imaginé vient de l’intérieur, plutôt que perçu sur la base de quelque chose d’extérieur. »
Alors, comment l’imagination est-elle liée à la morale ?
Selon Aristote, notre imagination « motive et guide l’action ».
Par exemple, sur le plan physique, les athlètes olympiques qui utilisent l’imagerie dans leur entraînement constatent une amélioration tangible de leur performance.
En ce qui concerne les choix moraux, notre imagination est aussi notre guide.
Dans Books That Build Character, William Kilpatrick, Gregory et Suzanne M. Wolfe écrivent : « L’imagination est l’une des clés de la vertu. Il ne suffit pas de savoir ce qui est juste. Il faut aussi avoir le désir de bien faire. Le désir, à son tour, est guidé en grande partie par l’imagination. »
« En théorie, la raison devrait guider nos choix moraux mais, en pratique, c’est l’imagination bien plus que la raison qui décide. Trop souvent, notre raison se soumet docilement à ce que notre imagination a déjà décidé. »
Alors, comment éduquer l’imagination sur la façon de faire le bon choix ?
Platon a dit qu’exposer les enfants aux bons genres d’histoires, de musique et d’art les aidera à « aimer la vertu et à haïr le vice ».
Il est très important que les parents et les enseignants soient de bons exemples moraux, écrit Henning Köhler, thérapeute pour enfants, dans son livre Working With Anxious, Nervous, and Depressed Children [travailler avec des enfants anxieux, nerveux et déprimés]. C’est particulièrement vrai pour les très jeunes enfants qui ne comprennent pas encore les histoires et l’art.
« Être témoin de la bonté, vécue comme de l’amour dans les actions, les paroles et les comportements des autres est quelque chose à laquelle un enfant répond avec une profonde satisfaction, et cette réponse, encore peu définie quant au contenu, est un peu ‘éduquée’ », a écrit Köhler.
Pour les enfants plus âgés, les histoires deviennent des sources très importantes d’éducation morale, car elles peuvent exposer les enfants à un plus large éventail de héros et de vertus.
Köhler a écrit : « Il suffit de remarquer les yeux brillants des enfants qui écoutent un récit de la légende du Bon Roland, ou de Saint Nicolas, ou des histoires dans lesquelles ‘la personne bonne’ devient un héros ou héroïne. Observez la fierté et le plaisir avec lesquels les élèves du primaire réagissent aux récits des ‘bonnes actions’ de leurs parents. Les méfaits des parents n’obtiennent pas de telles réactions. »
M. Kilpatrick et Mme Wolfe donnent quatre raisons pour lesquelles les histoires sont importantes pour la croissance morale :
« Premièrement, parce que les histoires peuvent créer un attachement émotionnel à la bonté, un désir de faire ce qui est droit. »
« Deuxièmement, parce que les histoires offrent plusieurs bons exemples – le genre d’exemples qui sont souvent absents de l’environnement quotidien d’un enfant. »
« Troisièmement, parce que les histoires familiarisent les jeunes avec les codes de conduite qu’ils doivent connaître. »
« Enfin, parce que les histoires aident à donner un sens à la vie, nous aident à faire de nos propres vies des histoires. Et à moins que cette signification du sens ne soit acquise dès le plus jeune âge et renforcée à mesure que nous vieillissons, il n’y a tout simplement pas de croissance morale. »
Livres versus télévision
Selon les auteurs, les livres s’imposent haut la main à la télévision comme guides moraux pour trois raisons.
D’abord et avant tout, le contenu des films et des émissions de télévision manque souvent de substance morale digne d’être imitée.
« De plus en plus, la télévision montre des conflits dénués de sens qui sont, le plus souvent, résolus par la violence », écrivent les auteurs.
« C’est précisément parce que nous sommes en dehors de l’action que les scènes de violence ne peuvent pas nous faire de mal ; elles ne peuvent que nous fournir un moins grand nombre de chocs émotionnels. Le même syndrome affecte la représentation de l’amour romantique et de la sexualité. En l’absence de relations réelles et crédibles à l’écran, le sexe devient le seul moyen par lequel les personnages s’assemblent. »
De plus, la télévision nous donne des images toutes faites qui ne nécessitent pas de nous servir de notre imagination.
« La télévision en tant que médium ne fait pas grand-chose, ou presque rien, pour élargir l’imagination », écrivent-ils. « Au lieu de nous entraîner dans l’histoire à la manière d’un livre, la télévision nous oblige à rester spectateurs en dehors de l’action. »
Les enfants répètent souvent ce qu’ils voient et entendent à la télévision, mais ces choses sont plus hypnotiques que pédagogiques. La recherche sur le développement du cerveau montre que l’écoute de la télévision dans les premières années de la vie change la façon dont le cerveau se développe et peut rendre plus difficile pour les enfants le développement de la mémoire et de la pensée abstraite, c’est-à-dire de l’imagination.
« De plus en plus, les chansons, les histoires et les images qui se déroulent dans l’esprit des jeunes sont celles que l’industrie du divertissement y met. Si vous avez des doutes sur le pouvoir des images, prenez quelques minutes pour observer l’effet hypnotisant que la télévision et MTV ont sur les jeunes », écrivent-ils.
M. Köhler dit : « Éteignez la télé. C’est l’un des pires ennemis de l’imitation saine. »
Il explique que l’imitation est importante parce qu’elle est la première étape du développement de la volonté et qu’elle est en soi un processus imaginatif et créatif. En effet, pour imiter, les enfants transforment ce qu’ils rencontrent dans le monde qui les entoure, d’abord en absorbant des stimuli extérieurs par leurs organes sensoriels, puis en les recréant par leurs actions.
Pour les enfants qui ne peuvent pas se concentrer, M. Köhler recommande les jeux d’imitation comme outil thérapeutique : « Je peux vous assurer, grâce à mes nombreuses années d’expérience en tant que thérapeute et consultant en éducation médicale, qu’il existe un lien frappant entre l’agitation et le manque de concentration chez les enfants qui, pour une raison quelconque, ont fait trop peu d’imitation au cours de leurs quatre ou cinq premières années. »
« La thérapie dans le cas de ces enfants agités et nerveux consiste à les exposer à un cours intensif d’imitation qui comprend la pantomime, la récitation, des activités rythmiques, la copie de toutes sortes de sons et d’autres choses semblables. […] De cette façon, vous lui ouvrez progressivement son chemin vers le jeu créatif plus profond nécessaire au développement de la concentration et à l’exercice de ses responsabilités scolaires. »
Comment préparer le terrain à l’imagination
Alors, en plus d’éteindre la télévision, comment les parents et les éducateurs peuvent-ils aider les enfants à développer leur imagination ? Voici quelques suggestions :
1. Les éducateurs peuvent faire des recherches sur les pratiques de l’éducation Waldorf, une pédagogie internationalement reconnue qui place l’imagination au centre de l’apprentissage. La pédagogie s’inspire des idées parfois ésotériques du philosophe autrichien Rudolf Steiner (1861-1925).
Tout le monde n’est peut-être pas prêt à se plonger dans la « science spirituelle » chrétienne présente dans les enseignements de Waldorf ; cependant, les leçons ne sont pas religieuses comme telles et les techniques d’enseignement ont été adaptées à de nombreuses écoles à charte.
Pour les parents, comprendre le développement moral et psychologique de l’enfant, que ce soit dans une perspective conventionnelle ou de Waldorf, peut vous aider à comprendre en quoi la perception du monde de votre enfant est fondamentalement différente de celle des adultes.
En plus de comprendre le tempérament de votre enfant, cela peut vous éviter bien des maux de tête et de cœur, car cela vous aidera à créer des attentes adaptées à l’âge et à la personnalité de votre enfant et à distinguer ce qui pourrait faire partie d’une phase normale et ce qui pourrait être une source de préoccupation.
2. Créez un espace propre et dégagé où les enfants peuvent jouer. Les matériaux simples et naturels laissent beaucoup de place à l’imagination. Assurez-vous que les enfants ont suffisamment de temps pour utiliser leur imagination.
3. Exposez les enfants à la bonté à travers des histoires. Comme nous l’avons mentionné plus haut, les enfants des écoles primaires apprécieront les histoires sur les bonnes actions des parents. Les programmes de la petite enfance de Waldorf comprennent de nombreux contes de fées, et les élèves du primaire apprennent des histoires de saints et de héros de l’histoire qui pourraient les inspirer.
4. Exposez vos enfants à la beauté à l’aide de la musique et de l’art, comme l’a suggéré Platon. La beauté est, bien sûr, quelque peu dans l’œil du spectateur, mais Platon donne la directive que la bonne musique est celle qui donne du plaisir aux personnes à la fois bonnes et très instruites. Pour les jeunes enfants, les berceuses sont un bon point de départ.
5. Enfin, et pas le moindre, essayez de prêcher par l’exemple. Les enfants aiment et imitent leurs parents, les voir s’efforcer de bien faire les choses les inspirera.
June Fakkert est une maman de deux enfants à temps plein et journaliste en santé et bien-être pour Epoch Times.
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