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L’Indonésie monte le son: la musique arme secrète de la campagne électorale

avril 11, 2019 11:36, Last Updated: avril 11, 2019 11:47
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La musique indonésienne,  du dangdut avec ses danses suggestives, au rock le plus énergique en passant par les chansons d’inspiration islamique  pourrait bien être la clé pour gagner le cœur des électeurs qui s’apprêtent à voter la semaine prochaine dans la troisième plus grande démocratie au monde.

S’ils mettent en avant leurs programmes, les candidats savent aussi que ce sont les stars locales qui vont les aider à attirer les foules aux meetings électoraux dans ce pays où la musique est partout.  Muhammad Ariel, un jeune homme venu à un concert du groupe de rock Radja en soutien au président sortant Joko Widodo, aussi surnommé Jokowi, confirme.

« Où sont les fans de Jokowi? » crie le groupe engagé dans la campagne du président fan de heavy metal, en course pour un second mandat. Un show taillé sur mesure pour les jeunes comme Muhammad, qui représentent près d’un tiers de l’électorat. « Je suis fan de Radja parce que leurs chansons sont géniales et aussi parce qu’on va voter pour le même candidat », explique-t-il avant un meeting électoral près de la capitale Jakarta.

Plus de 190 millions d’électeurs sont appelés à voter pour choisir leur président mais aussi pour des milliers de candidats au parlement et aux assemblées régionales le 17 avril. Dans ce pays de 260 millions d’habitants qui compte la plus importante population musulmane au monde, la musique est omniprésente, dans les programmes télévisés, les événements sportifs, en prélude et en conclusion des débats politiques et même récemment pour accompagner une présentation de la Banque centrale sur l’économie.

En période d’élection, la musique est incontournable. « La musique permet d’attirer l’attention des gens des échelons les plus bas de la société », explique Hamdi Muluk, professeur de psychologie à l’Université d’Indonésie et spécialiste du comportement des électeurs. L’adversaire du président sortant, Prabowo Subianto, veut séduire l’électorat musulman plus conservateur avec des concerts de gambus, une musique d’inspiration islamique jouée avec un luth.

L’ex-général a aussi reçu le soutien de Rhoma Irama, surnommé « le roi du dangdut », qui ressemble à une version indonésienne et âgée d’Elvis Presley. La dangdut, un style de musique très populaire est issu d’influences arabes et indiennes avec un rythme hypnotique. Pour les Indonésiens, c’est un genre incontournable avec tantôt des accents religieux ou au contraire une musique pop accompagnée de danses suggestives.

C’est la présence annoncée de Rhoma Irama, le « roi du dangdut » qui a attiré Alima Kholil à un meeting pour Prabowo Subianto dans la région de Java occidental malgré une pluie battante. « Je ne l’ai jamais vu auparavant mais je sais que quand il chante, c’est à propos de la religion », s’enthousiasme la femme au foyer de 44 ans.

Pour Jhon Kenedi, un autre fan, le chanteur aurait des chances d’être élu s’il se présentait contre Jokowi et Prabowo Subianto. « Je voterais pour lui », assure à l’AFP le conducteur de taxi de 46 ans. La version plus profane du dangdut, avec des danseuses sexy qui se déhanchent, est aussi très populaire malgré l’opposition de certains groupes musulmans conservateurs.

Inul Daratista est ainsi devenue célèbre grâce à sa « danse de la perceuse », comparable au twerk et aussi controversée. Une chanteuse de dangdut a même trouvé la mort il y a quelques années après avoir été mordue par un cobra qu’elle utilisait pour un spectacle de cette danse spectaculaire. A un meeting de Jokowi à Soreang sur l’île de Java cette semaine, les fans se préoccupaient peu de politique en admirant les mouvements d’une danseuse de dangdut vêtue d’un pantalon blanc très ajusté.

Même Slank, probablement le groupe de rock indonésien le plus connu, a incorporé des éléments de dangdut dans un clip vidéo fait pour la campagne de Jokowi. « La musique fait partie de notre mode de vie ici », observe Bens Leo, un journaliste indonésien spécialiste de la musique. « Et vous pouvez parier qu’une grande majorité des fans d’un groupe vont voter pour le candidat que leur star choisit », assure-t-il.

D.C avec AFP

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