ÉCONOMIE CHINE

Industrie automobile chinoise : expansion accélérée de la chaîne d’approvisionnement à l’étranger pour échapper aux sanctions occidentales

juillet 9, 2024 0:15, Last Updated: juillet 9, 2024 19:04
By Jessica Mao et Lynn Xu

Les autorités chinoises encouragent les entreprises nationales de la chaîne d’approvisionnement automobile à accélérer le processus d’implantation d’usines à l’étranger. Certains experts financiers pensent qu’il s’agit d’une tentative du Parti communiste chinois (PCC) de contourner les sanctions occidentales sur les voitures électriques.

Le China Automotive Technology and Research Center (CATARC : Centre de recherche et de technologie automobile de Chine) a publié, le 24 juin, un rapport énumérant les entreprises impliquées dans la chaîne d’approvisionnement automobile prêtes à installer des usines à l’étranger en 2024. Le rapport souligne la nécessité d’accélérer cette stratégie afin que les fournisseurs chinois de pièces automobiles puissent réduire les coûts de transport et les droits de douane et améliorer leur compétitivité sur le marché mondial.

Le CATARC est un institut de recherche scientifique relevant de la Commission de surveillance et d’administration des biens publics du Conseil d’État.

D’après le rapport, l’importance est accordée « aux produits, à la capacité de production et à la chaîne industrielle », incitant ainsi les entreprises chinoises à envisager l’implantation d’usines en Europe, en Amérique du Nord et en Asie du Sud-Est.

Dès le 1er juin, l’Association chinoise des constructeurs automobiles (CAAM) a publié un article affirmant que les acteurs chinois de la chaîne d’approvisionnement automobile se trouvaient à un moment historique de changement, non seulement pour « aller à l’étranger », mais aussi pour « entrer sur le marché mondial ».

La CAAM note que l’Europe et le Moyen-Orient ont été d’importantes destinations d’exportation pour les voitures chinoises ces dernières années, et que l’Asie du Sud-Est et le Mexique sont également devenus des marchés populaires.

Ces dernières années, la Chine a développé une chaîne d’approvisionnement complète pour l’industrie des véhicules électriques (VE) englobant une série de secteurs, dont les pièces automobiles générales, les batteries et les habitacles intelligents, selon la CAAM.

Les médias chinois ont vanté le fait que les entreprises de pièces automobiles fabriquant des batteries, des châssis et des systèmes de gestion thermique, ainsi que celles qui sont impliquées dans les technologies intelligentes et l’énergie verte, ont accéléré leur entrée sur les marchés mondiaux.

Motivations du PCC pour son plan d’expansion de la chaîne d’approvisionnement automobile

Lu Shaye, expert en finances chinoises et ancien cadre marketing dans plusieurs entreprises chinoises, a expliqué à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times que le plan d’expansion de la chaîne d’approvisionnement automobile de Pékin vise à contrer les sanctions de l’Europe et des États-Unis.

Affectées par les droits de douane punitifs imposés par les États-Unis et l’Union européenne, les exportations chinoises de véhicules électriques ont enregistré leur première baisse. Les exportations mensuelles de véhicules électriques et hybrides ont baissé de 9 % en glissement annuel pour atteindre seulement 99.000 véhicules exportés en mai, selon les données publiées par la CAAM le 14 juin.

La Commission européenne a annoncé le 4 juillet que les États membres fixeraient des droits de douane sur les véhicules électriques chinois allant jusqu’à 37,6 % à partir du 5 juillet.

En mai, l’administration Biden a annoncé qu’elle augmenterait les droits de douane sur les VE chinois de 25 % à 100 % et sur les batteries lithium-ion chinoises pour véhicules électriques de 7,5 % à 25 %.

Selon Lu Shaye, les sanctions occidentales sur les VE fabriqués en Chine affecteraient les fournisseurs de pièces automobiles. « Si la voiture entière ne peut être vendue, les entreprises en amont qui fournissent tous les composants, tels que les batteries et les systèmes de contrôle électronique, seront également touchées. »

Mais si le PCC étendait les chaînes d’approvisionnement automobile aux marchés européen et américain, cela permettrait aux entreprises chinoises d’esquiver les sanctions, a fait valoir M. Shaye, ajoutant : « Une fois que les entreprises chinoises installent des usines dans ces pays, elles sont traitées comme des entreprises étrangères et font partie de la communauté d’intérêts locale, par exemple en fournissant des emplois et des recettes fiscales. »

Le désir de Pékin d’étendre la chaîne d’approvisionnement automobile chinoise à l’étranger est également motivé par le déclin anticipé de la demande des consommateurs pour les voitures dans les trois à cinq prochaines années, a commenté l’économiste américain David Huang à Epoch Times, notant que le marché intérieur n’a pas le pouvoir d’achat nécessaire pour soutenir une croissance significative de la production.

Ainsi, pour les entreprises automobiles chinoises, l’expansion à l’étranger est une stratégie pour assurer leur survie et éviter de perdre leur compétitivité sur le marché, a déclaré M. Huang.

Il a expliqué que le PCC cible les marchés européens et nord-américains parce que les constructeurs automobiles chinois y réalisent généralement beaucoup de bénéfices. En revanche, les voitures chinoises ne sont pas aussi populaires en Amérique latine, en Afrique et en Asie centrale.

Toutefois, David Huang a souligné que la stratégie du PCC nuirait à l’économie chinoise. Par exemple, selon lui, le PCC utiliserait les fonds du Trésor public pour subventionner les entreprises de pièces automobiles qui construisent des usines à l’étranger tout en négligeant le soutien économique au peuple chinois, lequel a du mal à joindre les deux bouts dans une économie faible. En outre, le transfert de la chaîne d’approvisionnement à l’étranger aggraverait le chômage dans l’industrie automobile nationale, car les entreprises chinoises comptent sur les subventions pour améliorer leur compétitivité.

Les exportations automobiles de la Chine ont atteint un niveau record de 4,91 millions de véhicules en 2023, après des exportations de 3,11 millions de véhicules en 2022 et de 2,02 millions en 2021, selon les données de janvier de la CAAM. L’année dernière, la Chine a dépassé le Japon pour devenir le premier exportateur mondial d’automobiles, selon l’Association chinoise des voitures particulières.

Toutefois, l’augmentation significative des exportations chinoises de VE a suscité des inquiétudes quant au dumping de produits de mauvaise qualité et à la monopolisation du marché par Pékin.

Au-delà des droits de douane élevés appliqués aux VE chinois, Janet Yellen, secrétaire américaine au Trésor, lors d’une visite en Chine en avril, a exhorté Pékin à s’attaquer au problème de la surproduction dans les nouveaux secteurs de l’énergie verte, comme l’énergie solaire, les voitures électriques et les batteries au lithium-ion.

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