Une infirmière de 37 ans, agressée lundi au couteau au sein du CHU de Reims par un homme souffrant de troubles psychiatriques, est décédée dans la nuit de lundi à mardi, au lendemain d’une attaque qui a suscité une vive émotion.
Le procureur de la République de Reims, Matthieu Bourrette, a indiqué mardi matin à l’AFP que cette infirmière était décédée « en milieu de nuit » et que « les faits reprochés au gardé à vue » avaient été « requalifiés en assassinat ». « L’autopsie a été programmée », a-t-il ajouté.
Une secrétaire médicale a également été blessée lors de l’agression, qui s’est déroulée lundi en début d’après-midi dans l’hôpital, quand un homme de 59 ans, rémois, avec des antécédents psychiatriques, a attaqué les deux victimes muni d’un couteau.
« Je viens d’apprendre avec une immense tristesse le décès de Carène », a réagi sur Twitter le ministre de la Santé François Braun. « Mes pensées vont à ses proches, à ses collègues, ainsi qu’à toutes les équipes de l’hôpital endeuillées ce matin. »
Je viens d’apprendre avec une immense tristesse le décès de Carène, infirmière de 38 ans violemment agressée hier au @CHUdeReims. Mes pensées vont à ses proches, à ses collègues, ainsi qu’à toutes les équipes de l’hôpital endeuillées ce matin.
— François Braun (@FrcsBraun) May 23, 2023
Un homme sous « curatelle renforcée » déjà mis en examen pour des « faits de violences aggravées »
Le mis en cause, rapidement interpellé après avoir tenté de prendre la fuite, « semble avoir agi sans mobile apparent, d’autant qu’il n’avait pas de rendez-vous dans ce service » de « médecine et santé au travail », avait indiqué le procureur de Reims lundi dans un communiqué. Il « semble souffrir de troubles sévères et fait l’objet depuis plusieurs années d’une mesure de curatelle renforcée ».
Cet homme a été placé en garde à vue et l’enquête confiée au commissariat central de Reims. Il avait bénéficié en juin 2022 d’un non-lieu « pour irresponsabilité pénale » après avoir été « mis en examen à Châlons-en-Champagne pour des faits de violences aggravées », ajoutait-il. « Ce dossier devait tout prochainement être évoqué par la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Reims pour statuer sur les mesures de sûreté susceptibles d’être prises », était-il précisé dans le communiqué.
Un comité « pour garantir encore plus de sécurité pour les soignants »
« Je réunirai avant la fin de la semaine un comité avec toutes les parties prenantes, les syndicats, les professionnels » pour « voir ce que l’on peut faire pour garantir encore plus de sécurité pour les soignants », avait promis François Braun lundi soir après une visite au CHU de Reims.
J’étais ce soir avec les équipes du @CHUdeReims, choquées par la violente agression de deux collègues cet après-midi, pour qui j’ai une pensée émue. Je réunirai en fin de semaine tous les acteurs concernés, afin de trouver des solutions prioritaires pour la sécurité des soignants pic.twitter.com/D0WMzRZfR8
— François Braun (@FrcsBraun) May 22, 2023
Le président de la Fédération hospitalière de France (FHF) Arnaud Robinet, maire de Reims, a exprimé sur Twitter ses « pensées » à « la communauté hospitalière » ainsi qu’à la famille de l’infirmière et fait part de « son immense tristesse » après ce décès.
Un contexte « de violence physique ou verbale dans les hôpitaux publics »
La Fédération hospitalière de France (FHF) avait souligné lundi dans un communiqué que « cette agression » s’inscrivait « dans un contexte plus général marqué, ces dernières années, par plusieurs faits de violence physique ou verbale dans les hôpitaux publics ». « Malheureusement, les soignants sont de plus en plus visés par des actes de violence. 37% des professionnels de santé disent en avoir été victimes l’an dernier. Cette violence en milieu de santé, comme à Reims, est absolument intolérable », avait réagi le même jour le président de la FHP (Fédération de l’hospitalisation privée), Lamine Gharbi.
Si les incivilités sont fréquentes dans les hôpitaux, les agressions graves sur des personnels soignants dans les établissements de santé restent relativement rares. Parmi les derniers cas, en février, cinq membres du personnel avaient été blessés par un patient aux urgences de l’hôpital Ambroise-Paré à Boulogne (Hauts-de-Seine). En septembre 2020, des personnes du service des urgences de l’hôpital Robert-Debré à Paris ont été blessées par un homme « clairement alcoolisé » et en janvier 2019, un patient avait agressé trois membres du personnel aux urgences de l’hôpital Saint-Antoine, à Paris.
Les attaques les plus graves ont eu lieu dans des établissements psychiatriques. En avril 2002, un infirmier de l’hôpital psychiatrique de Bron (Rhône) avait été mortellement blessé au couteau par un jeune homme de 19 ans soigné pour schizophrénie. En décembre 2004, une infirmière et une aide-soignante de l’hôpital psychiatrique de Pau (Pyrénées-Atlantiques) avaient été tuées durant leur nuit de garde par un ancien patient de 21 ans, souffrant lui aussi de schizophrénie.
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