Alors que l’ingérence étrangère de la Chine au Canada fait l’objet d’un examen de plus en plus minutieux, un nouveau rapport détaille la manière dont le régime communiste influence les hommes politiques et étouffe les groupes persécutés. Il met notamment en évidence les efforts déployés par le PCC pour miner le soutien aux pratiquants du Falun Gong et leur travail pour mettre fin à la persécution de la pratique spirituelle, perdurant depuis 1999.
Le rapport de 130 pages, publié par l’Association Falun Dafa du Canada (FDAC) le 25 octobre, détaille les stratégies du Parti communiste chinois (PCC) en matière d’ingérence étrangère, en se concentrant sur les pratiquants du Falun Dafa, également connu sous le nom de Falun Gong.
Les tactiques sont principalement attribuées aux missions diplomatiques chinoises. Elles consistent à contraindre les politiciens, à diffuser de la désinformation, à se faire passer pour des pratiquants du Falun Gong afin de discréditer le groupe, à espionner les pratiquants et à chercher à les exclure des événements communautaires. Elles comprennent également des cyberattaques ainsi que des actes de harcèlement, d’intimidation et d’agression physique à l’encontre des pratiquants du Falun Gong.
Le rapport souligne l’évolution progressive des tactiques du PCC au cours des 24 dernières années. Il indique que le FDAC a « observé que l’approche précédemment brutale de la mission chinoise à l’égard des politiciens et des fonctionnaires canadiens est devenue plus subtile et clandestine ».
Le rapport cite les principaux incidents à l’origine de ce changement. En 2004, le vice-consul général de Chine à Toronto, Pan Xinchun, a été jugé responsable d’avoir diffamé un pratiquant du Falun Gong dans le Toronto Star. En 2005, l’unité de lutte contre la haine de la police d’Edmonton a reconnu que les documents diffusés par le consulat chinois de Calgary constituaient de la propagande haineuse et a recommandé de poursuivre les deux diplomates concernés pour « promotion délibérée de la haine » à l’encontre du Falun Gong.
Un facteur contribuant à ce changement a été la résistance publique affichée par les fonctionnaires canadiens qui se sont heurtés à l’ingérence du PCC contre les pratiquants du Falun Gong, selon le rapport.
Le FDAC signale que, pour tenter d’échapper à la surveillance, les missions chinoises ont de plus en plus recours à des agents et à des mandataires pour infiltrer les bureaux politiques des pays hôtes, influencer les politiciens et diffuser de faux courriels en se faisant passer pour des pratiquants du Falun Gong.
Tactiques des missions chinoises
Les diplomates chinois déploient des efforts considérables pour influencer le point de vue des politiciens canadiens sur le Falun Gong, en recourant souvent à des menaces selon lesquelles le non-respect du régime pourrait compromettre les relations commerciales entre le Canada et la Chine, selon le rapport du FDAC.
Par exemple, en 2003, le chargé d’affaires de la Chine au Canada, Chu Guangyou, aurait écrit au député libéral Jim Peterson pour lui faire part de la question sensible du Falun Gong et des effets potentiels sur les relations entre le Canada et la Chine. M. Chu a déclaré : « J’espère que vous et votre gouvernement comprendrez notre position et serez vigilants face à toute tentative du Falun Gong de mettre en péril nos relations bilatérales », selon le National Post dans un article de 2004 cité par le rapport du FDAC. Un paquet contenant des documents anti-Falun Gong aurait été joint à la lettre de M. Chu.
Le FDAC a recensé de nombreux cas où des documents similaires ont été distribués à d’autres hommes politiques canadiens.
En 2001, un député de la Colombie-Britannique a écrit à Mei Ping, alors ambassadeur de Chine au Canada, pour lui faire part de ses préoccupations concernant la persécution du Falun Gong par le PCC. En réponse, le député a reçu une lettre diffamatoire de trois pages et d’autres documents anti-Falun Gong de la part de M. Mei. Le rapport du FDAC comprend une copie de cette lettre, estampillée comme ayant été soumise à la Chambre des Communes le 14 juin 2001. L’identité du député a été caviardée dans la lettre.
Un groupe de travail anti-Falun Gong au PCC
Le Falun Gong est une pratique spirituelle ancrée dans les traditions bouddhistes. Outre cinq exercices de méditation, cette pratique met l’accent sur le développement d’un caractère moral centré sur les principes de « vérité, compassion et tolérance ».
En raison de ses bienfaits pour la santé, le Falun Gong a rapidement gagné en popularité en Chine après avoir été présenté au public en 1992. Selon les données officielles du gouvernement chinois, entre 70 et 100 millions de citoyens chinois pratiquaient le Falun Gong à la fin des années 1990.
Cependant, Jiang Zemin, le dirigeant chinois de l’époque, a perçu la popularité de la pratique comme une menace au contrôle totalitaire du régime. En juillet 1999, il a lancé une campagne nationale d’arrestations et de persécutions massives dans le but d’éradiquer la pratique. Dans le cadre de cette campagne, le PCC a mis en place des entités de sécurité extrajudiciaires, notamment le Bureau 610, ayant pour mandat spécifique d’éradiquer le Falun Gong.
Sous l’égide du Bureau 610, un groupe de travail spécial anti-Falun Gong a également été créé avec la mission précise de combattre les pratiquants du Falun Gong en dehors de la Chine.
Comme l’indique le rapport du FDAC, l’ancien diplomate chinois, Chen Yonglin, un éminent transfuge qui avait occupé un poste élevé au consulat de Chine à Sydney, en Australie, avant de faire défection en 2005, a témoigné de l’existence de ce groupe de travail.
Dans sa déclaration sous serment présentée en 2008 à la Cour suprême de la Colombie-Britannique, M. Chen a révélé que ce groupe de travail était intégré à tous les consulats et ambassades de Chine dans le monde où se trouvent des pratiquants du Falun Gong. Il a également confirmé qu’il était lui-même membre de ce groupe de travail lorsqu’il était consul pour les affaires politiques au consulat de Chine à Sydney.
Les diplomates chinois de cette unité spéciale sont chargés de faire pression sur les hommes politiques du pays d’accueil pour qu’ils s’abstiennent de tout contact avec les pratiquants du Falun Gong, qu’ils évitent de faire des déclarations publiques en faveur du Falun Gong et qu’ils excluent les pratiquants des manifestations civiques, a déclaré M. Chen.
Citant un compte rendu d’une réunion du groupe de travail en février 2001, joint à sa déclaration sous serment, M. Chen a souligné que cette unité spéciale emploie un certain nombre d’autres tactiques pour cibler la communauté Falun Gong en Australie. Il s’agit notamment de mobiliser la diaspora chinoise locale, les entreprises et les étudiants pour qu’ils écrivent au gouvernement, aux services de police et aux ministères australiens des Affaires étrangères et du Commerce afin de déposer des plaintes concernant les manifestations du Falun Gong organisées devant le consulat de Chine pour réclamer justice.
Une unité similaire du PCC opérant au Canada a été révélée en avril 2007. Zhang Jiyan, transfuge et épouse d’un diplomate de l’ambassade de Chine à Ottawa, a révélé l’existence d’une équipe de dix personnes chargée de « combattre le Falun Gong » au Canada. Le rapport du FDAC indique que cette équipe était placée sous la direction d’un ministre conseiller chinois chargé des affaires politiques.
Des politiciens complices
Le FDAC a exprimé de « sérieuses inquiétudes » concernant plusieurs politiciens canadiens qui, selon lui, se sont alignés sur les efforts du régime chinois pour marginaliser la communauté Falun Gong au Canada.
Le rapport fait référence à de nombreux articles de presse qui présentent Michael Chan, ancien député provincial de l’Ontario, actuellement maire adjoint de Markham (Ontario), comme un homme politique perçu comme « proche du régime chinois ». M. Chan a exprimé son soutien à la répression par Pékin du mouvement démocratique à Hong Kong. Selon le Globe and Mail, il aurait également rencontré des agents présumés des services de renseignement chinois dans le cadre d’activités liées aux campagnes électorales fédérales de 2019 et 2021 au Canada.
Un autre homme politique mentionné dans le rapport du FDAC est le député provincial de l’Ontario Vincent Ke. Selon le rapport, M. Ke aurait découragé ses collègues députés d’exprimer leur soutien au Falun Gong. Cette information a été révélée par un autre député de l’Ontario à des membres de la communauté Falun Gong au début de l’année 2023.
En mars 2023, M. Ke a démissionné du caucus progressiste-conservateur de l’Ontario après qu’un article de Global News a allégué qu’il faisait partie du réseau d’ingérence électorale de la Chine au Canada. M. Ke a nié ces allégations et a intenté une action en justice pour diffamation contre Global News.
Usurpation d’identité
Une tactique plus récente adoptée par le PCC pour discréditer le Falun Gong consiste à se faire passer pour des pratiquants et d’envoyer des courriels et des lettres bizarres, parfois menaçants ou inappropriés, à des hommes politiques et à des entreprises du Canada, comme l’a rapporté le FDAC.
Le rapport du FDAC note que les fonctionnaires canadiens qui ont peu de connaissances ou d’interactions avec la communauté du Falun Gong sont les plus vulnérables aux campagnes de désinformation et d’intimidation du PCC. En revanche, le rapport indique que « les fonctionnaires qui connaissent mieux le Falun Gong sont en mesure de reconnaître la fausseté et la nature propagandiste du contenu des lettres et de demander en temps utile des éclaircissements aux pratiquants ».
Parmi les hommes politiques qui ont reçu de « faux courriels » de personnes se faisant passer pour des pratiquants du Falun Gong, cités dans le rapport du FDAC, figurent la députée libérale Judy Sgro, qui copréside le groupe des Amis parlementaires canadiens du Falun Gong, le député néo-démocrate Peter Julian, le député conservateur Scott Reid et l’ancien Premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney. Chrystia Freeland, ministre des Finances et Vice-Première ministre, aurait également reçu un courriel similaire en 2017, alors qu’elle était ministre des Affaires étrangères.
La FDAC note que la campagne systématique et persistante d’usurpation d’identité et de diffamation par courriel ne se limite pas au Canada. Elle décrit la campagne comme un « phénomène mondial ». Le rapport indique que des courriels identiques ou similaires ont été envoyés à des hommes politiques dans plusieurs autres pays, dont les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Selon le FDAC, ce schéma souligne l’omniprésence de l’ingérence du régime communiste dans les pays du monde entier.
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