Un rapport complet détaille les 24 années d’ingérence étrangère du régime chinois et l’extension de sa répression du Falun Gong au Canada, en soulignant son escalade et ses tactiques pour réduire le groupe au silence, et étouffer ses activités de défense des droits de l’homme. Le rapport souligne également l’impact négatif des activités sur les Canadiens, alors que le régime poursuit ses objectifs idéologiques.
Le rapport de 129 pages, publié par l’Association Falun Dafa du Canada (FDAC) le 25 octobre, fait état de nombreux cas dans le pays où des personnes ou des entités se sont livrées à des agressions physiques et verbales, à l’intimidation, au harcèlement et à l’exclusion sociale des membres de la pratique spirituelle du Falun Gong, également appelée Falun Dafa.
Ces incidents, qui se poursuivent depuis 1999, sont souvent liés à l’ambassade, au consulat de Chine ou à la branche du Parti communiste chinois (PCC) chargée de l’ingérence dans les affaires étrangères.
Le rapport du FDAC note qu’en poursuivant l’objectif de « modifier la perception du Falun Gong par le public, en diminuant le soutien du public à son appel à la justice et aux droits de l’homme », l’opération d’influence étrangère du PCC « s’étend au grand public canadien dans son ensemble et a des répercussions négatives sur lui ». Cela inclut les politiciens et de nombreuses autres facettes de la vie civile, sociale et politique au Canada.
Le rapport souligne que l’ingérence de Pékin dans les affaires étrangères est devenue « plus cachée et plus invisible ». En conséquence, le public canadien est peu sensibilisé, ce qui se traduit par une réponse disproportionnée et inadaptée au niveau de la menace.
« Le PCC intimide et manipule les élus canadiens pour les empêcher de s’attaquer aux violations des droits de l’homme », a déclaré Grace Wollensak, représentante de l’ Association Falun Dafa du Canada, lors d’une conférence de presse sur la Colline du Parlement le 25 octobre.
Érosion des valeurs et de la gouvernance canadiennes
Le Falun Gong est une discipline spirituelle ancrée dans les traditions bouddhistes. Elle consiste en cinq exercices de méditation et en des principes moraux axés sur la vérité, la compassion et la tolérance.
Introduite en Chine en 1992, elle a rapidement gagné en popularité grâce à ses bienfaits pour la santé. Selon les données officielles chinoises, le nombre de pratiquants du Falun Gong était estimé entre 70 et 100 millions à la fin des années 1990.
Cependant, le dirigeant chinois de l’époque, Jiang Zemin, a perçu la popularité de cette pratique comme une menace pour le contrôle totalitaire du régime. En juillet 1999, il a lancé une campagne nationale d’arrestations et de persécutions massives dans le but d’éradiquer la pratique.
« Cette ingérence et cette répression sont une extension de la campagne du PCC visant à éradiquer le Falun Gong en Chine », indique le rapport. « Cette campagne d’éradication s’accompagne de certaines des pires violations des droits de l’homme commises, notamment le prélèvement forcé d’organes ; un crime contre l’humanité et potentiellement un génocide. »
Mme Wollensak a noté que cette campagne « menace non seulement la sécurité de la communauté Falun Gong, mais érode également les valeurs fondamentales et la bonne gouvernance de la société canadienne ».
Tactiques d’influence
Le rapport du FDAC indique que si la répression du PCC s’étend à de multiples secteurs de la société canadienne, son influence sur le secteur gouvernemental est « sans précédent ». Ses tactiques comprennent l’envoi de lettres diffamatoires aux fonctionnaires, la diffusion de désinformation et l’organisation de rassemblements par l’intermédiaire d’organisations associées au Département du travail du Front uni, une agence chinoise qui se consacre principalement à l’ingérence étrangère.
La façon dont ces lettres diffamatoires ont évolué au fil du temps constitue une « tendance alarmante ». Au départ, elles étaient envoyées directement par des diplomates de haut niveau de l’ambassade et des consulats de Chine. Ces dernières années, elles ont évolué pour impliquer des individus se faisant passer pour des pratiquants du Falun Gong afin d’envoyer ces lettres sous de fausses identités.
Le rapport cite un cas de 2017 où la députée libérale Judy Sgro, coprésidente des Amis parlementaires canadiens du Falun Gong, a reçu un courriel frauduleux d’une personne se présentant comme « curry zhaoz ». L’expéditeur a inclus une image de Mme Sgro avec une toile de fond inappropriée et une déclaration selon laquelle l’image serait largement diffusée pour montrer son soutien au Falun Gong.
Une autre tendance notable identifiée dans le rapport est la dépendance croissante de ces opérations à l’égard d’organisations de façade. Il s’agit du recrutement d’entreprises privées et d’organisations civiles pour contribuer à la répression du PCC. Citant un chercheur en études chinoises, le rapport indique qu’un total de 204 organisations au Canada ont été identifiées comme étant affiliées au Front uni. Le rapport ne révèle pas l’identité de l’universitaire, qui préfère rester anonyme.
Dans une députation de 2014, Michel Juneau-Katsuya, ancien chef de l’unité Asie-Pacifique du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), a signalé plusieurs organisations soupçonnées d’aider les opérations du PCC et a décrit un moyen simple pour les agences de contre-espionnage occidentales d’identifier les agents du PCC ou les organisations cooptées.
En règle générale, ils sont invités à des réunions organisées par de hauts fonctionnaires chinois ou à des voyages tous frais payés en Chine. Ils expriment souvent leur soutien à Pékin, même en cas de violations des droits de l’homme ou d’événements controversés tels que le massacre de la place Tiananmen en 1989, au cours duquel le régime a ouvert le feu sur des étudiants et des militants prodémocratiques.
Propagande haineuse
Pour justifier son oppression du Falun Gong, le rapport indique que le régime chinois a mené une vaste campagne de propagande haineuse, utilisant les médias contrôlés par l’État pour vilipender la pratique et ses pratiquants et pour restreindre les sources d’information extérieures.
Un exemple notable est l’incident d’« auto-immolation » du 23 janvier 2001, diffusé par l’agence de presse Xinhua, porte-parole officiel du PCC. Dans cette émission, on voit cinq personnes s’immoler par le feu sur la place Tiananmen à Pékin. Xinhua a immédiatement affirmé qu’il s’agissait de pratiquants du Falun Gong qui s’étaient immolés dans le cadre d’une tentative de suicide religieux, bien que le suicide soit contraire aux enseignements de cette pratique. La soi-disant auto-immolation a été utilisée par le PCC pour calomnier le Falun Gong.
Bien que la vidéo contienne plusieurs incohérences et que des chercheurs et des médias internationaux aient par la suite contesté sa mise en scène, la couverture par Xinhua a constitué une victoire importante pour la propagande du PCC. De nombreux citoyens chinois ont commencé à dénoncer leurs collègues, leurs voisins et même les membres de leur famille qui pratiquaient le Falun Gong, estimant que le groupe était réellement dangereux.
Le FDAC note que l’endoctrinement du régime s’est étendu au Canada, façonnant les attitudes des Canadiens pour qu’ils se conforment à la position de Pékin à l’égard de la pratique.
Lors d’un incident décrit dans le rapport, une femme de l’Alberta a été arrêtée à Toronto le 20 août après avoir agressé verbalement et physiquement une pratiquante du Falun Gong âgée de 78 ans, Zhou Chuanying. Mme Zhou fréquente la Tour CN pour distribuer des dépliants et sensibiliser le public à la persécution du Falun Gong par Pékin. Ce jour-là, la femme a fait face à Mme Zhou, s’est moquée d’elle et l’a injuriée, avant de lui arracher les dépliants.
Le rapport indique également que l’ambassade de Chine au Canada est connue pour avoir des sections dédiées sur son site web à la promotion de la propagande anti-Falun Gong. En outre, le rapport fait état de plusieurs incidents au cours desquels l’ambassade et les consulats chinois ont diffusé de la propagande haineuse. Au début des années 2000, le consulat chinois de Toronto a posé des affiches anti-Falun Gong sur les murs de l’air d’attente des demandeurs de visa.
Le rapport s’inquiète également du « rôle important » joué par les médias sino-canadiens et les plateformes de médias sociaux comme WeChat dans la diffusion de la propagande haineuse du PCC contre le Falun Gong. Parmi les différents cas mentionnés par le FDAC figure La Presse chinoise, basée à Montréal, qui, selon le rapport, « reproduit des documents diffamatoires de la RPC dans presque chaque numéro de son journal » contre le Falun Gong depuis 2001.
Ces conclusions rejoignent les observations de Victor Ho, ancien rédacteur en chef du Sing Tao Daily. Dans une récente interview accordée à Epoch Times, M. Ho a défini trois types de médias utilisés par Pékin pour exercer son influence à l’étranger et étendre son contrôle sur la diaspora chinoise : les filiales à l’étranger des médias d’État chinois, les médias originaires de Hong Kong qui ont cédé à l’influence de Pékin et les médias étrangers créés par des groupes chinois alignés sur Pékin.
Recommandations
La FDAC propose une série de recommandations en réponse à l’ingérence étrangère et à la répression transnationale du PCC. L’association demande au gouvernement canadien de condamner publiquement la persécution du Falun Gong par le PCC et d’insister sur la nécessité de mettre fin à cette répression en Chine et de l’étendre au Canada. Elle demande également au gouvernement d’exprimer publiquement son soutien au Falun Gong et d’inviter les pratiquants à témoigner devant les commissions parlementaires.
Une autre recommandation consiste à garantir la responsabilité diplomatique en sanctionnant les diplomates chinois et les responsables de missions impliqués dans des activités d’infiltration et de répression au Canada. Le rapport souligne également la nécessité de mettre en place des mécanismes juridiques solides, tels que le registre des agents étrangers proposé, afin d’identifier et de sanctionner les personnes ou les organisations travaillant pour le compte du PCC.
Les recommandations du FDAC portent également sur le renforcement de la transparence, par la publication régulière de rapports mettant en évidence les incidents et les sanctions liés aux mesures prises pour contrer l’ingérence étrangère et la répression, ainsi que sur l’éducation des fonctionnaires à tous les niveaux de gouvernement sur les tactiques du PCC et sur la reconnaissance et la lutte contre la propagande du régime.
Le rapport cite la réponse de l’ancien diplomate chinois Chen Yonglin, qui a fait défection en Australie en 2005, lorsqu’on lui a demandé pourquoi le PCC s’investissait dans l’extension de la persécution du Falun Gong à l’étranger.
M. Chen a déclaré : « Le Parti communiste chinois s’est toujours appuyé sur la violence, les mensonges et la défense de l’athéisme pour maintenir son pouvoir. Il ne pouvait pas comprendre les efforts pacifiques des pratiquants du Falun Gong pour protéger leur liberté de croyance. (…) Maintenant, ils pensent qu’ils ne peuvent pas faire savoir aux gens ce qui a été fait contre le Falun Gong en Chine ».
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.