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L’inquiétante recrudescence de l’antisémitisme en France

novembre 19, 2023 22:37, Last Updated: avril 15, 2024 12:53
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Le samedi 7 octobre, les terroristes islamistes du Hamas massacraient des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants en Israël. Ces horribles attaques ont entraîné en Occident et plus particulièrement en France une montée importante des actes antisémites. L’extrême-gauche et des responsables religieux, par leurs positions parfois controversées, ont souvent été accusés de les encourager. Mais le dimanche 12 novembre, Paris a été la seule ville au monde à voir des centaines de milliers de personnes se réunir pour dénoncer l’antisémitisme, une manifestation reconnue et applaudie par de nombreux juifs dans le monde.

1518 actes antisémites depuis le 7 octobre

C’est une vague de haine anti-juifs qui a déferlé sur la France après les attaques du Hamas. Depuis le 7 octobre, les pouvoirs publics ont recensé plus de 1518 actes à caractère antisémite sur tout le territoire, soit presque le triple des données enregistrées chaque année.

« C’est dans la plupart des cas des tags de croix gammées, des insultes téléphoniques, des lettres de menaces de mort », déclarait jeudi 16 novembre le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ajoutant que « moins de 5 % des actes commis sont des coups et des blessures ». D’autres actions antisémites ont également provoqué de vives émotions chez les Français comme la récente profanation de stèles juives dans un cimetière de l’Oise ou encore la dégradation de domiciles et des tags d’étoiles de David sur des façades d’immeubles en région parisienne.

Fait troublant, le nombre de 1518 n’inclut pas les 8000 signalements effectués sur la plateforme internet Pharos pour des contenus et messages anti-juifs. Le ministre de l’Intérieur a aussi rappelé qu’il y a eu jusqu’à présent quasiment 600 interpellations. Les personnes interpellées sont diverses. Il peut aussi bien s’agir d’étrangers en situation régulière ou irrégulière sympathisants de la cause palestinienne ou de très jeunes Français inconscients. Pour le moment, environ 300 enquêtes ont déjà été ouvertes selon le ministère de la Justice, et plus de 30 condamnations ont été prononcées pour des actes ou faits antisémites.

Les positions controversées de l’extrême-gauche et de responsables religieux

Au lendemain des massacres perpétrés par le Hamas, le parti d’extrême-gauche La France Insoumise (LFI) a suscité l’indignation générale. LFI a en effet publié le 7 octobre un communiqué intitulé « Israël-Palestine : pour une paix juste et durable, stop à l’escalade ! » dans lequel l’État hébreu et le groupe terroriste sont renvoyés dos à dos. Les meurtres du Hamas sont aussi qualifiés d’« offensive armée de forces palestiniennes ». Quelques jours plus tard, la plupart des personnalités du mouvement persistent, à commencer par l’ex-leader du parti Jean-Luc Mélenchon et les députés les plus médiatisés. Ils refusent de qualifier les attaques du Hamas, d’attaques terroristes, préférant le terme de « crime de guerre ». L’ancien candidat à l’élection présidentielle a même justifié cette rhétorique à l’occasion d’une conférence à Bordeaux le 11 octobre. « Si nous acceptions de caractériser comme terroriste une action de guerre, nous la soustrairions au droit international », a-t-il déclaré. Mais le mouvement d’extrême-gauche ne s’est pas arrêté là. Le 17 octobre, la députée LFI Danièle Obono qualifiait en pleine interview le Hamas de « mouvement de résistance ». En réponse, Gérald Darmanin avait saisi la justice pour « apologie du terrorisme ». Dans un post publié sur X le 22 octobre, Jean-Luc Mélenchon a reproché à la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet en déplacement en Israël d’ « encourager le massacre ». Ces positions successives, prises par certains insoumis leur ont valu d’être lourdement critiqués par leur opposants politiques de centre et de droite, des représentants d’institutions juives ainsi que des intellectuels. Ces derniers leur ont reproché de jeter de l’huile sur le feu, de devenir un parti d’extrême-droite et d’encourager les actes antisémites.

D’ailleurs, la présidente de la chambre basse a accusé Jean-Luc Mélenchon de « lui mettre une nouvelle cible dans le dos ». Tous les partis alliés de LFI, traditionnellement plus modérés comme le Parti socialiste ou Les Écologistes ont quant à eux été critiqués pour ne pas avoir pris suffisamment leur distance avec les insoumis et de ne pas quitter leur alliance à l’exception du Parti communiste.

Viennent s’ajouter aux propos et aux positions de certains responsables politiques, ceux de quelques responsables religieux musulmans minimisant la forte augmentation des actes antisémites depuis les attaques du 7 octobre. Interrogé sur les actes antisémites recensés par le ministère de l’Intérieur, un des imams de la Grande mosquée de Paris, Abdelali Mamoun, a récemment fait polémique. « Où sont ces actes antisémites ? », a-t-il interrogé. « J’aimerais qu’on les dévoile pour que nous puissions être véritablement solidaires », a-t-il ajouté. Des mots « scandaleux, mettant des doutes sur la réalité » selon l’imam Hassen Chalghoumi, engagé depuis des années contre la montée de l’antisémitisme.

La marche contre l’antisémitisme

À l’initiative transpartisane de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et du président du Sénat Gérard Larcher, une grande marche contre l’antisémitisme a été organisée à Paris et partout en France dimanche 12 novembre. Presque tout le spectre politique français était présent. Des partis de gauche plus modérés jusqu’au Rassemblement national, en passant par le parti macroniste Renaissance et les Républicains. Le parti de Marine le Pen, très longtemps critiqué pour son passé antisémite, a eu pour la première fois la possibilité de participer à une marche contre l’antisémitisme. La Première ministre en exercice, Élisabeth Borne et deux anciens présidents de la République, Nicolas Sarkozy et François Hollande étaient également présents. L’actuel chef de l’État avait indiqué qu’il y participerait « par la pensée ». Seule la France Insoumise a refusé d’y prendre part fustigeant une initiative rassemblant « les amis du soutien inconditionnel au massacre ». La marche a réuni 105.000 personnes dans la capitale et plus de 182.000 personnes ont défilé partout sur le territoire.

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