Le dirigeant du régime chinois Xi Jinping fait beaucoup de vagues sur le front politique afin d’assurer que l’économie et les marchés financiers chinois restent stables en 2017. Il a même annoncé qu’il préfère la stabilité à un taux de croissance du PIB à la hauteur des attentes du régime.
L’année dernière, il a obtenu une victoire partielle.Le régime a réussi à contenir une fuite massive de capitaux, un marché du travail soumis au stress et des crashs boursiers grâce à sa tactique habituelle – injecter des centaines de milliards de dollars dans l’économie à travers le système bancaire de l’État. Cependant, sous la surface, des facteurs de risque pour les marchés financiers continuent à se développer.
Selon un rapport de Bloomberg, lors d’une récente réunion secrète, Xi Jinping a admis que la Chine pourrait ne pas atteindre son objectif de croissance si cela crée trop de risques. Tant que l’économie et l’emploi demeureront stables, ce taux pourrait tomber en dessous de l’objectif de 6,5%. Le rapport de la société de recherche China Beige Book (CBB) explique : « Les investisseurs peuvent devenir obsédés par les chiffres du PIB, mais le Parti peut exiger les chiffres qu’il veut. Ce qui compte pour Pékin, c’est le chômage. »
CBB s’est fait un nom en présentant des données exactes sur l’économie chinoise, car les chiffres officiels sont souvent peu fiables. Les chercheurs de CBB interrogent chaque trimestre des milliers de sociétés et des centaines de banquiers en Chine afin de donner une évaluation précise de différents aspects de l’économie du pays. Le dernier rapport reflète l’estimation du régime chinois ainsi que des analystes occidentaux : l’économie s’est stabilisée grâce aux mesures de relance et le marché du travail est également stable.
Les bénéfices dans la vente au détail, dans le secteur industriel, des services, des transports, de l’immobilier et des produits de base ont augmenté de plus de 50% au cours du quatrième trimestre de 2016, ce qui indique une croissance solide du PIB. En général, la progression des bénéfices a été rapportée par 47 % des entreprises, tandis que 43 % ont crée des emplois.
En août dernier, un article de l’agence officiel Xinhua a fait entendre que garder les travailleurs contents est l’objectif le plus important pour les responsables politiques : « La Chine n’a pas besoin de fabriquer des chiffres sur le chômage, car elle peut le maintenir stable malgré la pression de licenciements… Le chômage reflète la performance de l’économie et influence la politique. »
Toutefois, la stabilité en Chine est une arme à double tranchant pour les investisseurs occidentaux. Si les choses vont bien, il ne faut probablement pas attendre de nouvelles mesures d’encouragement. Le rapport de CBB précise : « Si l’embauche nette reste bonne, le gouvernement a peu de raisons d’intervenir, même si d’autres données montrent des résultats indésirables pour les marchés. Au quatrième trimestre, l’embauche nette était très bonne, ne laissant aucune raison pour l’introduction de mesures d’encouragement au début de 2017. »
La pression financière
Cependant, ce gain en croissance et en création d’emplois a un prix. Les bénéfices et les revenus des entreprises augmentent, tandis que la liquidité ne s’accumule pas – un signe potentiel de stress financier. « Les mauvaises données dans le flux de trésorerie ont persisté cette année, surtout si on les compare à l’an précédent », indique le rapport de CBB.
Le flux de trésorerie d’une entreprise est déterminé non seulement par le montant de ses ventes, mais surtout par la quantité de l’argent qu’elle reçoit, ainsi que par le moment où celui-ci parvient. Si une société attend le paiement, l’argent est comptabilisé comme « créances ». Cette catégorie a augmenté pour 22 % des entreprises interrogés par CBB et n’a diminué que pour 15 %.
De même, si l’entreprise doit attendre l’argent, elle va retarder les paiements à ses fournisseurs (« factures à payer »). Cette dernière catégorie s’est agrandie pour 26 % des entreprises et n’a diminué que pour 17 % – l’une des pires performances de l’histoire de sondages de CBB.
Un sondage effectué par Bloomberg plus tôt cette année a montré qu’il fallait en moyenne 83 jours pour qu’une entreprise chinoise soit payée, soit presque le double du temps dans d’autres marchés émergents. Quant au payement de leurs factures, les entreprises chinoises sont encore plus lentes. Euler Hermes, une société spécialisée dans l’assurance du crédit commercial, a montré qu’en 2015, il fallait compter en moyenne 88 jours pour qu’une entreprise chinoise paye ses factures.
Une autre raison du manque de liquidité est une hausse des stocks. Les entreprises dépensent de l’argent pour produire des biens, mais doivent les garder pendant un certain temps. Au quatrième trimestre, les stocks sont devenus plus importants pour 39 % des entreprises questionnées, soit la plus forte augmentation enregistrée dans les sondages de CBB.
Des longs délais de règlement des factures pourraient indiquer que le remboursement d’intérêts et de dettes – un autre facteur négatif pour le flux de trésorerie – pèsent trop sur les entreprises. Si ces paiements deviennent trop importants, pour survivre, les entreprises doivent compresser le flux de trésorerie opérationnel ou emprunter davantage afin d’effectuer leurs paiements immédiats.
« Le flux de trésorerie pourrait expliquer pourquoi les emprunts des entreprises au troisième et quatrième trimestres ont atteint le plus haut niveau enregistré par CBB depuis mi-2013. Les entreprises peuvent ne pas emprunter pour financer l’expansion, mais plutôt pour couvrir le déficit », explique le rapport.
Si les entreprises n’arrivent pas à emprunter davantage ou à faire pression sur leurs fournisseurs, elles vont faire faillite. Selon une étude de Goldman Sachs qui suit d’une façon régulière les sociétés chinoises, depuis mi-novembre, quatre sociétés ont fait défaut sur leurs obligations d’un montant de 3 milliards de dollars. Cela dépasse les chiffres des cinq mois précédents (de juin à octobre), lorsque seulement trois des sociétés interrogées n’avaient pas respecté leurs paiements. Étant donné que les entreprises chinoises s’enfoncent dans l’endettement, ce manque de liquidité n’est pas un bon signe pour la stabilité en 2017.
Version anglaise : Stress Is Building in China’s Economy
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