L’Institut Catholique de Paris (ICP) a inauguré le 3 octobre 2017 son nouveau campus, après deux ans de travaux. À l’heure où les établissements s’éloignent des centres villes, l’ICP a fait le choix de transformer son campus historique au cœur de Paris, en confiant ce projet à l’agence Duthilleul, reconnue pour sa capacité à restaurer des espaces patrimoniaux.
Les étudiants franchissent la nouvelle entrée rue de Vaugirard. Ils bénéficient d’espaces entièrement rénovés et totalement accessibles, conçus pour la mise en œuvre des dispositifs pédagogiques les plus modernes.
Un campus historique remontant au XVIIe siècle
À l’heure où la génération Z arrive à l’université, l’ICP fait le choix d’investir pleinement son campus fondé en 1875, en réorganisant les circulations et les espaces autour de son cœur historique du XVIIe. Philippe Bordeyne, Recteur de l’ICP explique : « Aujourd’hui nous sommes fiers d’offrir aux étudiants, aux enseignants-chercheurs et aux collaborateurs un environnement de qualité, propice à l’étude, à la recherche et à l’excellence académique. L’accessibilité de tous, le besoin d’espaces pour accueillir plus d’étudiants autant que les nécessités induites par l’évolution des pédagogies, sont à l’origine de ce projet d’envergure ».
« Cette restauration s’illustre d’une part par la rénovation de 4.000 m² d’espaces existants, parmi lesquels un plateau dédié aux innovations pédagogiques et d’autre part par la création de plus de 1.000 m² d’espaces inédits, dont un auditorium de 400 places, situés sous la cour d’entrée », précise-t-il.
La cour d’entrée, dite cour d’Honneur, a été un atout pour mettre en place un cœur commun, en plein-air et à couvert. Elle est délimitée par des bâtiments représentant trois siècles d’architecture ; les hôtes de l’ICP ont ainsi en permanence sous les yeux comme une métaphore de ce qui se passe en ce lieu où la connaissance approfondie et méditée de siècles d’histoire de la pensée oriente chacun dans l’invention d’un avenir commun.
L’architecte Jean-Marie Duthilleul explique la manière dont il a travaillé à la création d’un nouvel espace de cette ampleur dans un site historique de plusieurs siècles : « Nous avons pris soin de rendre très lisibles les caractéristiques historiques spécifiques à chaque bâtiment constituant cet ensemble : le couvent des Carmes dont la façade entièrement rénovée, révèle le caractère à la fois austère et lumineux ; les bâtiments de la rue de Vaugirard et l’église Saint Joseph des Carmes des XVIIIe et début du XIXe siècles avec leurs soubassements nobles en pierre massive ; les bâtiments aux façades ouvragées de briques et de pierre, à la manière des collèges anglais, de la fin du XIXe siècle et du début du XXe et représentatives de l’élan joyeux de la création de l’Institut Catholique de Paris. La nuit, ces différentes architectures seront mises en valeur avec un éclairage spécifique, adapté à leur modénature. Ces distinctions entre les différentes époques sont également mises en évidence dans l’espace du foyer autour de l’auditorium, dont les parois laissent apparaitre les appareils de fondations : de la pierre appareillée, au béton armé en passant par la simple maçonnerie ».
Des espaces aménagés au service de la mise en relation
Le projet a été conçu pour et autour des gens appelés à y vivre : les étudiants, les enseignants, les chercheurs, et ceux qui les accueillent en ce lieu. Il s’agissait de composer un ensemble d’espaces où tous puissent être bien ensemble dans toutes les mises en relations organisées : cours, conférences, travaux en commun, ou fortuites dans les moments de repos, de restauration, de méditation.
Dans l’espace, ceci se traduit par la création de circulations, visuelles et fonctionnelles, entre toutes sortes d’espaces, intérieurs et extérieurs qui étaient jusqu’alors coupés les uns des autres.
Le lieu stratégique de ces espaces de circulation est le foyer situé sous la cour d’honneur : il fait face au couvent des Carmes et constitue le véritable carrefour du Campus. Le cœur du dispositif est le grand auditorium, destiné à accueillir les colloques et événements internationaux, il prend la forme intemporelle de l’amphithéâtre: référence aux romains qui habitaient le site il y a 20 siècles. Modulable, connecté, habillé de chêne et bénéficiant de la lumière du jour, à 10 mètres sous terre, cet espace renvoie également aux amphithéâtres du quartier latin, lieux d’histoires, où furent enseignées, discutées, élaborées ou approfondies tant de pensées sur l’Homme et l’Univers.
Près du Paris des Universités, à deux pas du Sénat et du jardin du Luxembourg
L’entrée principale de l’ICP se fait désormais par le 74 rue de Vaugirard, rapprochant ainsi le campus de la ville, et la ville du campus. Il signe ainsi la volonté d’ouvrir sur la cité un établissement ancré dans le Paris des Universités, à deux pas du Sénat et du jardin du Luxembourg. Ce déplacement permet également de donner à voir en entrant la lumière se reflétant sur la façade du couvent des Carmes, beauté austère d’un lieu empreint de spiritualité et de savoir.
« L’espace dans lequel nous vivons est l’instrument même de la relation à l’autre, une relation complète, pas une simple mise en communication comme celle que permettent les technologies numériques. C’est une relation par la mise en présence. Ainsi, lorsque l’on vient physiquement sur le campus de l’ICP, c’est bien pour entrer dans cette relation complète avec d’autres : enseignants, étudiants, chercheurs. La création, face au couvent des Carmes, de l’espace autour de l’auditorium, à la fois sous la cour d’Honneur et au bord d’un jardin de simples, permet de relier physiquement les différents espaces et de susciter toutes sortes de rencontres… Lorsqu’on compose l’espace d’un campus comme celui de l’ICP, on doit être obsédé », a déclaré Jean-Marie Duthilleul, quand il a expliqué plus particulièrement la mise en relation proposée sur ce projet et la volonté de faire se rencontrer les publics.
« Par le réglage fin de cet instrument spatial pour que la mise en relation soit la plus riche possible, c’est-à-dire qu’elle permette à chacun d’être en capacité de bénéficier de toute la richesse de l’autre. Ceci passe par la mise en scène des gens individuellement ou en groupe, lointaine ou proche et par l’attention à tout ce qui va toucher leurs sens. Il s’agit de l’échelle des espaces et de leurs proportions, des formes qui les délimitent, des rythmes qui les accompagnent, des vues lointaines en profondeur, des matières qui vont faire rebondir la lumière ou absorber le son pour créer de l’intimité, des couleurs qui vont porter des significations, tout cela doit composer comme une symphonie immobile qui ouvre l’âme et ouvre à l’autre », a-t-il ajouté.
Le numérique est au cœur de la transformation
Jean-Marie Duthilleul, a expliqué le fait d’inscrire le numérique au cœur du projet, en précisant que : « Le ‘tout portable’ permet à chacun de faire de chaque endroit, qu’il soit intérieur ou extérieur, un lieu il peut travailler, se cultiver, se distraire, avec ses outils numériques. La restructuration du campus de l’ICP doit évidemment prendre en compte et accompagner cette caractéristique de l’époque… »
« Ainsi la rénovation des espaces d’enseignement donne toutes leurs places à la créativité et aux nouvelles technologies tant par la disparition du tableau, remplacé dans toutes les salles par des murs où l’on projette des images (vidéoprojecteur à focal courte qui ne projette pas l’ombre de celui qui écrit sur le tableau) et où l’on écrit, que par l’investissement dans un mobilier mobile propice au co-working. De l’échange informel entre tous les acteurs de l’université au travail des étudiants en mode projet, tous les espaces y compris le foyer entourant l’auditorium sont connectés. Insonorisées, les salles sont dotées de volets intérieurs de bois ; une référence à l’histoire du lieu autant qu’une approche éco-responsable simple et efficace », a-t-il ajouté.
Il a conclu en déclarant que : « Pour la génération Z, façonnée par la culture digitale qui change le rapport au temps, le besoin de faire avec les autres reste essentiel. Il importe donc de proposer des espaces où l’ICP puisse diversifier les registres relationnels. L’engagement, l’activité associative, le travail en mode projet sont autant de moyens de se construire en éprouvant sa capacité à l’interaction créatrice. Dans cette perspective, la vie étudiante et l’aumônerie bénéficient d’espaces nouveaux au centre du campus, formidables leviers de visibilité et de dynamique collective ».
Des matières sobres et des couleurs triées sur le volet
Le projet est réalisé selon les principes de l‘agence avec un nombre limité de matériaux : pierre et béton, bois de chêne et verre.
Les couleurs facilitent la perception des usages : le rouge pour les circulations, en référence à la brique rouge qui a porté l’identité de l’ICP depuis sa création, le bleu pour les espaces sanitaires, en référence aux mosaïques bleues toutes en camaïeux qui ornent la colonnade de la cour d’honneur, le blanc pour les parois comme pour le mobilier. Et le gris des Carmes bien sûr pour tout ce qui est ajouté, comme les panneaux rythmés en plafond et sur les murs pour le confort sonore, les sols ou les volets de bois…
Les luminaires mettent en place les circulations: une lumière linéaire avec le iSign, dessiné par Jean-Marie Duthilleul pour iGuzzini, et dans les salles où l’on reste une lumière ponctuelle avec un appareil conçu spécifiquement pour l’ICP avec Artemide.
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