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L’investissement de faire philosopher les enfants

janvier 7, 2016 3:40, Last Updated: mai 16, 2016 7:53
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Ces dernières années, Pleen Lejeune, qui fait une maîtrise en éducation à l’Université de Sherbrooke, a développé cet intérêt soudain et profond de plonger dans le monde de la philosophie pour enfants, facette de l’éducation encore insoupçonnée pour plusieurs. C’est à travers un livre des auteurs et chercheurs Matthew Lipman et Ann Margaret Sharp, qui ont été les premiers à développer une théorie autour de la philosophie pour enfant dans les années 1970, qu’il a senti l’appel vers cette discipline libératrice.

« Je me rends compte que c’est quelque chose que j’aurais aimé avoir quand j’étais enfant, mais que je n’ai pas reçu », raconte l’étudiant dans la vingtaine.

« Il s’agit d’une approche où la place pour s’exprimer est laissée à chaque enfant. C’est une activité qui n’est pas du tout compétitive, au contraire, qui se veut très collaborative. Cela fait un contraste à l’obsession pour des résultats scolaires élevés que l’on retrouve habituellement dans les classes. On va plutôt construire du sens ensemble et surtout on le fait à partir de sujets qui intéressent directement les enfants. Ce ne sont pas des sujets qu’on leur impose. Ce sont eux qui vont les choisir ou, du moins, ils décideront d’en poursuivre certains qui leur seront proposés par l’animateur », avance M. Lejeune.

De l’expérience acquise dans les écoles de France et du Québec, Pleen Lejeune ne peut cacher qu’il aime particulièrement le fait que la philosophie pour enfants les amène vraiment à penser par eux-mêmes. «L’école instruit les enfants, mais en oubliant souvent cette facette cruciale qui va justement donner un sens à cette instruction. L’école ne développe pas l’autonomie ni l’esprit critique ou, du moins, pas assez», relève-t-il. Matthew Lipman parle de pensée critique, créative et attentive.

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La philosophie pour enfants a aussi des répercussions indirectes. Elle remet en question, à sa manière, la formation des enseignants. « Je ne pense pas que tous les enseignants sont en mesure d’offrir ce genre d’activité. […] Mettre en doute l’évidence, c’est aussi remettre en question son propre fonctionnement. Parfois, pour beaucoup d’adultes, c’est très difficile. Pour guider les enfants, ça peut être compliqué, fait de manière superficielle ou appliqué de façon erronée », prévient Pleen Lejeune.

Pour les enseignants qui veulent offrir cette activité, mais ne pensent pas suivre une formation comme celle offerte à l’Université Sherbrooke ou à l’Université Laval, il existe des professionnels formés dans le domaine qui peuvent se rendre dans les écoles.

Selon M. Lejeune, la formation est très accessible en ce qui concerne la facilité de compréhension de cette approche avec les enfants. « Tout est bien vulgarisé, il y a beaucoup de documentation gratuite ou disponible en bibliothèque universitaire ou de quartier. Ça ne se lit pas comme un livre de philosophie. »

L’approche de la philo pour enfants jette aussi les bases pour l’organisation de différentes activités pour adultes, par exemple faire de la philosophie dans les prisons ou les hôpitaux. Quant à l’expérience de Pleen Lejeune, sa formation lui a permis d’organiser des « cafés-philo », en utilisant les outils de philosophie pour enfants.

Exercice de l’esprit ou du concret ?

« Parmi les outils utilisés, on peut même proposer cette activité à de très jeunes enfants à travers les jeux, en bougeant des choses, ce qui les guide justement à faire des choses bien concrètes. Pour le dire clairement, la philosophie est associée à quelque chose de l’esprit, pourtant, surtout avec les enfants, on traite de choses très concrètes », souligne M. Lejeune.

Certains pourraient se poser la question à savoir si cet enseignement se révèle être une perte de temps, commentaire sortant fréquemment de la bouche d’étudiants forcés d’apprendre la philosophie lors des études postsecondaires. Pleen Lejeune affirme que plusieurs études rigoureuses ont prouvé que la philo pour enfants a pu permettre des progressions significatives notamment en français et en mathématiques chez les jeunes, donc il voit plutôt la chose comme un investissement.

« Mathieu Gagnon et Michel Sasseville ont répertorié une centaine d’habiletés de pensée […], comme : donner un exemple, formuler clairement une hypothèse, donner des raisons, faire des métaphores, etc. Ce sont des habiletés très utiles dans ce monde », explique le jeune homme.

« Comprendre pourquoi les enfants apprennent ce qu’ils apprennent et pourquoi ils n’apprennent pas ce qu’ils voudraient apprendre, ça va aussi favoriser la curiosité et l’autonomie, ce qui est fondamental selon moi dans le développement de l’enfant », renchérit l’étudiant en maîtrise.

Facile d’accès

Il existe bon nombre d’outils utiles pour faire de la philosophie avec les enfants. Dans les bibliothèques de quartier, on peut trouver une littérature jeunesse pertinente (bandes dessinées, romans philosophiques, etc.). Plusieurs vidéos et autres documents audiovisuels existent en ligne ou sous emprunt. Pleen Lejeune suggère, entre autres, de prendre connaissance des guides associés aux romans de Matthew Lipman à la portée des parents et enseignants.

Si d’aventure, après tout ça, vous désirez obtenir des renseignements plus précis sur la philosophie pour enfants, vous pouvez communiquer avec Michel Sasseville de l’Université Laval ou Mathieu Gagnon de l’Université de Sherbrooke qui sauront vous rediriger au besoin.

La philosophie pour enfants est maintenant répandue dans près de 70 pays.

Pour en savoir davantage :

http://www.fp.ulaval.ca/faculte/personnel/professeurs-reguliers/michel-sasseville/recherche/presentation/

https://www.usherbrooke.ca/education/nous-joindre/prof/epp/gagnon-mathieu/

http://philoenfant.org/

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