L’invitation de Donald Trump à Xi Jinping accroît l’enjeu des relations sino-américaines

Par Alexander Liao et Sean Tseng
30 décembre 2024 15:48 Mis à jour: 31 décembre 2024 09:34

Le président élu américain Donald Trump a mis le dirigeant chinois Xi Jinping sur la défensive en l’invitant à sa cérémonie d’investiture prévue le 20 janvier 2025.

Si Xi Jinping se présente, il devra être prêt à affronter une liste de sujets difficiles, allant des pratiques commerciales déloyales du régime chinois à son rôle dans les exportations massives de fentanyl vers les États-Unis, en passant par son soutien à la Russie dans sa guerre en Ukraine.

Si Xi Jinping décline l’invitation, cela pourrait donner au futur président américain des arguments supplémentaires pour accuser le chef du Parti communiste chinois (PCC) d’éventuelles tensions. Après tout, le fait de ne pas assister à la cérémonie ne témoignerait pas d’une volonté de coopérer, ce qui contredit le message de félicitations adressé par Xi Jinping au futur président américain dans lequel il soulignait que les deux pays ont tout à gagner d’une coopération et tout à perdre d’une confrontation.

Cette situation s’inscrit dans le contexte des problèmes dont fait face la direction de l’État-parti chinois.

Sous Xi Jinping, Pékin a renforcé ses mesures de contrôle intérieur, s’est engagé dans des agressions économiques et militaires à l’étranger et se débat actuellement contre la stagnation économique.

En raison du marasme économique, le mécontentement à l’égard du gouvernement de Xi Jinping n’est plus limité aux masses populaires chinoises privées de leurs droits, mais émerge désormais au sein du PCC.

Une lettre ouverte appelant à la démission de Xi Jinping a circulé sur les médias sociaux chinois. Le chef du PCC a été critiqué pour l’échec de ses politiques économiques et diplomatiques qui ont fait chuter les chiffres de croissance du pays et perdre l’appui des pays occidentaux.

Même des articles du PLA Daily, le journal officiel de l’Armée populaire de libération chinoise, ont fait allusion au besoin d’une plus grande « direction collective », un terme qui défie le pouvoir centralisé de Xi Jinping. L’expression publique des griefs met en évidence les divisions au sein des rangs supérieurs de l’armée.

Les difficultés économiques de la Chine ne font que jeter de l’huile sur le feu. Face à la faible croissance économique, Pékin a opté pour un contrôle centralisé accru au lieu de mettre en œuvre les réformes nécessaires. La récente conférence centrale sur le travail économique a mis en lumière cette approche en se concentrant sur des mesures décidées d’en haut – telles que les mesures de stimulation gouvernementale.

De nombreuses personnes proches du pouvoir chinois considèrent que c’est une stratégie sans issue. Le virage à gauche de Xi Jinping a suscité une frustration généralisée qui touche les fonctionnaires, les chefs d’entreprise et la classe moyenne. Surtout que les réformes antérieures menées par des dirigeants communistes comme Deng Xiaoping ont permis aux fonctionnaires locaux et aux entrepreneurs de respirer et n’ont pas étouffé le secteur privé.

Les deux principaux facteurs qui risquent d’entraîner la chute du PCC sont une grave crise économique touchant toutes les classes sociales et l’échec dans une guerre étrangère – les facteurs qui ont amené la chute de nombreuses anciennes dynasties chinoises.

Aujourd’hui, Xi Jinping et son Parti sont plus vulnérables que jamais.

Si Xi Jinping accepte l’invitation de Donald Trump, cela pourrait susciter une forte réaction négative de la part des nationalistes chinois. La propagande communiste a dépeint les États-Unis comme un adversaire jaloux de l’essor de l’empire du Milieu. En outre, cela donnerait à Xi Jinping l’impression d’être subordonné à Donald Trump sur la scène internationale.

Ce n’est pas ainsi qu’un dirigeant chinois, habitué à être sous les feux de la rampe, souhaite être perçu. D’un autre côté, refuser l’offre du futur locataire de la Maison-Blanche pourrait consolider l’image de Xi Jinping comme l’antagoniste d’un nouveau chapitre des relations sino-américaines.

L’ensemble du tableau est le suivant : Xi Jinping , aux prises avec des dissensions internes et une économie en perte de vitesse, est confronté à un président américain imprévisible et peu orthodoxe qui n’hésite pas à s’écarter des tactiques diplomatiques conventionnelles. Face au régime chinois, toute approche susceptible d’éliminer toute menace pour « rendre à l’Amérique sa grandeur » conviendra à Donald Trump.

La prochaine phase des relations sino-américaines pourrait prendre une tournure dramatique. Les deux dirigeants ont des intérêts considérables d’obtenir les résultats qu’ils cherchent. L’avenir dépendra de celui qui cédera le premier – et de celui qui pourra résister aux pressions croissantes d’un monde en mutation rapide.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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