L’Irak mène une vaste campagne d’identification des restes d’un charnier renfermant des centaines de corps de victimes du groupe Etat islamique (EI), l’une des dizaines de fosses communes laissées derrière elle par l’organisation jihadiste, selon des responsables locaux.
Mercredi matin, des dizaines de proches se pressaient à la médecine légale de Bagdad dans l’espoir de connaître le sort d’un fils, d’un mari ou d’un père, disparu dans le massacre de la prison de Badouch, l’un des pires crimes de l’EI qui a occupé un tiers de l’Irak de 2014 à 2017.
En juin 2014, en s’emparant du nord-ouest du pays, ses hommes avaient emmené environ 600 hommes détenus dans la prison de Badouch, principalement des chiites, dans des camions jusqu’à un ravin avant de les abattre.
Plus de 200 charniers, jusqu’à 12.000 corps
Ce n’est que trois ans plus tard, à la reprise de la zone en mars 2017, que les forces irakiennes ont découvert un charnier renfermant leurs centaines de corps.
Abbas Mohammed, dont le fils Mohannad avait été arrêté en 2005 par les Américains avant d’atterrir à Badouch, est l’un de ceux qui donnaient leur sang mercredi matin.
« J’ai besoin d’une réponse qui m’apaise après 17 ans passés sans savoir si mon fils était vivant ou mort », explique-t-il à l’AFP.
En tout, selon le docteur Yasmine Mounzer, patronne de la section des charniers de la médecine légale à Bagdad, « 100 familles de la capitale ont subi des prélèvements sanguins », tandis que des dizaines d’autres ont fait de même dans quatre provinces du sud chiite de l’Irak. « Cinq autres provinces doivent encore effectuer ces prélèvements » avant de procéder à l’identification des restes, ajoute-t-elle à l’AFP.
L’EI, qui a mené en Irak selon l’ONU un « génocide », a laissé derrière lui plus de 200 charniers qui pourraient renfermer jusqu’à 12.000 corps.
Différents épisodes violents de son histoire
L’Irak, qui met encore au jour des charniers du régime de Saddam Hussein, travaille depuis des années à l’identification de restes des différents épisodes violents de son histoire.
A chaque fois, l’ADN des victimes est prélevé dans des fosses communes ou des cavités naturelles, avant d’être comparé à des prélèvements sanguins de survivants.
Trouver des traces d’ADN sur des restes exposés aux pluies, incendies et autres combats durant des années relève de la prouesse, répètent à l’envi les spécialistes de la médecine légale.
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