L’Iran est devenu un membre à part entière de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), un imposant bloc d’États eurasiens dirigé par Moscou et Pékin.
L’adhésion de Téhéran à l’OCS a été officialisée lors du sommet virtuel organisé le 4 juillet par l’Inde, membre de l’OCS, qui assure actuellement la présidence tournante de l’organisation.
En s’adressant aux participants, le président iranien Ebrahim Raïssi a exprimé l’espoir que l’adhésion à l’OCS offrirait à son pays une « plateforme pour assurer la sécurité collective » et une « opportunité de développement économique à long terme ».
« La paix et la stabilité durables ne sont possibles que lorsque les pays de la région [eurasienne] s’appuient sur des idéaux communs issus de leur culture et de leur civilisation », a-t-il proclamé.
L’Iran maintient déjà des liens importants avec les principaux États membres de l’OCS. Il est l’un des principaux fournisseurs de pétrole à la Chine et à l’Inde et entretient un « partenariat stratégique » avec la Russie.
Le processus officiel d’adhésion de l’Iran à l’organisation a débuté en mars de l’année dernière. En octobre dernier, le parlement iranien a approuvé cette adhésion.
Lors du sommet, Vladimir Poutine a souhaité la bienvenue à l’Iran en indiquant qu’il « participera désormais à notre organisation dans un format à part entière ».
La dédollarisation en tête de l’ordre du jour
Dans une déclaration commune publiée à l’issue du sommet, les États membres ont exprimé leur désir commun d’un « ordre mondial multipolaire (…) plus représentatif ».
La déclaration appelle également au renforcement de la coopération entre les États membres « dans les domaines de la politique et de la sécurité, du commerce, de l’économie, de la finance, de l’investissement et des liens culturels et humanitaires ».
Elle poursuit en affirmant que l’OCS « n’est pas dirigée contre d’autres États et organisations internationales, et qu’elle est ouverte à une large coopération (…) conformément aux objectifs et aux principes de la Charte des Nations unies, de la Charte de l’OCS et du droit international ».
Néanmoins, le sommet a été marqué par des appels répétés aux États membres d’effectuer des transactions financières dans des monnaies autres que le dollar américain.
« L’hégémonie du dollar facilite l’hégémonie occidentale », a laissé entendre aux participants Ebrahim Raïssi. « Il est nécessaire d’abandonner [le dollar] et d’utiliser les monnaies nationales dans les règlements entre pays afin de créer un nouveau système économique. »
Cet appel a été repris par Poutine et Xi Jinping qui ont tous deux exhorté les États membres de l’OCS à effectuer leurs transactions dans leurs propres monnaies nationales.
Selon Poutine, plus de 80% d’échanges commerciaux entre la Russie et la Chine se font désormais en roubles et en yuans.
Contrer l’Occident
L’OCS a été fondée en 2001 par la Russie et la Chine dans le but de contrer la soi-disant influence occidentale en Eurasie. Les membres fondateurs comprennent également le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizstan. En 2017, l’Inde et le Pakistan ont rejoint le bloc – malgré leur rivalité de longue date – en tant que membres à part entière, portant à quatre le nombre de puissances nucléaires affiliées à l’OCS.
Le Belarus, un allié clé de la Russie, est également en passe de devenir un membre à part entière dans le courant de l’année.
L’OCS coordonne ses activités avec l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance militaire de six pays eurasiens dirigée par Moscou.
En août, les États membres de l’OCS devront participer à des exercices de sécurité conjoints dans la région de Tcheliabinsk, au centre-ouest de la Russie.
Outre MM. Raïssi et Poutine, les dirigeants de l’Inde, de la Chine, du Pakistan et des quatre républiques d’Asie centrale ont assisté au sommet du début juillet.
Poutine rassure ses alliés
Le conflit actuel entre la Russie et l’Ukraine n’a pratiquement pas été abordé lors de l’événement.
Néanmoins, Poutine a profité de l’occasion pour rassurer ses homologues sur la stabilité de son pays après la récente rébellion avortée du chef du groupe paramilitaire russe Wagner.
« Le peuple russe est consolidé comme jamais auparavant », a-t-il annoncé. « Les milieux politiques russes et l’ensemble de la société (…) ont réagi comme un front uni contre la tentative de mutinerie armée. »
Le 24 juin, Evgueni Prigojine, le chef du groupe Wagner, a pris la tête d’une rébellion de courte durée qui avait brièvement semblé menacer Moscou. Auparavant, les combattants de Wagner ont mené une grande partie des combats de première ligne en Ukraine.
Pendant la mutinerie, les dirigeants de plusieurs États membres de l’OCS, dont la Chine, l’Iran, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, ont contacté Poutine pour lui exprimer leur soutien.
De son côté, Poutine a remercié les membres de l’OCS qui, a-t-il dit, ont exprimé leur soutien aux efforts de Moscou pour « sauvegarder l’ordre constitutionnel ainsi que la vie et la sécurité des citoyens ».
« Une force très importante »
L’OCS, dont le siège se trouve à Pékin, est le plus grand bloc régional du monde en termes de population et d’étendue géographique. Ses membres représentent collectivement 40% de la population mondiale, 60% de la masse terrestre eurasienne et un tiers du PIB mondial. En mars, l’Arabie saoudite – un allié clé des États-Unis au Moyen-Orient – a officiellement demandé à rejoindre l’OCS en tant que « partenaire de dialogue ». Cette démarche est largement considérée comme un premier pas vers une adhésion à part entière.
Il est à noter que cette demande est intervenue peu de temps après que Téhéran et Riyad ont accepté de rétablir leurs relations diplomatiques – après des années d’hostilité – dans le cadre d’un accord négocié par la Chine. L’Arabie saoudite n’est pas le seul allié des États-Unis à vouloir adhérer à l’OCS. L’année dernière, l’Égypte et le Qatar ont également rejoint le bloc eurasien en tant que partenaires de dialogue.
« L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, les Maldives, le Myanmar, le Népal, etc. ont rejoint la liste des partenaires de dialogue de l’OCS », a indiqué Bakhtiyer Khakimov, l’envoyé spécial de Moscou pour les affaires de l’OCS, le 5 juillet.
« L’OCS compte au total 26 États membres et partenaires de dialogue », a constaté M. Khakimov, cité par l’agence de presse russe TASS. « C’est une force très importante. »
Le même jour, le ministère afghan des Affaires étrangères a exprimé son souhait de participer aux prochains sommets de l’OCS.
« L’émirat islamique d’Afghanistan se félicite de la tenue de ces réunions (…) pour assurer la sécurité et le développement de la région (…) et considère que la participation de l’Afghanistan à ces réunions relève de ses droits légitimes », a déclaré le ministère afghan sur Twitter.
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