L’Iranien Jafar Panahi absent du tapis rouge cannois pour son film « Trois visages »

12 mai 2018 22:10 Mis à jour: 12 mai 2018 22:18

Le réalisateur iranien Jafar Panahi, interdit de voyager à l’étranger, n’a pas assisté samedi soir à Cannes à la projection de son film « Trois visages », en lice pour la Palme d’or, a rapporté l’AFP.  Cinéaste dissident, Jafar Panahi, 57 ans, est banni en Iran où il lui est en principe interdit de faire des films. Deuxième film iranien présenté cette année en compétition pour la Palme d’or, après « Everybody Knows » d’Asghar Farhadi, « Trois visages », dresse le portrait de trois femmes iraniennes. Les enfants du réalisateur et les actrices de son film, accueillis par la ministre française de la Culture, Françoise Nyssen, en haut des marches, ont été salués par des applaudissements à leur entrée dans la salle.

C’est la première fois que M. Panahi est en compétition à Cannes, un festival qui l’a cependant déjà accueilli plusieurs fois dans d’autres sections. Son premier long métrage, « Le Ballon blanc », sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, avait reçu en 1995 la Caméra d’Or, qui récompense le meilleur premier film toutes sections confondues. Il avait aussi reçu en 2003 le Prix du Jury dans la section Un Certain Regard pour « Sang et or ». Son long métrage « Ceci n’est pas un film » avait ensuite été montré hors compétition en 2011. En 2010, Jafar Panahi avait également été invité à faire partie du jury du festival présidé par Tim Burton, mais il n’avait pas pu se rendre à Cannes après avoir été arrêté dans son pays.

Le cinéaste a été condamné en 2011 à six ans de prison et 20 ans d’interdiction de réaliser ou d’écrire des films, voyager ou s’exprimer dans les médias, pour « propagande contre le régime » après avoir soutenu le mouvement de protestation de 2009 contre la réélection de l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République islamique.  Détenu pendant deux mois en 2010, il bénéficie d’une liberté conditionnelle, qui peut être révoquée à tout instant, ce qui ne l’a pas empêché de remporter en 2015 l’Ours d’or du festival de Berlin pour « Taxi Téhéran », réalisé clandestinement en Iran et filmé à l’intérieur d’un taxi.

Jafar Panahi est le deuxième cinéaste à ne pas pouvoir monter les marches cette année pour des raisons politiques, après le Russe Kirill Serebrennikov, assigné à résidence. Son film musical « Leto » est lui aussi en lice pour la Palme d’or. Producteurs et acteurs de ce long métrage ont monté les marches mercredi en arborant un badge avec sa photo, avant de brandir en haut des marches une pancarte avec son nom.

DC avec L’AFP

 

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