EUROPE

L’Italie relance l’énergie nucléaire après avoir fermé sa dernière centrale atomique il y a 35 ans

juillet 19, 2024 23:47, Last Updated: juillet 19, 2024 23:48
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L’Italie envisage de relancer l’utilisation de l’énergie nucléaire après une interruption de 35 ans, selon le ministre italien de l’énergie Gilberto Pichetto Fratin. En effet, il a révélé de nouveaux détails du plan au Financial Times le 14 juillet, un peu plus d’une semaine après avoir déclaré lors d’une conférence à Milan, qu’un processus d’évaluation avait commencé sur le rôle renouvelé de l’énergie nucléaire dans le mix énergétique du pays.

L’énergie nucléaire est un sujet controversé en Italie, qui a fermé sa dernière centrale atomique il y a 35 ans et où les citoyens ont voté, lors d’un référendum en 2011, contre la relance d’un programme nucléaire national après la catastrophe de Fukushima au Japon.

Gilberto Pichetto Fratin a laissé entendre que l’Italie pourrait relancer l’énergie nucléaire lors d’un événement organisé fin avril avant la réunion du G7 sur l’énergie à Turin, en Italie, en déclarant que la réintroduction des centrales atomiques aiderait l’Italie à atteindre l’indépendance énergétique et à s’éloigner des combustibles fossiles.

« Une contribution de l’énergie nucléaire à notre bouquet énergétique aiderait beaucoup l’Italie à atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050 », a-t-il prononcé à cette occasion, tout en exprimant son soutien au développement de petits réacteurs nucléaires modulaires.

Plus tard, lors du congrès mondial sur la transition énergétique qui s’est tenu à Milan, M. Fratin a donné plus de détails sur le plan, annonçant que les petits réacteurs de fission modulaires constitueraient l’objectif à court terme du pays, suivis d’un plan à long terme visant à déployer l’énergie de fusion.

À ce moment, il avait annoncé que le nucléaire et la fusion viendraient s’ajouter à la production croissante d’énergie à partir de sources renouvelables et d’autres solutions à faible teneur en carbone. « Nous pensons pouvoir atteindre une puissance nucléaire d’environ 8 GW d’ici 2050, ce qui couvrira plus de 10 % de la demande d’électricité du pays. Ce pourcentage pourrait passer à plus de 20-22 % en exploitant pleinement le potentiel de l’énergie nucléaire dans notre pays. »

Dans son entretien du 14 juillet avec le Financial Times, le ministre de l’énergie a, en outre, révélé que les parlementaires du pays ont l’intention d’introduire une législation qui permettra d’investir dans de petits réacteurs nucléaires modulaires, qui pourraient être mis en service d’ici une dizaine d’années.

Il a également déclaré au journal que l’énergie nucléaire devrait représenter au moins 11 % de la consommation totale d’électricité de l’Italie d’ici à 2050, soulignant que les énergies renouvelables telles que l’éolien et le solaire « ne peuvent pas fournir la sécurité » dont le pays a besoin.

La part de 11 % de l’énergie nucléaire dans la consommation d’électricité du pays, ainsi que la possibilité plus ambitieuse d’une capacité de 20-22 %, figurent également dans le plan national intégré sur l’énergie et le climat de l’Italie, qui a été soumis à l’organe exécutif de l’Union européenne, la Commission européenne, au début du mois de juillet.

Dans son entretien avec le Financial Times, Gilberto Pichetto Fratin a également parlé de la dépendance excessive à l’égard des panneaux solaires, dont la majeure partie est fabriquée en Chine.

« Il est clair que le développement de l’énergie solaire est fortement lié aux importations en provenance de Chine… un pays dont le système d’entreprise est très contrôlé par le gouvernement, ce qui peut être un outil politique, mais aussi commercial », a-t-il fait remarquer.

Outre le risque de dépendre de la Chine pour l’approvisionnement en panneaux solaires, des questions se posent également sur la pollution associée aux panneaux photovoltaïques provenant de Chine. Selon une analyse réalisée en 2023 par un groupe de recherche à but non lucratif, les panneaux solaires fabriqués en Chine sont environ trois fois plus polluants, en termes d’émissions de carbone lors de leur production, que ce qu’affirme le groupe d’experts des Nations unies sur le changement climatique.

Les dernières remarques du ministre italien de l’énergie sur le projet de relance nucléaire du pays sont intervenues un jour après la publication, par les dirigeants de l’industrie nucléaire européenne, d’un manifeste exposant leurs priorités pour la Commission européenne. Ce manifeste fait suite aux récentes élections qui ont vu la reconstitution de l’organe exécutif pour un nouveau mandat, avec de nouveaux membres.

Le manifeste demande à la Commission européenne d’établir des règles du jeu équitables pour toutes les technologies à consommation zéro, plutôt que d’accorder un traitement préférentiel à certaines technologies, comme l’éolien et le solaire, tout en discriminant les autres par le biais, par exemple, de politiques fiscales.

Le manifeste appelle les dirigeants européens à mettre en œuvre des politiques cohérentes qui facilitent le déploiement de l’énergie nucléaire, notamment en ce qui concerne l’accès aux fonds et aux financements de l’UE.

Le manifeste invite également l’UE à soutenir davantage la recherche nucléaire et à encourager les technologies nucléaires innovantes.

Nucleareurope, l’association professionnelle de l’industrie nucléaire européenne basée à Bruxelles ayant élaboré le manifeste, espère également persuader la Commission européenne que l’énergie nucléaire est une solution à de nombreux défis auxquels l’UE est confrontée, notamment le changement climatique, l’accès à une énergie abordable et la sécurité de l’approvisionnement énergétique.

« Le nucléaire est une technologie propre et durable, c’est pourquoi il est essentiel que la prochaine Commission traite le nucléaire sur un pied d’égalité avec les autres technologies non fossiles », a déclaré Yves Desbazeille, directeur général de Nucleareurope, dans un communiqué. « Nous espérons que les futures propositions politiques se concentreront sur les objectifs – décarbonisation, compétitivité, souveraineté énergétique – plutôt que sur des technologies spécifiques. »

L’énergie nucléaire représente près de 26 % de l’électricité produite dans l’Union européenne. La France est de loin le premier producteur d’énergie nucléaire de l’Union, avec 56 réacteurs nucléaires qui représentent plus de 60 % de la production totale d’électricité du pays.

L’Italie a construit quatre centrales nucléaires dans les années 1960 et 1970 et prévoyait d’en construire d’autres. Toutefois, en réponse au sentiment antinucléaire suscité par la catastrophe de Tchernobyl en 1986, les Italiens ont voté lors d’un référendum pour mettre un terme au soutien apporté aux projets nucléaires et les ont tous fermés par la suite.

Plusieurs décennies plus tard, l’ancien Premier ministre Silvio Berlusconi a tenté de relancer le programme nucléaire italien, mais le référendum de 2011 a mis un terme à ces projets.

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