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L’Italie sans gouvernement après le divorce entre Ligue et Cinq Etoiles

août 20, 2019 20:15, Last Updated: août 20, 2019 20:25
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L’Italie s’est retrouvée sans gouvernement et dans l’incertitude mardi soir après la démission annoncée du Premier ministre Giuseppe Conte, qui a pris acte du divorce irrémédiable entre le Mouvement 5 Etoiles (M5S) dont il est proche, et la Ligue (extrême droite) du ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini.

Dans un discours solennel au Sénat, M. Conte a annoncé son intention d’aller « voir le président de la République pour lui présenter sa démission », décrétant la fin du gouvernement né en juin 2018.

Avec cette démission, l’Italie entre dans une période de flottement dont le président Sergio Mattarella détient la clef. Il va entamer rapidement des consultations, avec le défilé attendu dans son palais du Quirinal de toute la classe politique italienne pour explorer la possibilité d’une nouvelle majorité.

Plusieurs hypothèses se dessinent: le chef de l’Etat pourrait demander à M. Conte de rester à la tête du pays pour piloter un gouvernement de transition. Beaucoup d’observateurs estiment que le Premier ministre, accueilli au Sénat par une banderole « Conte l’Italie t’aime », sort grandi de la crise. Dans une lettre ouverte mardi, le chef du M5S (anti-système) Luigi di Maio, l’a qualifié de « serviteur de la Nation dont l’Italie ne peut pas se passer ».

Un gouvernement « Conte bis » pourrait avancer dans l’élaboration du budget pour 2020 et éviter une hausse automatique de la TVA prévue l’an prochain, si rien n’est fait avant pour combler un trou de 23 milliards dans les caisses de l’Etat.

Cela donnerait le temps au M5S de peut-être nouer avec le Parti démocrate (centre-gauche) un pacte pour « un gouvernement fort et de renouvellement dans son programme », selon les termes du chef du PD Nicola Zingaretti.

L’idée d’une alliance PD-M5S est venue, par surprise, de l’ex-chef de gouvernement Matteo Renzi, toujours poids lourd du PD, qui a proposé à ses anciens ennemis du M5S une réconciliation et un gouvernement « institutionnel ».

Pour amadouer certains dirigeants Cinq Etoiles encore réticents, M. Renzi, également sénateur, a assuré mardi lors du débat parlementaire qu’il « ne ferait pas partie » d’une telle majorité, laissant entendre que le PD pourrait appuyer au parlement un gouvernement entièrement formé de ministres M5S, sans exiger de fauteuils.

Après l’annonce de la fin de la bancale coalition M5S-Ligue, les marchés, très préoccupés par l’instabilité d’une Italie dont l’énorme endettement (à 132% du PIB) la place juste derrière la Grèce, se sont détendus.

Une autre piste pour M. Mattarella a été suggérée par l’ex-Premier ministre et ancien président de la Commission européenne Romano Prodi, qui propose un gouvernement pro-européen baptisé « Ursula », du nom de la nouvelle présidente de la Commission européenne, l’Allemande Ursula von der Leyen.

M. Prodi, toujours très écouté, imagine une alliance gauche-droite pour que l’Italie revienne au premier plan en Europe.

Avant d’annoncer son départ, peut-être pour revenir bientôt, M. Conte a lancé un virulent réquisitoire à l’adresse de Salvini, qu’il a fustigé pour avoir voulu « poursuivre ses propres intérêts et ceux de son parti », en faisant éclater la coalition formée 14 mois plus tôt avec le M5S.

« Faire voter les citoyens est l’essence de la démocratie mais leur demander de voter tous les ans est irresponsable », a lancé M. Conte, à propos des pressions de son vice-Premier ministre pour obtenir des élections immédiates, afin de capitaliser sur des sondages très favorables (36 à 38% des voix pour la Ligue, plus de 50% en cas d’alliance avec la droite traditionnelle).

Dans son discours un peu ampoulé mais ferme, M. Conte a accusé le ministre de l’Intérieur de faire « courir de graves risques au pays ». Il a notamment évoqué le danger d’une spirale négative pour la troisième économie de la zone euro et rappelé les importants rendez-vous qui attendent l’Italie, dont le choix de son commissaire européen prévu lundi.

Le chef du gouvernement a aussi dénoncé l’appel de M. Salvini qui a réclamé « les pleins pouvoirs » – une expression qui rappelle l’expérience du dictateur fasciste Mussolini – se disant également « préoccupé » de voir le leader des souverainistes appeler ses partisans à « descendre dans la rue » pour le soutenir.

Dans sa réplique, Matteo Salvini a assuré qu’il « referait exactement la même chose » et s’en est pris à ses ex-alliés du M5S. « Si ce gouvernement s’interrompt, c’est à cause de ces messieurs qui disent toujours non et bloquent tout », a-t-il dit, en accusant aussi les autres parlementaires d’« avoir peur du jugement du peuple » et de retourner au vote.

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