Winston Churchill a appelé l’Italie le « ventre mou » de l’Europe, indiquant que l’invasion des forces alliées pour reconquérir le continent européen lors de la Seconde Guerre mondiale devrait y être effectuée en premier lieu.
L’Italie a également reçu d’autres noms, comme celui du « grand malade d’Europe ». C’est vrai que ce titre a été attribué à plusieurs pays, bien que l’Italie ait été communément connue sous ce nom déshonorant en raison de sa croissance économique anémique. Des impôts élevés, une faible croissance économique et un haut taux de chômage caractérisaient ce pays en perpétuel marasme économique depuis la Seconde Guerre mondiale.
L’axe avec l’Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale s’est terminé misérablement pour l’Italie et a mis en échec la tentative de son dictateur Mussolini de rétablir l’ancienne gloire. Une grande image d’elle-même combinée à des poches vides a fait de l’Italie un bon candidat pour être la première nation européenne à s’engager dans le projet de la route de la soie maritime effectué dans le cadre du titanesque programme de « Nouvelles routes de la soie » de l’État-parti chinois.
Bien que la Chine lui ait proposé des fonds d’investissement en échange de contrats qui n’avaient peut-être pas été correctement traduits ni étudiés, l’Italie a sauté sur l’occasion. Peut-être qu’une fois de plus, l’Italie sert de tête de pont pour « l’invasion » de l’Europe – cette fois, malheureusement, par le Parti communiste chinois (PCC).
Ports et réseaux de technologie de l’information
Le modèle d’acquisition portuaire menant aux pièges de la dette, et utilisé auparavant au Kenya, au Sri Lanka et ailleurs, a été le point de départ pour les opérations d’influence du PCC en Italie. Un grand port comme Trieste, dans le nord-est du pays, a été l’un des premiers à participer au programme de partenariat portuaire. Il est intéressant de noter que la région de Trieste était le même endroit où les forces armées britanniques et américaines ont affronté les communistes soviétiques et yougoslaves qui essayaient de couper de l’Italie ce territoire à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Des ports moins importants attirent également l’attention des Chinois. Vado Ligure, un port relativement plus petit situé de l’autre côte de la partie nord de la péninsule italienne, a également attiré une grande attention du PCC pour y investir ses fonds. Vado Ligure est le plus grand centre logistique du commerce fruitier de la Méditerranée – c’est probablement son principal attrait pour le régime chinois (la Chine est un importateur net de produits alimentaires), bien qu’il y ait peut-être d’autres raisons.
Comme d’habitude, Huawei fait partie de l’avant-garde des opérations d’influence du PCC. Bien que ce géant chinois de télécommunications ait fait, au début, des progrès en pénétrant le marché italien, la situation a changé à l’automne 2020. L’accès de Huawei a été bloqué par l’Italie, en même temps que par la Bulgarie, qui ont adhéré à l’initiative « Clean Network » (réseau propre) lancée par l’administration Trump. À la suite du changement d’administration aux États-Unis, il reste à voir si cette initiative est toujours poursuivie et si la position européenne envers Huawei, qui semblait se durcir, commence à vaciller.
Il est trop tôt pour dire combien de temps durera le rejet de Huawei en tant que fournisseur de réseau en Italie, mais il est bien probable que la société chinoise continuera à rechercher des points faibles pour pénétrer le pays par le biais de démarches moins importantes – telles que la vente de téléphones, de routeurs et d’autres appareils mobiles. Bien que de telles ventes ne soient pas aussi efficaces que le contrôle du réseau, ces appareils terminaux et composants de réseau représentent également des points importants d’accès aux données transmises sur les réseaux.
Un centre de fabrication aéronautique
Une importante joint-venture est implantée depuis plusieurs années à Pomigliano d’Arco, juste à la sortie de Naples. C’est la plus grande usine de la société Alenia Aermacchi dans le sud d’Italie et elle fait partie de la chaîne d’approvisionnement internationale du constructeur aéronautique et aérospatial américain Boeing.
Cette entreprise participe à la fabrication de l’avion Boeing 787, produisant, selon son propre site, environ « 14 % du fuselage de Boeing 787 ». Alenia fait partie de la grande multinationale Leonardo, qui se concentre sur l’aérospatiale, la défense et les secteurs connexes.
Ce qui est intéressant au sujet de l’usine d’Alenia près de Naples, c’est le fait que l’on constate le croisement des intérêts russes et chinois dans la même entreprise qui produit pour Boeing. Le 26 octobre 2018, la Chine, par le biais de la Commercial Aircraft Corporation of China (COMAC) a signé un accord avec Leonardo (société mère d’Alenia) pour le projet d’avion CR929 – essentiellement l’équivalent chinois du Boeing 737.
En même temps, COMAC a créé, avec United Aircraft Corporation (UAC) de la Fédération de Russie, une coentreprise China-Russia Commercial Aircraft International Corporation (CRAIC) – l’avion CR929 sera en fait produit par cette coentreprise.
L’État-parti chinois est un expert de fusions, y compris de fusions civilo-militaires, et de création de nouvelles sociétés ou des sociétés portant des noms légèrement différents. Ainsi, le lien entre COMAC/UAC et Leonardo/Alenia – qui est engagé simultanément dans le projet du Boeing 787 – doit être considéré dans le cadre d’accès à la propriété intellectuelle de la société Boeing.
En 2010-2015, COMAC (actuellement CRAIC) a déjà essayé de s’approprier de la propriété intellectuelle de Boeing pour assurer le développement de l’avion le CR919, le prédécesseur immédiat du CR929 – ceci a été révélé par la société de cybersécurité Crowdstrike. CRAIC vise à contester la position d’Airbus et de Boeing sur le marché mondial des produits d’industrie aéronautique en privant l’Amérique et les pays d’Europe d’une part importante de leurs exportations.
Il y a aussi un autre aspect préoccupant : une possible « situation de menace interne » – un terme de cybersécurité signifiant une personne de confiance qui a accès au réseau et qui peut jouer un double jeu. Dans le cas de Boeing, le nom de cette personnalité est Arturo D’Elia.
En décembre dernier, cet ancien directeur de la cybersécurité au sein de Leonardo a été emprisonné en étant accusé d’accès illégal et du vol de données des réseaux de Leonardo. Une analyse de Reaqta a en outre établi qu’il s’agissait d’exfiltrations bien importantes, contrairement à ce que le rapport initial de Leonardo avait indiqué. D’autres enquêtes italiennes sont en cours concernant des cas de pots-de-vin considérables qui impliquent de nombreuses personnes importantes de Leonardo.
Tous ces événements indiquent que l’Italie semble être considérée comme une porte d’entrée majeure pour un débarquement (en douceur) chinois sur le continent européen et que le PCC utilise sa tête de pont italienne comme partie importante de son opération d’influence. Comme le président Biden ne manifeste pas clairement sa détermination de dissuader l’aventurisme du régime chinois, cela donne un feu vert au PCC pour accentuer sa poussée.
John Mills est un professionnel de la sécurité américaine en service depuis la période de la guerre froide. Il est l’ancien responsable des questions de la politique de cybersécurité, de stratégie et des affaires internationales au département de la Défense.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.