Liverpool, loin des clichés !

26 avril 2017 08:35 Mis à jour: 21 septembre 2018 02:13

Quand on évoque Liverpool, qui ne se souvient pas avec nostalgie des Beatles qui y sont nés et y firent leurs débuts ? Mais Liverpool rappelle aussi le documentaire de Ken Loach sur la longue lutte des 500 dockers licenciés en 1995 pour avoir refusé de forcer un piquet de grève. Deux ans et demi de lutte pour ne pas se soumettre puis se soumettre quand même, par désespérance. Le déclin industriel a plongé la ville dans la violence des grèves et des émeutes, à l’image de la passion qui anime les Liverpouldiens, très éloignés de la réserve anglo-saxonne. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Il suffit d’une première croisière fluviale sur la rivière Mersey pour se rendre compte que, incontestablement, voilà une ville qui a le vent en poupe. Le front de mer donne à lui seul un aperçu de la renaissance de cette cité dont l’image était ternie par le chômage, la violence et la pauvreté. La ville devait tout à son port : port exportateur dès le XVIe siècle puis prospère grâce au commerce triangulaire avec la traite des nègres et ensuite grande porte maritime sur l’Empire colonial et le Nouveau Monde. Au début du XXe siècle, Liverpool assurait 40% du commerce mondial, la porte sur le monde du nord industriel de l’Angleterre, là où passaient ses importations et exportations de textiles et de produits manufacturés, et là où sortaient des millions d’émigrants britanniques, irlandais et européens, à la recherche d’une nouvelle vie en Amérique du Nord ou dans les colonies.

Extraordinaire contraste entre les bâtiments emblématiques de la ville et son nouveau visage futuriste. (Charles Mahaux)

Ressusciter le patrimoine industriel

La crise de la désindustrialisation des années 1980 a entraîné le déclin du port situé du mauvais côté d’une Angleterre qui se tournait vers l’Europe. Cependant, même si elle a été touchée de plein fouet, Liverpool renaît depuis une quinzaine d’années. En effet, la ville a profité en 2008 de son statut de Capitale européenne de la Culture pour reprendre des couleurs. La reconstruction la plus spectaculaire se trouve le long de l’estuaire, où les docks de briques rouges autrefois mal famés ont été transformés en lieu de promenade et de loisirs. On y a créé de prestigieuses galeries muséales tel le Tate Liverpool ou encore le Beatles Story à la gloire des Fab Four qui sont nés ici et font encore vibrer le cœur des habitants. De quoi satisfaire tous les goûts.

Ce ne sont plus seulement les tours du Royal Liver Building surmontées d’oiseaux mythiques de métal, mi-cormoran mi-aigle, qui marquent l’entrée du port légendaire mais des immeubles modernes et disparates qui rappellent d’autres horizons branchés. L’Albert Dock qui date de 1846 est un bel exemple de réhabilitation de bâtiments industriels et a été inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco. C’est aujourd’hui un espace branché qui abrite côte à côte le Beatles Story, le magnifique musée gratuit d’art contemporain de la prestigieuse Tate Liverpool et le Merseyside Maritime Museum mais aussi des restaurants et des bars pour tous les goûts et toutes les gastronomies qui font le plein et accueillent jusque tard dans la nuit. D’autres docks sont reconvertis en résidences new-look avec des espaces dédiés au sport, aux commerces et aux espaces verts. Il semblerait bien que l’alliance du commerce et de la culture qui participaient déjà naguère à la gloire de la ville fasse encore recette aujourd’hui.

Quand on tourne le dos au fleuve Mersey, tout devient prétexte à flânerie comme dans la Hope Street réputée pour son alignement de maisons géorgiennes mais surtout pour le face-à-face baroque de ses deux cathédrales, l’anglicane imposante et la catholique futuriste. Tout aussi branché, le Ropewalk regorge de pubs et de cafés où se retrouvent jeunes et moins jeunes, tous avides de musique et de pintes de bière. Le scintillant quartier piétonnier des boutiques étagées sur plusieurs niveaux chapeautés par un jardin est un incontournable lieu de rendez-vous d’autant que les restaurants s’y multiplient. Multiethnique, Liverpool affiche le caractère plutôt jovial de bons vivants. Autant d’atouts qui attirent le voyageur, d’autant que le centre-ville qui se visite est relativement compact, à la portée des amateurs de marche à pied.

Circuits de découverte

À une dizaine de kilomètres à peine au nord de Liverpool s’étire un littoral étonnamment sauvage hérissé de dunes et bordé d’une superbe pinède. Même sensation de dépaysement quand on arrive enfin sur la plage de Crosby. Une centaine de statues, silhouettes toutes semblables à l’image de leur auteur Anthony Gormley, se dressent debout, face à l’océan, éparpillées sur quelques kilomètres. Certaines s’enfoncent dans le sable au rythme des marées, d’autres sont hérissées d’algues, d’autres encore portent un foulard ou un sac abandonné par un estivant, mais toutes racontent l’opiniâtreté du destin humain face à la force des éléments encore dramatisée par les dizaines d’éoliennes qui tournoient dans le ciel. Une exposition prévue pour être temporaire en 2005 mais qui s’est installée et a évolué au fil des marées.

Pour le tourisme balnéaire au départ de Liverpool rendez-vous à Southport connue pour sa longue jetée. (Charles Mahaux)

Nettement plus paisible, la charmante petite station balnéaire de Southport accueille depuis toujours les citadins de Liverpool dans ses cottages cernés de jardinets et son élégante Lord Street dont les marquises en fer forgé et les arcades à verrières sont un parfait exemple de promenade couverte de style victorien.

Sur la langue de terre qui s’étire au-delà de la Mersey River, au sud de Liverpool, il faut aller se perdre à Port Sunlight, un étonnant village ouvrier créé de toutes pièces à l’initiative du patron de la savonnerie Lever à la fin du XIXe siècle. L’entrepreneur souhaitait offrir à ses ouvriers un meilleur cadre de vie afin de garantir la qualité de leur travail. Le village qui compte quelque 900 bâtiments a été construit par plusieurs architectes qui alignèrent des maisons en briques rouges, d’autres à colombages ou encore des néogothiques, sans oublier une église, une école, une banque, un hôpital, un théâtre et des jardins. Un village utopique s’il faut en croire les avancées sociales offertes par l’entrepreneur : école mixte obligatoire, salle de bains dans toutes les maisons, concours de potagers… Aujourd’hui, ce sont les plus nantis qui vivent ici mais rien n’a changé. Le village s’est figé en musée vivant qui ne manque pas de charme après la vie trépidante de Liverpool.

Christiane Goor, journaliste. Charles Mahaux, photographe. Un couple, deux expressions complémentaires. Ils fixent l’instant et le racontent. Leur passion, ils la mettent au service du voyage et de la rencontre avec l’autre.

Infos pratiques

Y aller : Vols directs

Paris-Liverpool par Easyjet pour une centaine d’euros.

Se loger : Sans hésiter le Crown Plaza idéalement situé face à la rivière Mersey et avec un point de vue exceptionnel sur le mythique Royal Liver Building rehaussés d’oiseaux légendaires.

 

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