Le conflit opposant Ukrainiens et Russes dure depuis février 2022. Un an plus tard, les troupes du Kremlin ne s’attendaient sûrement pas à faire face à une telle résistance de la part de l’armée mais aussi du peuple ukrainien, et le rêve de Vladimir Poutine de s’emparer du pays dirigé par Volodymyr Zelensky ne va sans doute jamais se concrétiser. Néanmoins, la Russie n’a pas dit son dernier mot et prépare très certainement, selon des experts militaires, une contre-attaque qui pourrait coïncider avec le triste anniversaire de la première année de la guerre. Quel rôle les puissances occidentales peuvent jouer, et en particulier la France ?
La France, moins impliquée que les Américains, les Britanniques et les Allemands ?
De leur côté, les Occidentaux intensifient les livraisons d’armes pour soutenir l’effort de guerre ukrainien. Les États-Unis, le Royaume-Uni et plus récemment l’Allemagne ont annoncé l’envoi de chars lourds (31 Abrams, 14 Challenger et 178 Léopard). La France, quant à elle, semble un peu plus réservée sur le sujet. Interrogé en janvier dernier sur le potentiel envoi de chars Leclerc en marge d’une rencontre avec le chancelier allemand Olaf Scholz, Emmanuel Macron déclarait : «J’ai demandé au ministre des Armées d’y travailler. Rien n’est exclu et cela s’apprécie collectivement». Le problème est que nos alliés américains, anglais et allemands ont déjà apprécié collectivement la situation. Qu’attend le président français ? Craint-il d’être accusé de cobelligérance par le Kremlin ? ou bien l’État de l’armée française ne permet pas, selon lui, d’envoyer du matériel lourd en Ukraine ?
La cobélligérance
La cobélligérance, qui pourrait être définie comme se trouver en guerre contre le même ennemi qu’un état ou une coalition de pays sans pour autant avoir signé un traité d’alliance, est en réalité un concept peu précis qui va dépendre des appréciations de chaque partie.
Pour les politiciens et les médias russes, la France est déjà cobélligérante et ils n’hésitent pas à la qualifier d’« ennemi ». Le 12 janvier 2023, dans son émission TV, le propagandiste Vladimir Solovyov appelait l’armée russe à lancer des « frappes préventives » sur la France et la Grande-Bretagne. Il y a deux semaine sur BFMTV, le vice-président de la Douma (la chambre basse russe) Piotr Tolstoï déclarait que la France est un « ennemi » puisqu’elle « mène une guerre économique contre la Russie depuis neuf ans et qu’elle s’apprête à participer à la guerre » (faisant référence aux chars Leclerc).
Ainsi, Emmanuel Macron ne doit pas craindre la livraison des chars Leclerc à l’armée ukrainienne puisque dans l’esprit des leaders russes, la France est déjà un ennemi depuis presque dix ans. Le rapport de force semble donc s’imposer, surtout si la France cherche à exister diplomatiquement. L’idée de croire que la non-livraison d’armes lourdes ferait redescendre les tensions entre l’Occident et la Russie est une erreur. Le Kremlin a un projet qu’il compte mener à terme.
L’état de l’armée française pose-t-elle problème à la livraison de chars Leclerc ?
Depuis plusieurs années, des experts et des militaires alertent sur l’état de l’armée française dénonçant un manque criant de moyens, de matériel et un budget de la défense trop peu élevé. Ce fut notamment le cas du Général Pierre de Villiers qui, à la suite d’un désaccord avec Emmanuel Macron sur le budget des armées, a démissionné en août 2017. Ce dernier souhaitait que le budget de la défense atteigne 2 % du PIB en 2022.
Au niveau des chars Leclerc, le hic est que la France n’en produit plus. En effet, l’entreprise Nexter Systems qui fabriquait des Leclerc dans la Loire a transformé ses lignes de production. À l’heure actuelle, l’armée française dispose de 200 chars en ordre de bataille dont seulement 160 aptes au combat immédiatement. Il semble évident qu’Emmanuel Macron craint de rendre l’armée et le territoire français vulnérables si elle livre des chars aux Ukrainiens.
Toutefois, lors de son voyage éclair les 7 et 8 février derniers au Royaume-Uni et en France, le président ukrainien s’est vu être rassuré par ses homologues britanniques, français et allemands. Ces derniers ont réaffirmé leur soutien à l’Ukraine en ouvrant notamment la voie à la livraison d’avions de combat, en particulier les Anglais qui, par la voix du Premier ministre Rishi Sunak, ont indiqué ne pas « exclure » la livraison d’avions. Pour l’heure, les Britanniques ont commencé la formation des pilotes ukrainiens.
Selon Xavier Tytelman, ancien aviateur militaire et spécialiste aéronautique Air et Cosmos, la France formerait depuis plusieurs mois des techniciens ukrainiens sur certaines fonctions, notamment JTAC (Joint terminal attack controller) qui est un coordinateur tactique pour mener des attaques au sol réalisées par des avions de chasse. Reste à savoir si la France va suivre les Britanniques en entamant la formation des pilotes.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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