L’offensive de l’Ukraine en Russie prendra fin si Moscou accepte « une paix juste »

Par Epoch Times
13 août 2024 16:00 Mis à jour: 13 août 2024 16:03

L’Ukraine a appelé mardi Moscou à accepter « une paix juste », une semaine après avoir lancé une offensive surprise d’ampleur dans la région russe de Koursk en réponse à l’invasion de son territoire déclenchée par le Kremlin en février 2022. Vladimir Poutine veut « expulser l’ennemi » hors de Russie, l’incursion de l’Ukraine déclenchant inquiétude et mécontentement parmi la population russe.

De son côté, l’armée russe a assuré « déjouer » de nouvelles attaques ukrainiennes dans cette région frontalière, cible depuis le 6 août de la plus grande avancée d’une armée étrangère sur le sol russe depuis la Seconde Guerre mondiale.

« L’Ukraine ne souhaite pas annexer de territoire de la région de Koursk », a assuré le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Gueorguiï Tykhiï, lors d’une conférence de presse.

Le diplomate a qualifié les opérations en Russie d’« absolument légitimes » face à l’occupation par Moscou de près de 20% du territoire ukrainien.

Un plan de paix ukrainien d’ici à novembre

Cette offensive inédite, a-t-il assuré, s’arrêtera si la Russie accepte les conditions posées par l’Ukraine : « Plus vite la Russie acceptera de rétablir une paix juste (…), plus vite cesseront les incursions des forces de défense ukrainiennes en territoire russe. »

Or les négociations entre Kiev et Moscou sont complètement bloquées, chaque camp défendant des revendications difficilement conciliables.

Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit vouloir élaborer d’ici à novembre, date de la prochaine élection présidentielle aux États-Unis – allié vital de Kiev –, un plan qui servirait de base à un futur sommet pour la paix auquel le Kremlin doit être convié.

Son homologue russe Vladimir Poutine a, lui, fixé comme condition aux pourparlers que Kiev lui cède les territoires que l’armée russe occupe et renonce à adhérer à l’Otan, des revendications inacceptables pour les Ukrainiens et les Occidentaux.

Lundi, le maître du Kremlin a accusé Kiev de mener cette opération pour être en meilleure « position » en cas de pourparlers.

Interrogé samedi par l’AFP, un haut responsable ukrainien avait aussi reconnu, sous couvert de l’anonymat, que « si (la Russie) n’arrive pas à reprendre ces territoires, ces derniers pourront être utilisés à des fins politiques ».

L’incursion ukrainienne, un coup de fouet pour le moral des troupes

Après une semaine d’avancée sans précédent sur le sol russe, l’Ukraine revendique avoir pris le contrôle de près de 1000 km2. Mais, selon des calculs réalisés par l’AFP à partir de données compilées par l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW), l’Ukraine contrôlait lundi soir 800 km2 de la région de Koursk, soit 2,7% de sa superficie totale.

Le gouverneur régional russe, Alexeï Smirnov, a reconnu que 28 localités étaient aux mains des forces de Kiev, tout en affirmant que les gains ukrainiens s’étendaient sur une zone de 40 kilomètres de largeur et de douze kilomètres de profondeur.

À titre de comparaison, la Russie a progressé de 1360 km2 en territoire ukrainien depuis le 1er janvier 2024, selon les calculs de l’AFP à partir des données de l’ISW.

L’armée russe, qui a déployé des renforts matériels et humains, a assuré mardi continuer à infliger de lourdes pertes aux Ukrainiens dans la région de Koursk, d’où ont déjà été évacués 121.000 habitants, un record dans le pays depuis la deuxième guerre de Tchétchénie il y a plus de 20 ans.

À ce stade, au moins 12 civils ont été tués et une centaine blessés dans l’incursion ukrainienne, selon les autorités de la région de Koursk.

Dans une clairière verdoyante de la région de Soumy où les équipages de chars ukrainiens préparaient leur déploiement, un commandant a décrit à l’AFP l’opération en cours comme un coup de fouet pour le moral d’une armée en manque d’hommes et d’équipements. « Il n’y a pas eu de victoire significative en Ukraine ces derniers mois. Seuls les Russes avançaient », a-t-il souligné.

Dans cette région ukrainienne, qui fait face à celle de Koursk, au moins 20.000 civils sont en cours d’évacuation et des restrictions de déplacement pour les habitants ont été étendues près de la frontière.

Par son offensive surprise, Kiev souhaite « étirer les positions » russes et « infliger des pertes maximales », a expliqué le haut responsable ukrainien interrogé par l’AFP.

Volodymyr Zelensky a, lui, reconnu vouloir « déplacer la guerre » en Russie.

Inquiétude et mécontentement russe

Lundi, Vladimir Poutine a ordonné à son armée d’« expulser l’ennemi » hors de Russie, assurant voir derrière cette opération la main de « l’Occident (qui) est en guerre contre nous ».

Pour le président russe, l’attaque ukrainienne est un revers alors même que son armée progresse sur le front oriental, sans toutefois réaliser de percée majeure. Car le mécontentement et l’inquiétude grondent au sein de la population russe, à laquelle le récit officiel a fait croire à une « guerre sous contrôle », selon les observations du journal américain The Hill cité par Libération.

Visiblement désorientés, ils sont des dizaines à descendre à Moscou de l’un des premiers trains emmenant vers la capitale russe les évacués de la région de Koursk. « La guerre est arrivée, alors tous nos proches sont partis pour Moscou parce que c’est très effrayant », raconte à des journalistes une femme venue accueillir les siens en compagnie de sa fille d’une dizaine d’années.

Un utilisateur s’indigne sur X, rapporte Libération : « La Russie est maintenant envahie, et Poutine, caché dans son bunker, n’a même pas pris la peine de parler de ce qu’il s’est passé, qualifiant juste l’invasion de “provocation”. » Parmi les ultra-patriotes, les reproches portent sur l’instauration d’un régime « antiterroriste » dans les régions de Koursk, Briansk et Belgorod, au lieu de déclarer officiellement la guerre. Une manière sans doute de minimiser l’ampleur de l’invasion vis-à-vis de la population et restreindre le mécontentement, explique l’Institut pour l’étude de la guerre, un groupe de réflexion basé aux États-Unis, cité par le quotidien national.

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