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Logement social : 2,7 millions de demandes mi-2024, un nouveau record

septembre 11, 2024 14:15, Last Updated: septembre 11, 2024 17:57
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Le nombre de demandeurs de logement social a battu un nouveau record mi-juin, avec 2,7 millions de ménages enregistrés en France, alors que la politique du logement est à l’arrêt depuis trois mois sur fond de crise de l’ensemble de la filière. 

Selon Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH) qui représente les bailleurs sociaux, le nombre de ménages en attente d’un logement social a atteint 2,7 millions au premier semestre 2024, soit une augmentation de 100.000 demandeurs par rapport à 2023, un « nouveau record ».

« C’est une demande qui augmente partout. C’est le même phénomène que les années précédentes dans toutes les régions et qui montre combien la question de l’accès à un logement abordable demeure très importante », a commenté mercredi Mme Cosse lors d’une conférence de presse.

Dans le détail, plus d’1,8 million de ménages sont en attente d’un premier logement et 870.000 déjà logés dans le parc existant en attendent un nouveau. « On a une accélération de la demande au premier semestre et c’est ça qui est relativement inquiétant », a pointé l’ex-ministre du Logement. Cette dégradation s’accompagne d’une baisse du nombre d’agréments de nouveaux logements sociaux.

Plus de 182.000 « logements perdus »

Quelque 82.200 logements sociaux ont été agréés en 2023, contre 124.200 en 2016, soit un total de 182.300 « logements perdus » au fil des années, comptabilise l’USH qui prend l’année 2016 comme référence.

Outre les effets de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine, les bailleurs incriminent la baisse des objectifs de production de l’État et la « réduction de loyer de solidarité » (RLS) qui leur est imposée depuis 2018 pour compenser la baisse de cinq euros de l’aide personnalisée au logement (APL).

Emmanuelle Cosse a par ailleurs dénoncé un gel des crédits accordés à la rénovation HLM. L’ancien ministre du Logement Patrice Vergriete avait annoncé en octobre, en clôture du congrès HLM à Nantes, une enveloppe de 1,2 milliard d’euros sur trois ans, soit 400 millions d’euros par an, pour rénover le parc social.

« Le gouvernement démissionnaire n’a pas tenu ses engagements. Cette enveloppe a d’ores et déjà été gelée sans débat préalable en juillet par (le ministre démissionnaire de l’Économie) Bruno Le Maire de plus de la moitié », a affirmé Mme Cosse.

Une situation d’autant plus dommageable selon elle que les bailleurs étaient « capables de consommer un milliard d’aides ». « Le gouvernement n’a même pas été capable de tenir six mois sur un engagement qu’il a pris, qu’il a porté dans la loi de Finances, c’est absolument inadmissible », a-t-elle déploré.

« 14 milliards d’euros »

Le mouvement HLM évalue par ailleurs à « 14 milliards d’euros » le montant des financements « pris au logement social depuis l’été 2017 », du fait de l’impact de la RLS, de l’augmentation du taux du livret A à 3% et de la hausse du taux de TVA de 5,5% à 10% sur le logement social.

Les bailleurs sociaux sont largement financés par l’épargne, notamment via le livret A. La Caisse des dépôts utilise la ressource du livret A pour prêter de l’argent aux organismes du logement social et les prêts sont indexés sur le taux du livret A. Quand les taux d’intérêt remontent, leur dette s’alourdit.

La présidente de l’USH s’exprimait en amont du Congrès HLM, organisé du 24 au 26 septembre à Montpellier sur le thème de « l’innovation » en matière de construction, de social ou d’environnement. « Je veux proposer au Premier ministre un pacte gagnant-gagnant », a interpellé Mme Cosse, estimant que le gouvernement a besoin du mouvement HLM « pour décarboner » le parc de logements et « assurer à la filière du bâtiment un volume de rénovation sur des années ».

Dans un contexte politique et économique « extrêmement flou », « notre crainte, c’est d’une part de manquer de visibilité, mais surtout qu’on soit face à un budget qui soit un budget récessif et qui nous coupe les jambes », a-t-elle déclaré, rappelant aussi la situation « extrêmement dramatique » des acteurs privés du logement.

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