Le projet de loi de programmation militaire, en débat à l’Assemblée nationale à partir de lundi, prévoit une forte augmentation du budget sur les sept prochaines années mais conduit à des objectifs d’équipements militaires d’ici à 2030 revus à la baisse.
Le besoin identifié pour les armées s’élève à 413,3 milliards d’euros sur sept ans (2024-2030), soit 40% de plus que pour la précédente loi de programmation militaire (LPM). Le budget doit être abondé par marches successives : +3,1 milliards d’euros en 2024 puis 3 milliards supplémentaires par an de 2025 à 2027, et enfin 4,3 milliards de plus par an à partir de 2028. Le budget atteindra 69 milliards d’euros en 2030.
Entendus par les députés en commission, les industriels de défense se sont à l’unisson dits « parfaitement conscients de l’effort consenti par la Nation » malgré le niveau élevé de la dette publique. Si 400 milliards d’euros sont financés par des crédits budgétaires, 13,3 milliards le seront par des ressources extra-budgétaires, plus incertaines.
Un amendement adopté en commission prévoit de les compenser si elles venaient à manquer. Le ministère des Armées défend lui un exercice de transparence alors que ce procédé a selon lui toujours existé. La nécessité d’une armée puissante « reste globalement consensuelle, c’est la façon d’y répondre qui donne lieu à des différences », note-t-on au sein de l’exécutif : les communistes sont traditionnellement opposés à la dissuasion nucléaire, les Verts ne veulent pas d’un futur porte-avions, LFI conteste l’appartenance à l’Otan.
Format d’armée
Face au retour de la guerre en Europe et à la montée des tensions internationales, la LPM définit un format d’armée. Celui-ci est fonction de la volonté de préserver des moyens souverains, en premier lieu la dissuasion nucléaire, mais aussi des alliances.
Sur les 413,3 milliards, le ministère estime à 30 milliards d’euros l’impact de l’inflation sur la période. La dissuasion nucléaire, en raison de sa modernisation (futurs sous-marins lanceurs d’engins, missiles M51 et ANS4G), consomme à elle seule 13% des crédits. C’est le « montant de l’assurance-vie », qui permet parallèlement d’avoir moins de forces conventionnelles, juge Thomas Gassilloud, président de la commission de la Défense.
La cible de 275.000 militaires et civils (hors réservistes) est inchangée mais les crédits passent de 87 à 98 milliards d’euros sur la période pour améliorer les rémunérations et les inciter à rester dans l’armée. Les équipements (avions, blindés…) représentent 268 milliards d’euros, le budget consacré à leur entretien grimpe de 40% (49 milliards d’euros), tout comme celui de l’entraînement des forces (65 milliards).
Augmenter les stocks de munitions
La LPM entend aussi remédier à des faiblesses mises en lumière par le conflit en Ukraine, notamment pour augmenter les stocks de munitions (16 milliards d’euros, +45%) ou les dispositifs de défense sol-air (cinq milliards). L’accent est également mis sur les « nouveaux champs de conflictualité », comme l’espace (six milliards, +40%) ou le cyber (quatre milliards, +300%).
Deux fois plus d’argent sera consacrés aux drones (cinq milliards d’euros), cinq milliards au renseignement et deux milliards aux forces spéciales. Dans un cadre contraint, ces hausses conduisent à des décalages de livraisons de matériels à l’après-2030, « même si on ne revoit pas la cible pour autant », selon le ministre Sébastien Lecornu.
Les armées recevront 2300 nouveaux blindés sur la période, soit 30% de moins que prévu auparavant. En 2030, l’armée de l’Air disposera de 137 Rafale contre un objectif initial de 185 et de 35 avions de transport A400M (contre 50), et la Marine ne pourra compter que sur trois des cinq frégates de défense et d’intervention.
M. Lecornu dit « privilégier la cohérence sur la masse » afin de s’assurer que les matériels et militaires soient effectivement opérationnels. « On a longtemps rogné sur l’activité des forces et l’entraînement pour éviter des difficultés politiques et industrielles » en annulant des commandes de matériels, a-t-il déploré lors des auditions en commission.
Contrôle des activités d’anciens militaires au profit d’entités étrangères
Une disposition prévoit le contrôle des activités d’anciens militaires au profit d’entités étrangères. Londres avait pris des mesures similaires pour mettre fin au recrutement de pilotes militaires britanniques par le Parti communiste chinois afin d’entraîner ses propres aviateurs.
Plusieurs articles mettent par ailleurs en musique « l’économie de guerre » promue par le président Emmanuel Macron, notamment les réquisitions au profit de la défense ou la constitution de stocks stratégiques de matières premières et composants.
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