Emmanuel Macron s’est engagé à faire voter une nouvelle loi relative à l’euthanasie dans un bref délai. Il estime que la loi Leonetti de 2016 doit évoluer pour aller vers une plus grande liberté du patient face à sa mort. Il s’est exprimé sur ce sujet lors d’un entretien à la télévision avec Line Renault. Son intention semble être d’aligner le droit français sur les pratiques les plus libérales observées aux Pays-Bas et en Belgique. Il envisage de faire de la fin de vie la grande réforme sociétale de son second quinquennat. C’est dans cette perspective qu’en 2021 il a saisi sur ce sujet le Comité consultatif national d’éthique. Celui-ci s’est prononcé en faveur d’une aide active à mourir, « à certaines conditions strictes ». Afin de préparer les termes d’une loi à venir au travers d’une démarche qui se veut démocratique, une « convention citoyenne » sur la fin de vie est en cours de constitution.
Ne soyons pas dupes. Ces « conditions strictes » ne dureront pas longtemps. Nous pouvons être assurés que comme l’avait prévu la loi Leonetti, la nouvelle loi prévoira une révision dans un certain délai, pour prendre en compte les évolutions de la « demande sociale ». Le progressisme en marche n’a aucune raison de s’arrêter.
Répondre à des « situations d’exception »
Il n’est que de voir ce qu’il est advenu des « conditions strictes » dont était solennellement assortie la loi sur l’avortement de 1975 qu’avait défendue Simone Veil à la demande de Valéry Giscard d’Estaing. Dans son discours solennel à l’Assemblée nationale, le 28 novembre 1974 où elle présentait son projet de loi relatif à « la dépénalisation de l’avortement, Simone Veil avait longuement insisté sur le fait qu’il s’agissait de répondre à des « situations d’exception » en mettant en place un « ultime recours pour des situations sans issue ». Mais déjà, elle s’interrogeait sur les conséquences de cette avancée puisqu’elle ajoutait : « Comment le tolérer sans qu’il perde ce caractère d’exception, sans que la société paraisse l’encourager ? »
Et, en effet, cinquante ans se sont écoulés depuis, et ce qui devait être exceptionnel est aujourd’hui totalement banalisé. Ce qui devait être réservé à des cas de détresse, après que toutes les autres solutions se sont révélées impossibles, est devenu un acquis social. Ce qui devait être un pis-aller pour faire face à des « situations d’exception » est devenu une pratique parfaitement ordinaire et un droit de base pour toutes les jeunes filles et femmes.
Mais comme il continue d’exister des gens pour penser que cette pratique pourrait être en contradiction grave avec une certaine idée de la vie humaine et qu’il pourrait être bon d’en limiter autant que possible le développement, des voix s’élèvent aujourd’hui pour que cette pratique soit inscrite dans la constitution française, en lui conférant ainsi le statut de liberté fondamentale et en en faisant un droit désormais absolument imprescriptible.
Aux côtés de Voltaire, Rousseau et Nelson Mandela, Simone Veil aura alors sa statue sur les autels de la Religion des Droits de l’Homme, de la religion de l’Homme-Dieu !
Du devoir de mourir
N’en doutons pas. Le même progressisme, le même glissement inéluctable se produira pour l’euthanasie comme il s’est produit pour l’avortement. Le « droit à mourir dans la dignité », à une assistance à une mort douce, le droit de se donner la mort dans certaines circonstances, deviendra tôt ou tard dans bien des cas, un devoir de mourir pour soulager ses proches.
Car, lorsque cette « facilité » aura été ouverte par la loi, comme il sera difficile à certains de résister à la pression de leurs proches lorsqu’ils les sentiront fatigués et las de supporter le poids de leur dépendance et de leur infirmité ! Alors, même s’ils ne sont pas prêts à mourir – et qui peut dire en vérité qu’il est prêt à mourir ? – leur cœur leur dira de partir pour soulager leur entourage, comme ces vieilles femmes du Tibet qui, sentant leur infirmité venir, partent dans la montagne pour mourir.
Aurons-nous alors vraiment progressé en humanité ? Nous croirons peut-être ainsi avoir dépassé et aboli le mystère de la mort en nous autorisant à la provoquer pour nous-mêmes ou indirectement pour nos proches. Mais la réalité est que voulant être maître de la vie et de la mort, nous aurons oublié ce que c’est que d’être homme. Car qui peut dire qu’il est maître de sa vie, maître de sa naissance ? Qui peut dire qu’il sait vraiment pourquoi et comment il est entré dans la vie ? Qui peut dire qu’il n’y a pas à son origine comme à sa fin, quelque chose qui l’a précédé, qui le dépasse et qu’il ne comprend pas ?
Eric Huret, polytechnicien, auteur du livre La France et la foi, histoire d’un combat spirituel, Éditions Sydney Laurent, 2021. Mail: eric.huret@gmail.com
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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